Ces derniers mois, les Italiens ont été jusqu'à 3 millions à suivre les péripéties de Grande Fratello, l'équivalent du Loft story français, qui en est à sa 9e édition. Très friande de ce genre de programme, la télé italienne diffuse grand nombre de reality shows qui font polémique
Logo de l'émission de téléréalité Grande Fratello
A l'époque des contrôles biométriques, des caméras de surveillance et des satellites qui nous filment du haut du ciel, nous avons tous un peu le sentiment que ?Big Brother is watching us? pour reprendre le fameux slogan de 1984 de Georges Orwell, éloge strident de la liberté et de la mémoire. Mais ce que l'auteur n'avait pas prévu c'est que chacun de nous devient à la fois observé et observateur, chacun de nous se fait le Big Brother de l'autre. Voyeurisme et publicité de la privacité sont l'apanage de nos sociétés modernes, les reality shows en sont un symptôme.
En atteignant les 50% d'audience, Grande Fratello est de loin le reality show le plus suivi. Il a introduit le concept de télé-réalité en Italie. Homologue italien de Loft Story, il semble avoir mieux pris ici puisque, débuté en 2000, le show vient de clore ce printemps sa 9e édition. Le principe est simple: des individus anonymes provenant de différents milieux géographiques et sociaux sont enfermés dans une maison où ils sont filmés 24h/24. Les téléspectateurs peuvent suivre tout ce qui se passe dans la casa en live et en continu sur Sky (satellite italien) ou bien regarder le résumé quotidien en clair sur Canale 5 (du groupe Mediaset de Berlusconi). Chaque jeudi c'est le ?prime? où un participant est élimé;le vainqueur repart avec un jackpot de 300.000 euros.
Une multitude de reality shows particulièrement appréciés en Italie
Mais nombre d'autres programmes se font concurrence sur les chaines publiques (Rai 1, 2, 3) et privées de Mediaset (Rete 4, Canale 5 et Italia 1). Entre la Fattoria (équivalent de la Ferme célébrités), l'Isola dei Famosi (Koh Lanta mais avec des ?stars?), Uomini e Donne (le Bachelor), Amici di Maria de Filippi (la Star Academy) ou encore Cambio Moglie (on a échangé nos mamans), les Italiens ont l'embarras du choix. Ils demeurent tout de même plus friands, contrairement aux spectateurs anglo-saxons, de programmes mettant en scène des VIP (leur version du Diner presque parfait, Il Ristorante, se déroulait avec des personnages connus par exemple).
Evidemment ces reality shows font l'objet de polémiques: beaucoup critiquent la vulgarité et l'amoralité que mettent en scène ces programmes, qui servent des caricatures peu proches de la réalité et qui sont énormément suivis par les jeunes. La Codecons, société de consommateurs italienne, a appelé au boycottage de Grande Fratello jugé de plus en plus amoral: cette année on a pu voir dans la maison un aveugle, un ex-clandestin ou encore une hôtesse d'AliItalia. Celle-ci a d'ailleurs fait sensation en étant menacée de licenciement par son patron pour avoir justifié son absence par un congé maladie. Au final la jeune femme est sorti du jeu mais n'a pas retrouvé son emploi. Ces programmes de télé réalité demeurent dans tous les cas une expérience sociologique intéressante et le miroir d'une certaine société italienne contemporaine qui ne se définit qu'à travers le regard des autres.
Louise LAVABRE (Lepetitjournal.com - Milan/Rome) mercredi 20 mai 2009
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