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POLITIQUE – Qui est vraiment Gianfranco Fini ?

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

Gianfranco Fini n'en est pas à un paradoxe près. Autrefois fasciné par la politique fasciste de Mussolini, il prône aujourd'hui un nouveau pacte social plus égalitaire. Grand soutien de Silvio Berlusconi, il est désormais son premier adversaire. Qu'en est-il de sa position dans un échiquier politique italien bouleversé ?


La crise qui frappe l'Italie n'est pas seulement économique. Alors que la jeunesse et les syndicats sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement, le pouvoir a fortement vacillé en cette fin 2010. Après quinze années de bons et loyaux services, Gianfranco Fini a claqué la porte de Silvio Berlusconi le 29 juillet 2010 dernier. Las des scandales à répétition, des pots de vin et de la politique menée avec la Ligue du Nord. Le principal instigateur de la motion de censure du 14 décembre dernier, se veut être l'homme de tous les Italiens. Il déclara d'ailleurs, s'opposer "à toute distinction et discrimination" entre "noirs, blancs, catholiques, juifs et musulmans, hommes et femmes, hétérosexuels et homosexuels, Italiens et étrangers." Alors que Silvio Berlusconi cherche où il peut un soutien précieux à son maintien au pouvoir, Gianfranco Fini s'est clairement désengagé d'une politique qu'il estime "ne s'intéresser a rien de ce qui arrive au sud du Pô." La surenchère surprend quand on connaît la carrière de l'homme politique.


Un virage à 90 degrés
L'homme qui le 29 juillet 2010 a clairement attaqué Silvio Berlusconi est loin de celui qu'il était à ses débuts politiques. Le fervent militant du "Mouvement Social Italien" (MSI), parti qui se réclamait du fascisme et de son action sociale, a bien changé. Plutôt proche du catholicisme et des idées nationalistes, il plaide aujourd'hui la cause de l'Europe, de l'ouverture au capitalisme et a tenu des propos en faveur de la dépénalisation du cannabis et de l'insémination artificielle. Les Italiens ne s'y trompent d'ailleurs pas. Antonella, trentenaire active qui suit l'actualité politique de son pays est dubitative à son sujet. "C'était un homme bien distinct de par ses idées. Il est en train de s'écarter de sa ligne de conduite car il semble dépassé par la situation. Je suis un peu perplexe quand je vois son évolution car j'ai l'impression qu'il agit par intérêt plus que par conviction." A ses débuts, il fut montré du doigt pour ses penchants fascistes et sa politique d'extrême droite. Certains ministres européens refusaient d'ailleurs des réunions en présence de ministres du MSI nommé dans le premier gouvernement Berlusconi en 1994. Depuis il semble avoir mis de l'eau dans son vin. Taxé désormais d'homme de centre-droit, il se dit ouvert à un pacte social plus égalitaire avec une fiscalité plus favorable au sud du pays. C'est certainement cette évolution qui a poussé l'un des premiers soutiens de Silvio Berlusconi à brusquement lui faire faux bond.

Un brutal retournement de situation
En 2009, il accepte de cofonder avec Silvio Berlusconi le parti du "Peuple de la liberté", en délaissant sa création, "L'Alliance Nationale", vieille de quinze ans. Il déclara peu avant l'officialisation de cette union "Je partage la proposition de Berlusconi pour donner une voix unique au Parlement. C'est une page de l'histoire politique italienne qui se tourne en donnant une alternative à la gauche." Qui aurait ainsi pu parier sur une altercation houleuse entre les deux hommes quelques mois plus tard ? Démissionnaire ainsi que 33 députés, il espère désormais un changement dans la politique du pays. Pas opposé à Berlusconi si celui-ci décide d'accepter ses requêtes, il mise sur le soutien du patronat et du Vatican. Malgré tout, Gianfranco Fini est un peu dans l'expectative après l'échec du vote de confiance de la Chambre des députés. Avec son nouveau parti fondé en novembre, "Futur et Liberté pour l'Italie" il espère peser dans les débats. Il est désormais difficile d'envisager la suite de sa carrière mais Gianfranco Fini ne voudra certainement plus se sentir lésé. Il se positionne aujourd'hui comme une alternative à Berlusconi sans pour autant avoir les moyens de ses ambitions. Mais dans un pays où la gauche est  réduite à bien peu de choses, il peut envisager sérieusement s'affirmer comme le futur leader d'une force politique majeure dans l'Italie de demain.
Jean-Marie Cornuaille. (www.lepetitjournal.com ? Rome) jeudi 13 janvier 2011

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Publié le 13 janvier 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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