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POLITIQUE - L’extrême gauche italienne, idéologie utopiste et idéal des jeunes

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 17 mai 2013

Diabolisée en permanence par Silvio Berlusconi, l'extrême gauche semble terroriser la classe politique dirigeante. Entre idéologie communiste et Brigate Rosse, l'extrême gauche n'a pas toujours véhiculé une image positive et pourtant, face à un gouvernement de droite, ses discours sociaux attirent toujours plus de monde. Que représente aujourd'hui la mouvance d'extrême gauche en Italie ?

 

(source:wikimedia)

L'échec des partis

L'extrême Gauche italienne aujourd'hui c'est la gauche extraparlementaire, les centres sociaux et les mouvements nés du Parti Communiste. Le PCI disparait en 1991 pour laisser place au Parti de Refondation Communiste et au Parti Démocratique de Gauche. C'est la fin d'un parti de gauche qui fut considéré comme l'un des plus puissants d'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un parti communiste qui obtenait encore aux élections de 1987, 177 sièges à la Chambre et 101 au Sénat. Un succès qui laisse place à des partis aujourd'hui marginalisés.

Le Parti Communiste des Travailleurs (PCL) est le fruit d'un courant Trotskiste du Parti de la Refondation Communiste. Créé en 2006 par Marco Ferrando, le PCL est très impliqué dans la lutte syndicale, les mouvements "no-global", la mobilisation anti-impérialiste (en faveur de la Palestine par exemple) et partisan de la lutte pour les droits de l'homme et la liberté sexuelle. Ses pères fondateurs sont Marx, Lénine, Trotski, et Rosa Luxembourg. Son objectif défini dans le Manifeste du PCL est de "récupérer et actualiser le patrimoine planificateur du marxisme révolutionnaire en rénovant les théories et les pratiques que la social-démocratie et le stalinisme avaient éliminé". Ce crédo implique l'opposition aux classes dominantes et à leur gouvernement, l'idée qu'un gouvernement de travailleurs permettrait l'abolition de modèle de production capitaliste, et l'espoir d'une alternative sociale internationale. Un programme idéologique qui rallie peu d'électeurs comme le montrent les résultats des élections administratives de 2011 à Bologne (0,59% des voix), Turin (0,15% des voix) ou encore Milan (0,06% des voix).

La Gauche Critique (Sinistra Critica) est né du Parti de la Refondation Communiste en 2005 avant de devenir un mouvement politique indépendant en 2007. Elle promeut l'anticapitalisme, l'antifascisme, le féminisme et la défense de l'écologie. De nombreux membres de la Gauche Critique font partie de la Bandiera Rossa (section italienne de la IVème Internationale). La Sinistra Critica s'est engagée activement pour la récolte de signatures en faveur du dernier référendum.

Le Parti de l'alternative Communiste (PdAC) fait partie de la section italienne de la Ligue Internationale des Travailleurs. Né de la scission d'une partie du courant trotskiste du PRC en 2006, il est créé originellement pour refonder l'Opposition des Travailleurs, au moment où il était devenu évident que le PRC serait entré dans le gouvernement de centre-gauche. Ce parti soutient le retour de la lutte communiste ouvrière pour remettre à l'ordre du jour la lutte des classes. Le candidat du parti pour les élections à la présidence du Conseil de 2008 proposait en mars dans son intervention télévisée "une économie planifiée sous contrôle des travailleurs". Un discours poussiéreux qui n'a pas fait ses preuves.

La politique sans institutions avec la gauche extraparlementaire
Mais l'extrême gauche c'est aussi les mouvements extra-parlementaires, qui refusent de participer au système politique institutionnel et rejettent la représentation parlementaire des démocraties occidentales. Ces mouvements comme Lutte Communiste, préfèrent l'action directe et veulent fomenter les masses pour une participation politique sans intermédiaires. Révolutionnaire et internationaliste, Lutte Communiste est fondé en 1965 par Arrigo Cervetto qui puise ses valeurs dans les théories de Marx, Engels et Lénine. Ces mouvements n'ont pas encore réussi à faire le poids face au système démocratique actuel, une utopie qui pour l'instant a peu de chance de voir le jour.

(source: wikimedia)

Une idéologie sociale toujours plus populaire
Ce qui en revanche rallie les masses et connait un grand succès (à défaut des partis et mouvements extra-parlementaires) ce sont les centres sociaux qui véhiculent auprès des jeunes un idéal social. Les associations qui font vivre ces centres, proposent des activités culturelles, ludiques et politiques grâces auxquelles les citoyens peuvent se retrouver et discuter des problèmes de la société. Les centres sociaux qui pullulent dans les grandes (et petites) villes de l'Italie ont une large audience. A Rome, les centres comme La Strada, l'Angelo Mai, Il Villaggio Globale ou encore le Brancaleone et le Circolo degli artisti, proposent chaque semaine des concerts et activités en lien avec l'actualité sociale. Journée pour le commerce équitable avec dégustations de produits, expositions de jeunes artistes engagés, concerts, activités de quartier (sports, cours de soutient, organisation d'aides aux anciens), ils contribuent à créer un lien social important entre les habitants du quartier et de la ville toute entière.

Les premiers centres-sociaux sont nés à la fin des années 1970 et rassemblaient les militants de la gauche extra-parlementaire. D'une occupation illégale de bâtiments municipaux, la plupart d'entre eux sont aujourd'hui régularisés bien que diffusant toujours l'idée de la réappropriation des espaces urbains. Les centres-sociaux sont devenus la vitrine du militantisme d'extrême gauche, si bien que les politiques y font référence régulièrement. La vraie force de l'extrême gauche réside dans sa capacité à rallier les jeunes et moins jeunes dans ses centres, à travers une action culturelle et sociale, bien plus que par le discours radical des mouvements et partis politiques qui ne rencontrent que peu de succès.

Gauche et Droite, une lutte pour le ralliement populaire perdue d'avance ?
De façon générale, l'image que véhiculent les centres sociaux de gauche tend à être positive, à l'inverse de ceux de droite réputés plus violents et dont la connotation fasciste séduit moins de jeunes. Même si dans le discours général on entend parler d'anarchiste ou communiste, ce qui en Italie est loin d'être flatteur, les centres sociaux de gauche semblent plus "ouverts à tous". Ce phénomène très répandu en Italie est plus difficile à retrouver en France où ce sont au contraire les partis et l'activité purement politique qui rallient.

Il faut toutefois souligner que si le discours politique d'extrême droite connait un regain de popularité en France comme en Italie, pour les partis d'extrême gauche l'ascension politique est bien plus difficile. Peut-être est-ce la faute de son discours tolérant et anticapitaliste qui ne convainc pas à l'époque où la mondialisation implique une immigration forte qui fait peur et la difficulté de penser un système économique différent. Face à un monde toujours plus individualiste où règne la logique du chacun pour soi, le discours politique d'extrême droite semble rassembler plus de militants. Un constat qui se vérifie en France avec l'ascension du FN, tout comme en Italie avec La Destra ou la Lega.

Elise BONNARDEL (www.lepetitjournal.com/rome) lundi 4 juillet 2011

lepetitjournal.com rome
Publié le 5 juillet 2011, mis à jour le 17 mai 2013
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