Le Pape évoque le massacre des Ouïghours pour la première fois
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Dans son ouvrage Un temps pour changer, écrit avec l’aide de son biographe britannique Austen Ivereigh et qui sortira en France le 2 décembre, le souverain pontife mentionne pour la première fois la répression des Ouïghours en Chine, perdurant depuis 2010.
"Je pense souvent aux peuples persécutés : les Rohingyas, les pauvres Ouïghours, les Yazidis – ce que Daech leur a fait est proprement cruel – ou les chrétiens d'Égypte et du Pakistan tués par des bombes qui ont explosé pendant qu'ils priaient à l'église", écrit le Pape François dans son livre.
Les OuÏghours, minorité musulmane, constituent le principal groupe ethnique du Xinjiang (au nord-ouest de la Chine). De multiples organisations de défense des droits de l'Homme, telles que Human Rights Watch, dénoncent depuis plusieurs années l’internement forcé d’au moins trois millions de personnes dans des camps de concentration, qualifiés par la Chine de « centres de formation professionnelle ». Cela représente le plus grand internement de masse du XXIème siècle.
Au sein de ces camps prennent place des violations systémiques des droits de l’Homme ainsi que des traitements innommables, à savoir : l’esclavagisme moderne de 80 000 Ouïghours internés (chiffres datant du mois de mars 2020) au service de grandes marques internationales, des thérapies de conversion – ou assimilation forcée –, la privation de nourriture et de soins, de l’humiliation, des viols groupés, de la torture ou encore, des stérilisations forcées.
En effet, alors que l’entrave aux naissances constitue l’un des cinq critères d’un génocide, comme défini par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide des Nations unies de 1948, le chercheur allemand Adrian Zenz a su démontrer à partir de données chinoises que, depuis 2016, la courbe de naissance dans les cantons à majorité ouïghoure a drastiquement chuté tandis que les cantons à majorité han (ethnie majoritaire en Chine) connaissaient des taux de croissance jusqu’à huit fois supérieurs.
Des chercheurs sont parvenus à confirmer la création, depuis 2017, de 380 camps de concentration pour y déporter les Ouïghours.
Alors que le Vatican avait déployé de sérieux efforts diplomatiques afin de renouveler pour deux ans un accord sensible avec la Chine portant sur la nomination des évêques le 22 octobre 2020, le Pape François ne s’était encore jamais exprimé sur le sujet, bien que deux cardinaux asiatiques aient déjà dénoncé l’atrocité des faits l’été dernier.
