Marie-Pierre Dabadie : « Ouvrir la Trinité-des-Monts à l’art contemporain »

Quel parcours vous a conduit à Rome, pour prendre la présidence de l’association de la Trinité-des-Monts ?
Je suis scientifique de formation. J’ai dirigé un laboratoire de recherche médicale pendant dix ans à Bordeaux, puis travaillé sept ans pour la communauté de l’Emmanuel à l’international. J’ai ensuite rejoint l’enseignement catholique, avant de vivre cette expatriation à Rome pour prendre la présidence de l’association de la Trinità dei Monti en septembre 2022, avec une grande joie !
Le domaine étant très grand et polyvalent, l’association est composée de 100 salariés.

La Trinité-des-Monts est riche patrimoine français à Rome. Comment se compose le domaine qui surplombe la place d’Espagne ? Quelle est sa vocation ?
L’église et le domaine de la Trinité-des-Monts appartiennent aux Pieux Etablissements de la France à Rome et à Lorette, une fondation française placée sous la tutelle de l’ambassade de France près le Saint-Siège. Le domaine s’étend sur quatre hectares sur le Mont Pincio et se compose d’une église – l’une des cinq églises françaises à Rome, d’un couvent, d’une école - l’Institut du Sacré-Cœur, 550 élèves de la maternelle au lycée - et d’une maison d’accueil pour les pèlerins ou les touristes de passage. Depuis 2016, la gestion et l’animation du domaine ont été confiées à la communauté de l’Emmanuel (une quinzaine de membres sont présents sur le site).
La Trinité-des-Monts a hérité des Minimes l’intuition que l’Art, la Science et la Foi étaient faits pour entrer en dialogue, et capable d’irriguer le monde par des canaux aussi divers que féconds. La ville de Rome est par excellence la cité qui a suscité et fait rayonner de nombreux artistes à travers les siècles, eux-mêmes nourris et inspirés par la spiritualité chrétienne. Nous souhaitons nous inscrire dans cette continuité, en donnant aux artistes d’aujourd’hui la possibilité de montrer leur travail, en offrant aux spectateurs - en herbe ou plus avertis - l’occasion d’alimenter leur propre foi au contact d’œuvres pétries de culture chrétienne ou simplement disposées à en questionner les mystères.

Quels évènements sont organisés ?
Depuis deux ans, nous accueillons le festival de musique baroque de Rome avec une dizaine de concerts entre novembre et décembre. En juin 2023 nous avons également organisé un grand concert dans le cloître, en plein air. En mars dernier, nous avons présenté la pièce de théâtre Ravissement, de Juliane Stern.
Notre objectif est de construire une programmation culturelle plus développée, en mettant aussi l’axe sur les jeunes pour donner une opportunité aux jeunes artistes et à un large public d’y accéder.
Par ailleurs, avec l’Institut du Sacré Cœur, qui a un parcours Esabac et a reçu le label France Education, c’est aussi l’occasion de permettre aux lycéens d’avoir ce contact avec toutes les œuvres d’art présentes dans ce couvent, mais aussi tous les autres types d’art qui peuvent s’exprimer.

Même si à Rome, la beauté est partout, nous avons ici une pépite !

C’est aussi sans doute une façon de faire découvrir le patrimoine artistique et architectural du domaine. Où ont lieu les représentations théâtrales ?
Effectivement, même si à Rome, la beauté est partout, nous avons ici une pépite !
Le domaine n’a pas de théâtre à proprement parler, mais plusieurs espaces remarquables qui s’y prêtent. Les premières représentations ont eu lieu dans l’ancien réfectoire des Minimes, une pièce magnifique, riche de fresques peintes par Andrea Pozzo, célèbre peintre italien du XVIIe siècle, qui a aussi réalisé la fameuse voûte tant admirée de l’Église Saint-Ignace-de-Loyola à Rome.
Les prochaines se développeront dans l’ancienne Bibliothèque des Minimes, qui a récemment bénéficié d’une rénovation exceptionnelle soutenue par le Ministère français de la Culture et les Pieux Etablissements.
Enfin, le cloître, en plus des concerts, pourrait aussi accueillir des spectacles de sons et lumières. C’est un projet ! Notre intention est de mettre à la disposition du plus grand nombre ce patrimoine artistique déjà existant, et de venir l’enrichir de compositions artistiques contemporaines.

Quels sont les événements déjà prévus dans le programme que vous êtes en train de mettre en place ?
Nous avons invité Yves Beaunesne, metteur en scène qui vient du théâtre public français et dont on accueille deux mises en scène, avec l’actrice Judith Chemla, en mai 2025 et mai 2026.
La représentation de L’Annonce faite à Marie est prévue les 29 et 31 mai*. Il s’agit d’un magnifique spectacle : une adaptation d’une mise en scène de 2014 sous forme de lecture oratorio. Tous les comédiens seront présents, accompagnés de deux violoncellistes pour une représentation entre l’opéra et le théâtre, dans une forme assez épurée.
Au calendrier l’année prochaine, ce sera Le Procès de Jeanne, un spectacle créé cet hiver aux Bouffes du Nord à Paris, qui a rencontré un grand succès auprès de la presse comme du public.
Entre ces représentations, la bibliothèque sera ouverte pour une exposition d’art contemporain qui donnera de la visibilité à quatorze jeunes artistes internationaux, dont plusieurs issus des Beaux-Arts de Paris.
L’idée est d’organiser des événements d’envergures aux côtés de projets réguliers plus simples tels que des conférences et des lectures. Mais tous ont une grande résonance dans ces lieux.

Par ailleurs, comment la Trinité-des-Monts s’inscrit-elle dans l’année jubilaire à Rome ?
L’église de la Trinité-des-Monts fait partie du parcours jubilaire Femmes patronnes de l’Europe et Docteurs de l’Eglise et est dédiée à Ste-Thérèse de l’Enfant Jésus dont nous fêterons le centenaire de la canonisation le 17 mai.
Des reliques de Ste-Thérèse sont présentes dans l’église et peuvent être vénérées durant les heures d’ouverture de 10h à 19h45 tous les jours sauf le mercredi de 12h à 19h45.
Nous fêterons également les dix ans de la canonisation de Louis et Zélie Martin, les parents de Ste-Thérèse le 17 octobre prochain. A cette occasion, un colloque intitulé « La sainteté en couple » sera organisé à la Trinité-des-Monts.

Histoire de la Trinité-des-Monts
L'église de la Trinité-des-Monts, reconnaissable à son style gothique et à ses deux campaniles, inhabituels dans le champ architectural romain, ainsi que son cloître, ont été construits au cours du XVIème siècle, grâce au soutien financier de plusieurs rois français, dont Charles VIII.  
A l’origine, les lieux servent à accueillir la congrégation des Frères Minimes, fondée en 1436 par Saint François de Paule. Haut lieu d’art de l’époque, les murs et plafonds du couvent ont été peints de fresques par les Minimes eux-mêmes, ainsi que par quelques grands noms du baroque italien, à l’image d’Andrea Pozzo.

Prochain spectacle:
L'Annonce faite à Marie, de Paul Claudel
Jeudi 29 mai et samedi 31 mai 2025, à 19h
Bibliothèque Trinité-des-Monts - Piazza Trinità dei Monti,3 - Roma

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