Étrange monument que la Porta Magica ! Construite entre 1655 et 1680 par Massimiliano Savelli Palombara, marquis de Pietraforte dans sa villa sur la colline Esquiline (actuelle Piazza Vittorio), cette porte intrigue les passants tant les inscriptions qui l’ornent restent un mystère aujourd’hui encore.
Fasciné par l’alchimie sous toutes ses formes, le marquis Savelli reçut dans sa villa le temps d’une nuit, selon la légende, un pèlerin, Giuseppe Francesco Borri, qui recherchait une herbe particulière aux vertus magiques, capable de créer de l’or. Il resta toute la nuit dans les jardins de la villa pour disparaître au lever du soleil, ne laissant derrière lui que quelques traces d’or et des pages couvertes de signes et de symboles.
Pensant qu’il pouvait s’agir de symboles aidant à la conception de la pierre philosophale, le marquis décida de faire graver les symboles sur les cinq portes de sa villa, espérant qu’un passant puisse les comprendre un jour.
Une seule porte sur cinq
Malheureusement, lors d’un projet d’urbanisation en 1870 qui permit l’édification de la Place Vittorio Emanuele, la ville Palombara fut détruite ; il ne reste aujourd’hui qu’une seule des cinq portes originelles.
Entourée de deux statues égyptiennes représentant Bes (divinité vénérée à l’époque impériale), elle a été placée dans le jardin de la nouvelle place. On peut notamment y découvrir des inscriptions en hébreu et en latin.
Pour les flâneurs qui aiment les vestiges antérieurs à la modernité, il est encore possible de s’arrêter quelques instants, ou une nuit entière à la faveur de la lune si vous êtes portés sur les rites occultes, pour essayer de la déchiffrer. Pour les amateurs d’archéologie, d’histoire et de langues anciennes, pourquoi ne pas quitter les bancs de l’université et, à la manière du professeur Jones, essayer de décrypter cet ersatz de Pierre Rosette version alchimique?
Il est en tout cas toujours agréable d’observer cette contribution de l’Histoire en minuscule, en espérant, pourquoi pas, résoudre un nœud gordien de plusieurs siècles. Après tout, Giuseppe Francesco Borri a bien été condamné au château Saint-Ange ; alors, qui sommes-nous pour penser qu’il était innocent et ne subissait que la crédulité de ses contemporains ?