

Salomé, dont le spectacle se joue du 29 au 31 mai au Teatro Palladium, est une des pièces les plus controversées d’Oscar Wilde, le génie anglais qui choqua un XIXème siècle aux mœurs strictes.
En effet, et en dépit des convenances anglaises qui empêchaient de représenter des thèmes bibliques sur scène, la pièce reprend le mythe de Salomé, jeune fille séduisant par la danse son beau-père Hérode Antipas. En retour, Salomé lui demande la tête de Saint Jean-Baptiste, qu’il lui apporte sur un plateau d’argent. La pièce, nocturne, lunaire, sensuelle et macabre, est propice à l’imaginaire ; un rêve de metteur en scène.
Oscar Wilde écrit en 1891 cette tragédie en un acte à Paris, en français, car il souhaite, pour la première fois de sa vie, savoir si « l’instrument de cette autre langue permettra de faire vibrer des sons aussi beaux que la langue anglaise y parvient ». Cependant, cette pièce et son auteur créent la polémique. Oscar Wilde lui-même pose dans une série de photos, incarnant la jeune Salomé, travestissement peu goûté par les critiques de l’époque. Alors que la grande tragédienne Sarah Bernhardt accepte finalement le rôle-titre, les répétitions s’arrêtent à cause de la censure qui découle des règles du théâtre anglais qui récusent son thème.
Quelques années plus tard, c’est Oscar Wilde lui-même que l’on condamne aux travaux forcés, pour « immoralité aggravée », sur accusation du père de son amant.
Et son destin?
Qu’en est-il du destin de Salomé ? La première fut jouée à Paris en 1896, alors même qu’Oscar Wilde purge sa peine dans la geôle de Reading. Des lithographies de Toulouse-Lautrec illustrent le programme de la pièce, ce qui conforte Wilde dans l’idée que la France est plus à même de l’accueillir et de le célébrer.
Plus tard, en 1904, Richard Strauss transforme la pièce en opéra, qui sera lui aussi interdit de représentation aux Etats-Unis. Et beaucoup d’artistes, comédiens ou chanteurs, se sont frottés à Salomé, comme Al Pacino, Nick Cave, The Smashing Pumpkins, U2 ou encore Pete Doherty.
Nous avons hâte de découvrir la Salomé qui sera jouée du 29 au 31 mai 2019 au Teatro Palladium, par Cesare Capitani (que beaucoup ont découvert dans le spectacle Médinitali joué à l’Institut Français, ou Io, Caravaggio), dans le rôle d’Hérode, personnage, selon lui, « puissant et fragile à la fois, plein de peurs, luxurieux, pervers, ivre ». Ravi de retrouver « l’esprit de troupe » et de pouvoir se « confronter à d’autres talents », Capitani donne la réplique à Nicolas Bresteau, Alessia D’Anna et les autres membres de la Compagnie La Chambre Magique, en collaboration avec l’Université Roma 3. Le rendez-vous est pris.
Informations
Salomé, Teatro Palladium,
29-30-31 mai à 20h30,
Piazza Bartolomeo Romano 8.
Mise en scène de Michele Suozzo.
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