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Dialogues franco-italiens : la condition des jeunes aux temps du Covid

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Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 17 novembre 2020, mis à jour le 18 novembre 2020

Une étude Ipsos, présentée dans le cadre de la troisième édition des Dialogues franco-italiens pour l’Europe, compare les perceptions, les attentes et les espérances des jeunes français et italiens, accentuées en pleine pandémie.

Que pensent les jeunes français et italiens de leur pays respectif ? De quelle manière la crise sanitaire bouleverse-t-elle leurs préoccupations et leurs attentes pour le futur ? Les Dialogues franco-italiens pour l’Europe, ont placé les jeunes au cœur de leur troisième édition organisée grâce à la collaboration de l’Université Luiss de Rome, Sciences po Paris et The European House Ambrosetti.

« Placer les jeunes au centre est fondamental, surtout en cette période de crise, car ce sont eux qui seront au cœur de la reconstruction post-pandémie », souligne Andrea Prencipe, recteur de Luiss, en introduction du séminaire organisé le 16 novembre pour présenter l’enquête Ipsos dédiée à la jeunesse italienne et française, intitulée « Les jeunes et leur futur dans le contexte du Covid-19 », et réalisée avec la contribution d’Edison.
Le webinaire a été animé par Enrico Letta, ancien président du Conseil Italien et aujourd’hui doyen de l’École des affaires internationales de Sciences Po. A l’étude, 2.000 jeunes âgés de 18 à 34 ans habitant en Italie et en France ont été interrogés.

Premier constat concernant le futur : « L’urgence sanitaire met les jeunes italiens plus à risque que les jeunes français, surtout concernant les projets de vie », relate Nando Pagnoncelli, directeur d’Ipsos Italie.
Une inquiétude qui s’explique notamment par le taux de chômage des jeunes plus élevé en Italie (27,8% des 15-24 ans est sans emploi, selon l’Istat), par rapport au taux en France (21% des jeunes est sans emploi, selon l’Insee).
Les Italiens comme les Français se disent par ailleurs satisfaits de leur parcours scolaire et éducatif (à plus de 60%), mais les Français vont plus loin en plébiscitant l’école qu’ils jugent déterminantes dans leur insertion dans le marché du travail (83% contre 61% des Italiens). « Cette donnée pose une réflexion sociologique et historique sur la place de l’école en France comme ascenseur social, moins prégnante du côté italien », souligne Marc Lazar, professeur à Sciences po et la Luiss de Rome.

 

Une expérience à l’étranger, encore faible

Quant au rapport à l’Europe, les jeunes italiens apparaissent bien plus satisfaits de l’Union européenne que les jeunes français. 55% des Italiens ont confiance dans l’UE, contre 10 points de moins pour les Français.
En revanche, les jeunes italiens et encore davantage les jeunes français ont un jugement négatif sur la politique économique européenne, malgré le plan de relance. Et notamment, 52% des Italiens et 53% des Français considèrent qu’il n’y a pas assez de soutien efficace pour les jeunes.

 

71% des jeunes italiens se disent prêts à partir à l’étranger, contre 56% des Français seulement.


Alors que l’on parle souvent de génération Erasmus, l’enquête Ipsos révèle une situation jugée « édifiante » par Enrico Letta : 72% des Italiens n’ont pas eu d’expériences à l’étranger, contre 67% des Français. « Cela montre que les jeunes ne vivent pas tant que ça dans un monde globalisé », illustre Marc Lazar. Et Enrico Letta d’ajouter : « Il existe une réelle fracture entre ceux qui sont habitués à vivre de manière cosmopolite à l’étranger, et les autres. Il s’agit là de l’un des aspects à prendre en compte pour nos politiques futures ».
Pour autant, les jeunes italiens (76%) accordent bien plus d’importance que les jeunes français (68%) à une expérience à l’étranger, considérée comme occasion d’acquérir de nouvelles expériences, et de se développer dès lors sur un plan personnel. Aussi, 71% des jeunes italiens se disent prêts à partir à l’étranger, contre 56% des Français seulement.
Si les jeunes Italiens semblent plus ouverts à l’idée de l’expérience, « c’est sûrement lié au manque d’opportunités dans leur pays, à une tradition de migration aussi, et une plus grande aptitude à accepter la mobilité interne et externe », explique Marc Lazar. « La France au contraire, a une faible tradition de mobilité », ajoute-t-il.

 

Un paradoxe dans la relation France-Italie

On constate par ailleurs une faible attraction de la France pour les Italiens, et une attractivité de l’Italie encore moindre pour les jeunes Français. Malgré tout, 52% des jeunes Italiens sont prêts à venir en France pour un mois, contre 44% des Français en Italie, et ces pourcentages diminuent au fur et à mesure. Cette photographie confirme l’enquête Ipsos menée en 2019 : 39% des jeunes Italiens se sentent proches de la France et des Français, contre 48% des Français envers l’Italie et les Italiens, soit presque un sur deux.
Cette situation révèle un net paradoxe. Les Italiens déclarent avoir peu d’affinités avec la France, mais ils sont plus enclins à venir dans l’Hexagone pour une expérience de vie et de travail, - pas par passion, mais par nécessité -. Tandis que les Français déclarent une réelle empathie avec l’Italie, mais cela ne les incite pas pour autant à envisager une expérience dans la Péninsule.
Ce paradoxe pourrait s’expliquer par l’espoir que porte la jeunesse italienne à être valorisée à l’étranger. Et pour cause, la Péninsule détient le triste record européen du nombre de Neet, ces jeunes inactifs qui ne travaille pas et n’étudie pas non plus. Ils sont un sur quatre (28,9%) dans le Belpaese, contre 17,7% en France, selon une étude Eurostat de 2018.


Les jeunesses italienne et française se réunissent autour leur grande attention portée aux thèmes environnementaux. Le développement durable reste bien la préoccupation majeure des nouvelles générations.

 

lepetitjournal.com Milan
Publié le 17 novembre 2020, mis à jour le 18 novembre 2020

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