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DARIO FO ET FRANCA RAME - L'engagement au théâtre

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 12 avril 2017, mis à jour le 12 avril 2017

Plongez dans un décor où les subterfuges sont de mises pour comprendre l'engagement pourtant bien réel de Dario Fo et Franca Rame. La Gallerie Barberini-Corsini rend hommage à ces deux artistes qui ont marqué le théâtre italien pendant plus d'un demi-siècle. Dans un lieu tout aussi unique que leur histoire, l'exposition se déroule au Palazzo Barberini jusqu'au 25 juin 2017.

 

Tout au long de sa carrière Dario Fo a fait preuve d'un engagement politique sans faille, sous les artifices de la comédie et du grotesque, l'artiste se place comme un ambassadeur du peuple. Son premier texte théâtral en 1952, Il dito nell'occhio soit Le doigt dans l'?il, écrit en collaboration avec Franco Parenti et Giustino Durano deux grands noms du théâtre italien, marque le ton du reste de sa carrière : un savant mélange d'anti-conformisme et de satire sociale et politique.

Risorgimento et la série de sketchs radiophoniques Il novecentonovantanovesimo dei Mille suivent cet axe artistique, usant du grotesque pour raconter le passé visant directement l'Italie actuelle. Le but ? Renverser les m?urs et les idées reçues.

15 ans plus tard, l'artiste crée avec sa femme Franca Rame, la Nueva Sena, une pièce de théâtre alternative et très populaire. Sur cette lancée un mythe théâtral est né : Mistero Buffo.

Seul au milieu de son public assis par terre autour de lui, l'artiste dévoile un texte continuellement renouvelé en fonction des interventions des spectateurs, qui font intégralement partie du spectacle. Une grande partie d'improvisation créant un lien inédit avec le public, en lui donnant la parole.

En 1997, il reçut le prix Nobel de littérature pour « avoir imité les bouffons du Moyen-Age et avoir fait respecter la dignité des opprimés, avec un mélange de rire et de sérieux, Dario Fo ouvre les yeux sur les abus et les injustice de la société», explique le communiqué officiel de la Fondation Nobel. Lors de la remise de prix, l'artiste s'oppose ouvertement aux politiques du parlement européen et exprime son engagement pour la défense d'Adriano Sofri, de Bompressi et Pietrostefani.

Le 13 octobre 2016, le monde entier rend hommage à l'artiste qui s'éteint à l'âge de 90 ans.

 

Franca Rame n'a pas seulement soutenu son mari, elle utilisait aussi son art pour transmettre des messages à forte portée politique. Membre de l'ARCI (Association italienne de loisirs et de culture) elle se produisait dans des lieux jusqu'ici insolites, accompagnée de Dario Fo. Les maisons du peuple, les usines ou encore les écoles s'improvisaient en scène théâtrale. Ses interprétations de texte satirique se révélaient parfois féroces, comme Mort accidentelle d'un anarchiste ou encore Ne payez pas ! Ne payez pas !.

Son combat n'était pas seulement socialiste mais aussi féministe, dans les années 70, l'actrice compose et chante, comme Tutta casa letto e chiesa (entre la «maison» et l'«église», Franca Rame insère le «lit») ou encore La mère.

Ses combats n'ont pas été sans conséquence, en mars 1973, l'actrice est kidnappée par des membres de l'extrême droite. Pendant cette période de détention, elle a été victime de violences physiques et sexuelles. Soutenue autant par l'opinion nationale et internationale, elle reçoit de l'Université de Wolverhampton (en Angleterre) un lauréat honoris quelques années après et devient en 2006 sénateur de Piemonte.

L'activiste meurt le 29 mai 2013 à l'âge de 84 ans, après 3 ans de lutte à l'hôpital de Milan.

«La Capitale rend hommage à Dario Fo et à Franca Rame avec une importante exposition nommée Dario Fo et Franca Rame : Il mestiere del narratore. Merci à la Compagnie théâtrale Fo-Rame et au Palazzo Barberini, qui permet d'admirer une collection d'?uvres capables de restaurer le long voyage d'une carrière extraordinaire consacrée au théâtre, à l'engagement civil et à la recherche de la vérité à travers l'art. » annonce Dario Franceschini, ministre des biens et des activités culturelles et du tourisme.

Les épisodes marquants de leur carrière artistique, la pertinence de leur implication politique et leur opération théâtrale sont racontés à travers 150 travaux.

Dessins, peintures, masques, tapisseries, costumes, documents, objets, photographies de scène sont utilisés pour revivre avec émotion l'art qu'avaient ses artistes d'utiliser le théâtre pour susciter l'indignation, de stimuler la réflexion et la participation de ceux qui regardent et écoutent.

La scène n'était pas seulement destinée à faire quelque chose de beau et de faire rire les gens dans la salle. Comme le répétait souvent Dario Fo la beauté pour la beauté ne l'intéressait pas.  

 

DARIO FO E FRANCA RAME
Palazzo Barberini, via delle Quattro Fontane 13
Du mardi au dimanche, 10h-18h

crédit photo : Céline Vergnac

Céline Vergnac  (Lepetitjournal.com de Rome) -  Jeudi 13 avril 2017

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Publié le 12 avril 2017, mis à jour le 12 avril 2017

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