

A l'aube de la célébration des 20 ans d'existence d'Erasmus, Isabelle Violante, attachée de coopération universitaire auprès de l'ambassade de France en Italie, dresse un portrait positif de ces échanges universitaires intracommunautaires. Rencontre avec une observatrice éclairée de la population estudiantine
Isabel Violante, attachée de coopération universitaire (photo S.F.)
Au mois de mai, en lien avec le Centre Saint Louis de France et l'Université de la Sapienza, vous allez organiser une série d'événements autour des 20 ans d'Erasmus. Comment est né le projet Les défis d'Erasmus et qu'en sera-t-il ?
Il est né de la concomitance de cet anniversaire avec celui des 50 ans du traité de Rome. Il nous semblait important de mettre en valeur ces échanges universitaires lancés en 1987. En 20 ans, 1,5 millions d'étudiants et 100 000 professeurs en ont bénéficiés. Aussi, nous allons organiser trois jours de conférences à la Sapienza du 14 au 16 mai et une projection au Centre Saint Louis de court-métrages sur le thème d'Erasmus. Nous souhaitons créer des moments ludiques de réflexion autour de cet évènement. C'est aussi un prétexte festif pour s'interroger sur la portée de ce programme.
Quelle a été l'évolution de ces échanges entre 1987 et aujourd'hui ?
En 1987, on comptait 220 étudiants italiens et 895 français partis en Erasmus. En 2004, ils étaient respectivement 16 829 et 20 981. C'est donc une progression spectaculaire. L'Italie attire beaucoup les Français, les Allemands et les Espagnols puisqu'en 2003-2004 par exemple, ce pays a accueilli 1550 Français, 4250 Espagnols et 1755 Allemands. Par comparaison, la France accueillait la même année, 2859 Italiens, 3412 Espagnols et 3997 Allemands. En 2004, ce sont 12 743 étudiants qui ont été accueillis en Italie, 20 275 en France et 16 627 au Royaume-Uni. La palme de l'accueil revient à l'Espagne avec 24 076 étudiants. Au-delà des chiffres, l'Italie est souvent un pays où les étudiants aiment rester. Il n'est pas rare qu'une personne venue pour 3 mois décide de prolonger son séjour car l'expérience italienne se révèle très enrichissante.
Quel bilan dressent les étudiants Erasmus de leur séjour dans un pays de la communauté ?
Un étudiant qui part en Erasmus repartira. Le cas le plus fréquent rencontré est celui d'une personne partie en 5e année en Erasmus et qui repart ensuite dans un autre pays pour faire sa thèse. Le phénomène est encore plus marqué chez les Italiens où le départ à l'étranger coïncide généralement avec celui de la cellule familiale. Les Italiens ne bougent pas beaucoup. Aussi, quand ils le font, ils y prennent goût. Les étudiants français et italiens n'ont pas la même approche de cette aventure. Les Européens qui étudient en Italie ont souvent en tête une logique de tourisme culturel et vont profiter de leur séjour pour se balader dans toute l'Italie. Les étudiants qui viennent en France bougent beaucoup moins. Ils sont plus dans une logique de ressources culturelles et visitent plutôt les lieux qui les hébergent sans faire réellement du tourisme.
Quelles grandes différences existent-ils entre Rome et Paris au niveau des universités ?
Les universités italiennes sont très en avance quant à la politique culturelle. En Italie, l'université est à la fois un espace de culture et de formation. Elle ne se contente pas de diffuser un enseignement. Par contre, les étudiants y rencontrent plus de difficultés dans la gestion de leur vie quotidienne. Les comptes bancaires et le logement y sont très chers.
Quel bilan tirez-vous du programme Erasmus ?
Erasmus a contribué au processus d'européanisation. Derrière ce programme se cache une volonté politique de mettre une âme et un corps à la chute des frontières, à la conscience européenne. Il me semble utile de célébrer cet anniversaire pour rappeler la jonction entre ce désir politique et un désir de recherche universitaire ou culturel. Au fil des ans, on s'aperçoit qu'une communauté Erasmus se constitue. Cela crée une mémoire, un sentiment européen. En 20 ans, Eramus a créé une génération d'Européens.
Propos recueillis par Sara Fredaigue. (www.lepetitjournal.com - Rome) mardi 17 avril 2007

































