

Après dix-huit mois de travaux, la Galerie des Carrache du Palazzo Farnese, qui abrite l'Ambassade de France en Italie, dévoile ses trésors secrets. Un patrimoine atemporel restitué, enfin, à l'humanité.
"Nous retrouvons aujourd'hui la galerie des Carrache dans sa vérité, dans sa verité historique notamment. Nous avons le privilégie de voir la galerie comme elle était au début du XVIIIe siècle, comme personne ne l'a vue depuis plus de 300 ans" a affirmé l'ambassadrice de France en Italie, Catherine Colonna, lors de l'inauguration de la galerie, mercredi 16 septembre. Le ministre des Biens culturels et du Tourisme, Dario Franceschini ainsi que Bertrand du Vignaud, président de World Monuments Fund Europe, organisation internationale privée consacrée à la sauvegarde des monuments historiques et des sites dans le monde ont participé à l'événement.
La restauration de la galerie, conduite sous l'égide de l'Ambassade de France ainsi que du Ministère italien des Biens cultuels et du Tourisme, a été financée par la Word Monuments Fund, avec l'appui de ses partenaires, le Robert W. Wilson Challenge to conserve our heritage et la Fondation de l'Orangerie pour la Philanthropie Individuelle. Le mécène privé, et tous les restaurateurs, ont veillé à ce que l'?uvre, une fresque de 132 m², conserve une parfaite harmonie d'ensemble. Le chantier a été également placé sous la tutelle des Surintendances et de l'Institut supérieur pour la conservation et la restauration. Un comité scientifique réunissant les plus grands experts européens de la restauration conservative ainsi qu'une équipe de grands professionnels franco-italiens ont redonné le souffle à la voûte et aux parois de la galerie, l'une des ?uvres majeures de l'art occidental, estimée d'ailleurs comme fondement de la peinture moderne.
Les Carrache
La galerie, réalisée entre 1597 et 1608, porte le nom des frères Carrache (Augustin et Annibal), en italien Carracci, célèbres peintres originaires de Bologne et fondateurs de l'Académie des arts des Incamminati (1585), qui fut une école d'art à part entière. Leur enseignement a donné une orientation marquante à la peinture décorative européenne, offrant pour la première fois un programme d'étude d'architecture, d'anatomie, de prospective ainsi que de modèle vivant. De facto, bien que leur classification soit assez difficile, refusant le Maniérisme, l'apport des Carrache donna notamment naissance au classicisme, l'un des grands mouvements de la peinture au XVIIe siècle.
Histoire de la galerie
C'est en 1595, qu'Annibal est invité à Rome par le cardinal Odoardo Farnese. Il reçoit à l'occasion la charge de décorer la galerie du Palais Farnèse, réalisée par Giacomo Della Porta. Les sujets mythologiques animent les peintures de la voûte, entièrement décorée par Annibal, ainsi que du haut des murs, le centre du plafond est dominé par le Cortège de Bacchus et d'Ariane. En revanche, son frère Augustin avec Dominiquin, Guido Reni et Giovanni Lanfranco, trois élèves des Carrache, peignent les panneaux placés aux extrémités de la galerie. On raconte que le cardinal n'apprécia pas le résultat, et Annibal, déçu par cette réaction, sombra alors dans la mélancolie jusqu'à sa mort en 1609. Cette galerie inspirera d'ailleurs de nombreux peintres, à l'instar de Poussin et Rubens.
Les amours des dieux olympiques sont ainsi narrés par des représentations à la fois pleines de mouvement et de réalisme, où l'Antiquité

C'est la représentation de l'amour qui domine la totalité de l'?uvre, un thème plutôt inhabituel pour le palais d'un cardinal. Concernant la surprenante iconographie de la galerie, de nombreuses interprétations ont été données. En effet, le mariage entre le duc de Parme et Marguerite Aldobrandini en 1600, pourrait être considéré comme la source d'inspiration de la fresque.
"La restauration a été conduite en plusieurs étapes, mais heureusement n'a pas présenté de difficultés particulières. En outre, nous avons découvert des inscriptions et des dessins réalisés au graphite" ont expliqué les deux restauratrices de l'entreprise ERRE Consorzio, Daniela Luzi et Clelia Sbardella. Ces deux dernières ont d'ailleurs signalé l'absence, en Italie, d'une politique de conservation préventive qui permettrait une optimisation en matière de protection des ?uvres. Le monument appartient, en fait, à l'Etat italien.
Gianluca Venturini (Lepetitjournal.com de Rome) - mardi 22 septembre 2015
Crédits photo : GV pour lepetitjournal.com
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