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ROCCA DI PAPA - Il était une voie ....

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 13 juin 2016

 

Il existe, à deux pas de Rome, dans la zone dite des « Castelli », un site unique au monde. Il s'agit de la Voie Sacrée de Rocca di Papa. Appelée autrefois « Via Albana », elle est connue pour être la plus vieille et la plus noble des voies d'Italie. 

La Voie Sacrée de Rocca di Papa fut construite par les Romains au 7ème siècle avant Jésus-Christ. Elle est dite « sacrée » car elle menait au temple de Jupiter Latiaris où l'on célébrait jadis les « féries latines », une fête annuelle durant laquelle était renouvelé le pacte d'alliance entre les tribus locales à travers un cortège par lequel on conduisait un bœuf blanc jusqu'au sommet du Mons Albanus, connu aujourd'hui sous le nom de Monte Cavo, où il était ensuite sacrifié. Elle fut ensuite utilisée comme voie triomphale par les généraux romains qui revenaient d'entreprises particulières. Même Jules César de retour de Gaulle célébra ici sa victoire. 

A l'origine, la route partait d'Ariccia, suivait la rive est du lac d'Albano jusqu'à Palazzolo et montait jusqu'à la cime du Monte Cavo qui s'élève à 950 mètres au-dessus du niveau de la mer. 

Large de 2 m 60, elle garde encore de longs segments en excellent état de conservation grâce à l'action des volontaires du Gruppo archeologico latino. Elle est entièrement pavée de grandes dalles de pierre de lave noire et bordée de pierres de pépérin. Complètement immergée dans la forêt avec ses châtaigniers qui forment une galerie verte naturelle, elle offre au promeneur une émotion particulière. 

Pour la parcourir entièrement à pied, il faut partir de l'aire de stationnement devant le restaurant « La Foresta », entrer dans la forêt par un sentier qui longe la route asphaltée et suivre le chemin toujours en direction de la cime. Le parcours est semé de vestiges des temps passés : deux pierres gravées d'un phallus positionné en direction de la cime, témoins des rites de fécondité pratiqués par les populations anciennes ; les restes d'un mur de soutènement carré ; ou encore d'autres pierres marquées des lettres N et V, initiales de Vetus et Novum, lettres utilisées jadis pour indiquer le début et la fin des sections de route restaurées. 

A quelques centaines de mètres sur la droite, on arrive enfin à un petit balcon naturel, appelé l'occhialone, littéralement « la grande lunette ». De là, on jouit d'une vue magnifique sur les deux lacs volcaniques d'Albano, à droite, et de Nemi, à gauche, dont les surfaces brillantes encastrées dans les anciens cratères rappellent la forme d'une paire de lunettes. Quand le temps est limpide, on peut admirer la campagne et le littoral romain jusqu'au Mont Circé et même voir les îles Pontines, situées à environ 30 km de la côte du Latium. C'est sans aucun doute le plus beau panorama des monts Albains ! 

Les plus pressés peuvent arriver directement, à partir de la SR 218, en empruntant Via Scalette, dont l'entrée est encore marquée d'un poste de péage où autrefois un gardien exigeait un droit de passage. Après environ 1,8 km de route asphaltée, ils trouveront la Voie Sacrée sur la gauche. 

Du vieux temple, il ne reste malheureusement aucune trace, si ce n'est quelques blocs carrés de pierre volcanique que les Romains appelaient lapis tusculanus. A sa place, on construit au Moyen-Age un ermitage dédié à St Pierre. Au 18ème siècle, celui-ci est restauré avec le matériel récupéré du sanctuaire de Jupiter et converti en monastère tenu par les passionistes qui l'abandonnent en 1889. Finalement, dans les années 50, un certain Pacifico Grimaldi transforme le monastère en hôtel restaurant dans lequel ont séjourné de grands noms tels les rois Humbert de Savoie et Edouard VIII d'Angleterre, Adenauer, Pirandello, Coco Chanel et la princesse Soraya… Le premier relais de radio est installé en 1977, secrètement, dans la chambre n°8, donnant ainsi le départ à une véritable « invasion ». Peu après la mort de Pacifico Grimaldi, la structure est de nouveau abandonnée et le site devient un important centre de transmissions radio-télévisées, à usage civil et militaire. Les habitants de Rocca di Papa se battent depuis des années pour obtenir le démantèlement des antennes et rendre à la colline sa beauté naturelle et historique, mais Monte Cavo est un site stratégique pour les télécommunications et l'utilité publique (contrôle du trafic aérien et sécurité nationale). La bataille sera difficile !

 

Véronique Mignot-Bari (Lepetitjournal.com de Rome) - Mercredi 15 juin 2016

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Publié le 14 juin 2016, mis à jour le 13 juin 2016

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