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SPORTIFS FRANCO-ITALIENS – Angelo Parisi, le judoka italien 100% français

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 15 mai 2013

Sur le tatami, ses amis le surnommait "Angelo le magnifique". Le judoka d'origine italienne naturalisé français, a su conquérir tous les publics. De Coubertin à Bercy, en passant par Moscou et Los Angeles, il escalade les podiums et remporte plusieurs médailles en affrontant des adversaires de plus de 140 kilos.

Un champion "Made in Europe"

"Il était une fois un judoka d'origine italienne qui parlait français avec un accent anglais." C'est de cette manière que pourrait commencer la biographie de ce personnage atypique qu'est Angelo Parisi. Ainsi, s'il a rencontré ses plus beaux succès sous le maillot de l'équipe de France, le sportif n'oublie pas qu'il a fait ses premiers pas en Grande-Bretagne. "Quand j'avais trois ans, mes parents sont partis vivre en Angleterre. Là-bas, à l'école, on pratiquait le sport quinze heures par semaine. J'ai alors touché un peu à tout" raconte-t-il au journal l'Equipe en 2008.

Le jeune Italien, né en 1953 à Arpino dans le Latium, est un sportif précoce. Doué en tout et surtout en rugby, c'est pourtant le judo qui remporte sa préférence. ? 15 ans, il choisit de se concentrer entièrement à cette discipline et onze mois plus tard, il obtient sa ceinture noire. L'adolescent peut enfin entrer dans la cour des grands. De 1968 à 1974, sélectionné en équipe d'Angleterre, il débute une carrière sportive plus que prometteuse. Avec cinq titres de champion d'Europe et un de vice-champion du monde, il remporte la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Munich en 1972. Angelo Parisi n'a alors que 19 ans.

Trois ans plus tard, en 1974, ce dur au c?ur tendre tombe amoureux de l'Hexagone et surtout d'une Française. Le couple franco-italien se marie la même année. Sa demande de naturalisation en cours, le judoka espère bien combattre sous les couleurs de son nouveau drapeau. Peut-être un peu jalouse de voir son champion lui filer entre les doigts, l'Angleterre lui refuse cette faveur. Avec colère, Angelo Parisi voit alors les Jeux de Montréal lui passer sous le nez.

Consécration sportive sous un air de Marseillaise

"On subit son pays, on choisit sa patrie", pourrait être le nouvel adage inventé par Angelo Parisi. Comme porté par sa nouvelle nation, il est doublement récompensé lors des Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Avec une médaille d'argent toutes catégories confondues et une médaille d'or catégorie poids lourds, il devient le premier champion olympique français à obtenir cette gratification.

Petit à petit, la relation entre la France et le judoka devient fusionnelle. En 1984, lors des Jeux Olympiques de Los Angeles, Angelo Parisi n'est déjà plus un sportif comme les autres. Véritable emblème, il est choisi pour devenir le porte-drapeau de la délégation française. Bien qu'il ait remporté la médaille d'argent, son dernier combat le laisse sur sa faim. Alors que l'épaule de son adversaire touche le sol vers une victoire sans précédent, le gong sonne. Le champion passe à côté de l'or. Néanmoins, avec trois médailles pour la France, il reste jusqu'à l'arrivée de David Douillet, le judoka le plus médaillé de l'histoire des Jeux.

C'est donc sous la bannière bleue, blanc, rouge que Angelo Parisi excelle. L'Italie, son pays d'origine, est désormais un vague souvenir pour le jeune homme. D'ailleurs cette dernière semble déjà l'avoir oublié. Dans les quelques rencontres sportives auxquelles il participe pendant sa retraite, il est décrit comme "le champion italien émigré en Grande-Bretagne" ou encore "le maître italo-français". Plus tout à fait italien, jamais complètement français, les biographies sont courtes et peu éloquentes. Ses confrères, restés vivre dans la Péninsule, semblent même perplexes devant l'énergumène. "Excusez l'ignorance, mais qui est cet Angelo Parisi ?" s'interroge un judoka italien amateur sur un forum dédié à cette discipline. Alors qu'un second utilisateur publie les maigres lignes de ce qui constituerait une biographie, l'autre s'exclame : "Ce type à l'air vraiment très fort. Au début, je pensais que tu parlais d'un copain à toi".

Un ex-champion toujours en kimono

Avec un ménisque déchiré et des ligaments touchés, Angelo Parisi veut éviter le combat de trop. En 1985, à l'âge de 32 ans, il met fin à sa carrière sportive. Cependant, il ne laisse pas son kimono au vestiaire et remonte sur le tatami avec un titre d'entraîneur national. Jusqu'en 1991, il enseignera à des élèves tels que Douillet, Bouras ou encore Traineau, les meilleures techniques pour gagner un combat tout en respectant ses adversaires. En désaccord avec la stratégie d'entraînement de la Fédération Française de Judo, il intègre en 1991 le ministère de la Jeunesse et des Sports. Humaniste, il est aussi bénévole au sein de l'association Activivre où il sensibilise jeunes et adultes à la pratique d'un sport.

Complètement adopté par l'Hexagone au point de faire croire qu'il a toujours été français, Angelo Parisi n'oublie cependant pas ses racines. Vêtu d'un kimono, il retourne encore en Italie. Championnats à Ostia, stages de formation en Sardaigne, rencontres avec de jeunes sportifs à Tarente, ces timides retrouvailles sont toujours teintées de bienveillance. Rien d'étonnant vue l'ouverture d'esprit de ce sportif au grand c?ur qui affirmait encore en 2012 à l'Equipe : "Le métissage, c'est une chance. On a beaucoup et toujours à apprendre des autres".

Sophie LEI (www.lepetitjournal.com/rome) - Mardi 9 avril 2013

Crédits photo : Fédération Française de Judo (www.ffjudo.com)

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