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UNIVERSITÉ - "Avec l’anglais et le français, on va partout"

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Directrice du département de langues et cultures contemporaines à l'Université degli Studi de Milan, Marie-Christine Jullion défend activement le français dans l'enseignement secondaire. Elle a contribué à la création d'une licence en médiation linguistique et culturelle. Rencontre

Christine Jullion, directrice du département de langues et cultures contemporaines à laStatale (Photo LPJ)

LPJ : Quel est votre parcours ?
Marie-Christine Jullion :
J'ai commencé comme lectrice, puis enseignant chercheur à l'Université catholique de Milan. Ensuite j'ai été maître de conférences à l'Université de Trento et à l'Université de Pavie. Je suis maintenant professeur des universités et directrice du département de langues et cultures contemporaines à l'Université degli Studi de Milan.

Pourquoi avez-vous créé la licence Médiation linguistique et culturelle ?
La laurea en mediazione linguistica e culturale dépend des facultés de lettres et de sciences politiques. Nous avons créé cette laurea en 2001 au moment de la réforme universitaire pour développer l'enseignement linguistique au sein de la faculté de sciences politiques. Mediazione linguistica accueille 500 étudiants en première année, qui, en plus des matières juridiques et économiques, étudient deux langues et leurs cultures respectives. En master 1 et 2, nous avons 250 à 300 étudiants par an. Les locaux de Sesto San Giovanni ont été inaugurés en octobre 2005.

Qu'est-ce qu'un médiateur ?
Le médiateur se situe entre une personne qui ne parle pas une langue ou ne connaît pas la réalité d'un pays et une entité juridique ou une institution. Les médiateurs sont de plus en plus demandés, à tous les niveaux, que ce soit dans les organisations internationales, dans l'administration publique -hôpitaux, mairies, écoles, prisons- ou même dans les entreprises.

Quelle est la place du français dans vos formations ?
Pour la laurea en mediazione linguistica, 200 étudiants environ apprennent le français à partir de la première année. Après l'anglais, les langues les plus étudiées pour cette laurea sont l'espagnol, le chinois et français. Notre expérience depuis la création de cette filière montre que le français garde sa place, malgré la prépondérance de l'anglais dans les écoles secondaires.

"Les certifications au sein de l'université risquent de provoquer un appauvrissement"

Quel regard portez-vous sur l'évolution des études de français en Italie ?
Les certifications Delf et Dalf qui ont beaucoup de succès en Italie ne doivent pas être confondues avec les examens de langue à l'université. Alors que les certifications donnent une préparation homogène essentiellement linguistique, les cours universitaires donnent une préparation spécifique selon les différentes filières qui ne se limite pas à la langue comme instrument de communication mais développe aussi des compétences culturelles et métalinguistiques. C'est pourquoi la reconnaissance des certifications au sein de l'université risque de provoquer un appauvrissement des connaissances linguistiques des étudiants et une disparition progressive des cours et donc, des postes de professeur de français.
Un autre problème dans notre faculté est dû au fait que certaines filières ont remplacé les examens de langue par une épreuve appelée accertamento qui ne prévoit pas de note. Les élèves sont donc très peu motivés pour travailler et venir en cours. Même les accertamenti entraînent un appauvrissement des compétences réelles des étudiants.

"Le français a toujours été la langue de la diplomatie"

Et dans le secondaire ?

Je suis pessimiste. Les élèves choisissent l'anglais, puis l'espagnol, qui est de plus en plus demandé. Avant, presque toutes les personnes qui faisaient des études secondaires connaissaient le français et en étaient fières.

En quoi est-ce important de parler le français ?
Pour les sciences politiques, c'est essentiel. Le français a toujours été la langue de la diplomatie. A Bruxelles, les deux principales langues sont l'anglais et le français. C'est aussi une des six langues aux Nations unies. A cause aussi de notre passé colonial, le français est parlé dans le monde entier. Avec l'anglais et le français, on va partout. 

Pourquoi vous êtes-vous installée en Italie ?

J'ai de lointaines origines italiennes? Et je me suis mariée avec un Italien.
Propos recueillis par Corentine GASQUET. (www.lepetitjournal.com - Milan) lundi 25 février 2008

Site : http://users.unimi.it/medialin

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Publié le 25 février 2008, mis à jour le 13 novembre 2012
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