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INTERCULTURALITE – Les expériences en entreprise par Philippe D’Iribarne

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 13 mai 2014, mis à jour le 14 mai 2014

C'est dans le cadre du cycle de conférence "Langues et citoyenneté. Comprendre le monde pour agir dans la société", co-organisé par la France et l'Italie, que le chercheur Philippe D'Iribarne est intervenu les 6 et 7 mai à l'Università Statale et à la Cattolica de Milan. Grand spécialiste des rapports culturels et de la diversité dans le monde, il a témoigné de ses nombreuses années de recherche en entreprise sur le thème "Expe?riences interculturelles en entreprise : comment s'organiser pour oeuvrer ensemble".

Une réflexion tissée autour de l'entreprise

"Philippe D'Iribarne a été invité car il travaille sur un thème qui est un véritable défi pour notre société : la diversité culturelle pour la société, mais aussi pour le monde professionnel". C'est ainsi que la responsable de l'enseignement du Français à l'Université La Cattolica de Milan, Erika Galazzi, a présenté le conférencier et l'objet de son intervention. 

Philippe D'Iribarne a principalement mené ses recherches en entreprises. Avec la mondialisation, les coopérations internationales se sont multipliées. De nouvelles formes d'organisation de travail sont nées des filiales, fusions et acquisitions.

Pour le chercheur, trois formes de coopération coexistent aujourd'hui. Celle des partisans favorables au changement. "C'est merveilleux, c'est la préfiguration d'un nouveau monde qui se dessine. L'organisation en faveur de la mobilité européenne avec Erasmus ou encore le film L'auberge espagnole prouvent l'ouverture au monde". Celle portée par un discours pessimiste. "C'est celui du choc des civilisations où les guerres internes n'existeraient plus mais où les civilisations s'affronteraient". Enfin, une coopération plus standard et conformiste. "C'est celui où nous sommes rentrés, avec la mondialisation, dans une forme de gestion standardisée et uniforme".

Sur le plan managérial, de très nombreuses entreprises se heurtent aux différences culturelles. Philippe D'Iribarne donne l'exemple d'une filiale égyptienne qui n'était pas préparée aux directives d'une maison mère basée en France, ou encore des spécificités du droit du travail français non comprises par une société en Nouvelle-Calédonie. 

Rapport aux clients, à la décision et à la délégation

Le rapport au client n'est pas pressenti de la même manière selon la culture, selon le pays. Pour D'Iribarne, les fournisseurs Français ont les pleins pouvoirs sur les clients. Plus expérimentés, ils sont légitimement décideurs et donnent leurs conseils. En revanche, les Américains considèrent que les clients sont souverains de leurs actes de décision. "S'ils se trompent, c'est leurs problèmesa t-il souligné.

Que veut dire décider, faire confiance ou déléguer ses pouvoirs ? Telle est la vraie question. "Décider pour la France, c'est en quelque sorte démontrer que l'on a raison et c'est donc démolir les points de vue de l'autre !" ironise le chercheur qui relate une relation de travail franco-suédoise empreintes de différences culturelles. "Les Suédois ont été choqués que les Français puissent remettre en cause les décisions de travail. Pour eux, les Français étaient arrogants mais pour ces derniers, les Suédois ne savaient pas s'affirmer".

Au-delà des diversités culturelles, c'est un tas de craintes qui cristallisent les relations multiculturelles. "La question de la pureté en Inde se retrouve dans le domaine de l'entreprise. Pour la Chine, c'est la crainte du désordre. En ce qui concerne l'Islam, la question de l'unanimité et de l'incertitude se pose". L'ingénieur parle même d'angoisses fondamentales de l'être humain. 

Même si les proximités géographiques ne correspondent pas toujours aux proximités culturelles, certains couples européens vont bon train. "Selon une filiale italienne de Chanel, il suffisait de dire que les Français étaient géniaux ! Il était très facile de collaborer avec eux" a-t-il rapporté. Et puis c'est avec humour qu'il poursuit "Une fois un groupe français m'a dit : les Italiens nous roulent, les anglais aussi mais les italiens ont une manière plus sympathique de nous rouler !".

Cependant, la question de l'Europe fait débat. "Les rapports entre les cultures se posent actuellement, notamment avec les derniers évènements politiques apparus en Europe". Depuis l'élargissement des frontières, certains pays européens se sentent menacés et s'interrogent. "On a vu une immigration en provenance du sud; et en réaction à cela, une montée du populisme" a t-il poursuivi.

Ingénieur, Philippe D'Iribarne est diplômé de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole des mines. Il a notamment été directeur de recherche au CNRS. Philippe D'Iribarne est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Penser la diversité du monde ou encore la Politique du bonheur. La diversité culturelle est au c?ur de ses travaux, et ce dans plus de 40 pays du monde.

Mathilde Tricot (Lepetitjournal.com de Milan) ? mercredi 14 mai 2014

Crédits photos : Institut Français Milano et Corbis LD

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Publié le 13 mai 2014, mis à jour le 14 mai 2014

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