Ce mois-ci, Lepetitjournal.com de Rome vous emmène à nouveau dans l'univers de Nanni Moretti, avec son dernier film "Mia Madre", à l'affiche en 2015 en France. Un film dramatique tout en émotion, très autobiographique, et de magnifiques personnages féminins ....
Je viens de revoir ce film qui m'avait déjà beaucoup plu lors de sa parution en 2015, et maintenant que je l'ai visionné à nouveau, je suis encore plus enthousiaste.
Non pas à cause de sa forme : on est loin de l'esthétisme de Paolo Sorrentino, ou des fantasmes satiriques de Fellini, mais grâce aux émotions qu'il provoque avec beaucoup de simplicité, de pudeur et de tendresse.
Avec « Mia madre », Nanni Moretti renoue avec le film autobiographique, mais sous une forme différente. Il s'agit d'une fiction et non de « films-journaux » comme dans « Aprile » ou « Journal intime ». En effet, sa mère est tombée malade lors du tournage de « Habemus Papam » et est décédée lors du montage. Il a donné le rôle principal à une femme et quand on lui demande pourquoi, il répond : « Peut-être pour pouvoir raconter cette histoire avec, non pas plus de détachement, mais plus de lucidité. »
L'héroïne, Margherita (admirablement joué par Margherita Buy) est une cinéaste perfectionniste, autoritaire, un peu agaçante. Sur le tournage de son film politique, rien ne va, elle est confrontée aux difficultés techniques, puis au cabotinage de l'acteur principal (génial John Turturro). Dans sa vie privée non plus : sa mère est très malade, son couple se désagrège, sa fille adolescente se rebiffe.
Quand elle voit sa mère à l'hôpital, elle est souvent dans le déni et ne peut affronter la terrible fatalité. Elle rêve, se souvient, se laisse aller à ses pensées. C'est son frère Giovanni (joué par Moretti), dévoué, prévenant et irréprochable qui va l'aider à accepter l'approche inévitable de la mort.
C'est aussi un beau portrait de femmes : le mère, professeur de latin à la retraite, cultivée, aimante et tolérante, Livia la petite-fille confrontée pour la première fois à le perte d'un être cher, et la fille Margherita, angoissée et fragile en même temps, qui va, le temps de ce cheminement, remettre en question son rapport aux autres.
« Mia Madre » aurait pu être un film larmoyant et tomber dans la pathos car le sujet est grave, mais on rit quelquefois, on sourit souvent.
Car la vie est toujours présente : Livia apprend à conduire son scooter pendant que sa grand-mère est hospitalisée, une fête joyeuse s'improvise sur les lieux du tournage réconfortant Margherita pendant un bref moment.
Les dernières images de ce film émouvant nous montrent Margherita, caressant les précieux livres de sa mère décédée. Elle se revoit lui demandant lors d'une visite à l'hôpital : « A quoi penses-tu, maman ? » sa mère lui répond, le regard lumineux : « A demain » ;
Je repense alors à la fin du film « Journal intime », au visage en gros plan de Nanni Moretti et à son regard plein de vie. Celui de Margherita est triste mais serein, tourné vers l'avenir.
Louisette Crombet (Lepetitjournal.com de Rome) - Mercredi 8 février 2017.
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