Catherine Gradel, expatriée en Italie depuis 20 ans, décrypte – en français ou en italien – le mode de fonctionnement et d’action des personnes afin de les aider à mieux se connaître. Et mieux agir. Explications
Lepetitjournal.com Milan : Depuis 20 années en Italie, vous avez changé de carrière il y a 7 ans pour lancer votre propre activité. Qu’est-ce qui vous a amené vers cette reconversion ?
Catherine Gradel : J’ai passé quelque 25 ans dans le Top management dans le secteur bancaire, une période au terme de laquelle j’avais besoin de changer, je ne me retrouvais plus dans ce que je faisais. J’ai ainsi négocié mon départ et ai eu alors l’opportunité de partir pendant un an pour gérer un refuge en montagne, dans les Dolomites. Une année qui m’a permis de réfléchir sur ce que je souhaitais faire. C’est là que j’ai réalisé que je voulais aider les gens à être bien dans leur vie professionnelle et dans leur vie en général, en leur donnant les clés pour retrouver l’harmonie. Si j’ai d’abord été coach, je me concentre aujourd’hui sur aider les gens à comprendre comment ils fonctionnent, étudier leur mode d’action et ainsi leur donner des clés sur leur mode de fonctionnement.
Pourquoi est-il important de connaître sa façon d’agir ?
C’est seulement une fois que l’on met des mots sur notre mode de fonctionnement que l’on en comprend l’importance. Notre façon d’agir est un moteur qui nous permet de découvrir le monde, de collecter des informations, de comprendre, d’analyser, de créer et de passer à l’action.
En prendre conscience, permet aussi d’expliquer aux autres la façon dont on agit et cela dédramatise parfois certaines situations dans lesquelles on peut être mal vu du fait de notre manière d’agir. Comme ce jeune qui apprend ses leçons devant la télé, ce qui agace bien-sûr ses parents. Il s’agit en fait d’un besoin pour lui, c’est sa manière spécifique pour mémoriser car la télé, les images, l’aident à créer des connexions. Une fois compris ce mode de fonctionnement, il a pris confiance en lui et est devenu efficace.
Au travail, cela aide lors de la réalisation de projets. Dans la vie quotidienne, cela peut même aider la relation de couple !
On agit généralement sous la forme d’automatisme dont on n’a pas conscience, selon un mode de fonctionnement qui s’est développé pendant l’enfance. Or lorsque l’on sait comment on fonctionne, d’une part on devient plus efficace et d’autre part on peut l’expliquer aux autres, ce qui est notamment utile lors de travail d’équipe.
Plus spécifiquement, qui s’adresse à vous et pourquoi ?
Mon analyse est destinée à un large public, en règle générale à toutes les personnes qui ont un projet professionnel ou de vie mais qui ne savent pas comment s’y prendre. Ou tout simplement à toute personne qui souhaite mieux se connaître.
Il peut s’agir d’étudiants dont le projet est de passer le bac. C’est d’ailleurs avec eux que cela marche le mieux car ils n’ont pas encore de barrière mentale et intègrent tout de suite. Cela leur redonne immédiatement confiance en eux et peut en outre les aider à s’orienter.
Il s’agit par ailleurs de salariés qui sont en reformation dans un grand groupe et qui doivent rencontrer le DRH. Cela leur permet de comprendre où donner le meilleur d’eux-mêmes dans l’action au service de l’entreprise et ainsi de l’expliquer.
Il y a aussi de nombreux sportifs en reconversion professionnelle, qui ont des idées mais qui ne savent pas comment les mettre en œuvre.
Je travaille également avec des personnes qui ont un projet de groupe mais qui rencontrent des difficultés au sein de l’équipe. Comprendre la façon dont fonctionnent les autres individus de l’équipe permet souvent de dédramatiser les conflits et donc de mieux travailler.
En pratique, comment cela se passe ?
C’est très rapide, un seul entretien d’une durée d’1h30 à 2h suffit. Et il peut être facilement réalisé à distance par skype. Je demande à la personne de raconter quatre actions, dues à sa propre initiative, dans lesquelles elle s’est fait plaisir et pour lesquelles elle a obtenu un résultat satisfaisant. Une série de questions s’ajoutent pour décortiquer comment elle collecte l’information, la façon dont elle la mémorise, l’analyse et prend des notes, ce qu’elle crée et comment elle agit. Il s’agit de processus dont on n’a souvent pas conscience, il est donc parfois difficile de mettre des mots dessus. D’autant que ce mode de fonctionnement s’articule autour d’un contexte déclencheur et d’un objectif à atteindre. En clair, il y a dans le contexte à un moment donné, un élément qui incite la personne à agir. Et savoir pourquoi on a envie d’agir dans certains cas ou au contraire on a tendance à repousser l’échéance, aide à la compréhension de toutes ces situations délicates où la personne elle-même se sent en-dessous de ce qu’elle pourrait donner.
C’est très précis mais c’est très puissant. Lorsqu’on utilise les clés sur son mode de fonctionnement dans le bon contexte, au bon endroit, cela devient naturel de le faire. Tel un mécanisme que l’on s’est créé pour être efficace. Pour autant, cela ne veut pas dire que c’est sans effort.
Cette analyse se veut donc extrêmement rapide et pourtant efficace. Quelle est la différence avec le coaching ou les tests de personnalité ?
Je pose des questions très spécifiques car je sais ce que je cherche chez la personne, alors que le coaching laisse aller la personne là où elle l’entend.
La durée par ailleurs. C’est un entretien unique à la suite duquel je fournis un document récapitulatif de ce qui est ressorti du profil de la personne. Mais attention, je ne donne pas la solution pour savoir quoi faire de ces clés. Il s’agit ici d’une autre compétence qui concerne les valeurs, les croyances, les éventuelles barrières mentales, les priorités de vie. C’est un autre métier qui est en général proposé par le coach de vie ou le coach professionnel. En revanche, savoir comment on fonctionne accélère la prise de conscience du « quoi en faire » avec le bon coach.
Contrairement aux tests et à la psychologie, qui analysent les caractères, les comportements, les réactions face à des situations de stress, les émotions, les préférences ou les aptitudes. Mon approche étudie le mécanisme de l’action et le mécanisme motivationnel de la personne.
A ce jour, quelque 300 personnes ont découvert leur spécifié dans l'action, en France et en Italie.
Catherine Gradel - cathygradel@gmail.com | Mobile : +39 349 3 349 626
Formée à l'EM Lyon Business School, elle anime également des séminaires auprès du réseau des anciens, dont elle est référente en Italie. Elle intervient aussi en bénévolat à l’Associations de Diplômés de La Luiss Università à Rome.
Publi info