Décédé la veille de ses 99 ans ce dimanche, le grand sculpteur Arnaldo Pomodoro laisse un héritage d’œuvres monumentales disséminées dans des lieux symboles du monde entier.


L’artiste italien Arnaldo Pomodoro est mort le 22 juin à Milan, la veille de son 99e anniversaire, a annoncé la Fondation qui porte son nom.
Le sculpteur contemporain, l’un des plus importants de la scène mondiale, s’est notamment distingué pour ses œuvres monumentales, caractérisées par un langage artistique qui mêle formes géométriques et symbolisme, avec une attention particulière portée aux matériaux.
En bronze principalement, ses sculptures marquent aujourd’hui le panorama urbain dans différentes villes du monde, comme Lampedusa, Sorrente, Rimini, Pesaro, Gênes, Rome, Milan, Pavie, Terni, Turin, Tivoli, Belluno, Bologne, San Giovanni Rotondo (dans la Basilique de Padre Pio de Renzo Piano), en Italie. En dehors des frontières, on les admire à Copenhague, Brisbane, Dublin (au Trinity College), Los Angeles, ainsi qu'au Mills College en Californie, dans les plus grands musées du monde jusqu’au siège de l'ONU à New York.

Son œuvre, des espaces à explorer
Arnaldo Pomodoro s’exprime à travers des sphères, des disques, des colonnes ou encore un véritable labyrinthe, des œuvres qui se distinguent par leurs contrastes entre surfaces lisses et rugueuses, des formes fermées et ouvertes, volumes pleins et vides, et qui évoquent souvent un sentiment de mystère et de réflexion.
Car pour l’artiste italien, la sculpture n’est pas un simple objet. Son art se veut spatial, environnemental ; il doit être vécu.
Tour du monde des œuvres d’Arnaldo Pomodoro
Plusieurs de ses œuvres les plus célèbres se trouvent à Rome, à l’instar de la « Sphère avec sphère » (1990). Conservée au Musée national d’art contemporain de Rome, cette sculpture en bronze représente une sphère divisée en deux, à l’intérieur de laquelle une forme interne semble se mouvoir ; un symbole de dualité et d’interaction entre le connu et l’inconnu. La « Grande Porte du Paradis » (1968), créée pour le Palais des Congrès de Rome, interpelle avec sa série de motifs géométriques et de symboles, évoquant un sentiment de sacralité et de transcendance.
Aux Musées du Vatican, la Sphère n.1 d’Arnaldo Pomodoro, réalisée en 1960 pour l’Eglise, s’impose dans le Cortile della Pigna, où elle adopte une signification d’autant plus symbolique. Elle ressemble à une sphère dans une sphère, qui tourne lentement, mue par le vent, tout comme l'Église. Sous une surface apparemment parfaite, elle maintient des équilibres complexes qui durent depuis des siècles et sont mis en mouvement par le Mystère de la Foi.
A admirer également, « La Grande Sphère » placée à l'entrée du ministère des Affaires étrangères à Rome, ou encore celle située à Pesaro, dont la légèreté est sublimée par la grande fontaine à débordement qui l'entoure.
D'autres sphères sont disséminées à travers le monde, du Glass Palace de New York au Trinity College de Dublin, du Christian Theological Seminary d'Indianapolis au Columbus Museum of Art de Columbus.
Des « Colonnes » de plus de 200 mètres de haut s’érigent à Rome (Palazzo Borromeo) et Pavie, comme symbole de stabilité et de renforcement de l'identité culturelle.

A Milan, c’est un véritable Labyrinthe qu’Arnaldo Pomodoro a conçu dans les espaces souterrains de l'ancien bâtiment des Officine Meccaniche Riva-Calzoni, ancien lieu d'exposition de la Fondazione Arnaldo Pomodoro (2005-2011), et aujourd'hui siège milanais de la Maison FENDI. Pour cette œuvre environnementale de 160 m², réalisée en 1995, l’artiste italien s’est inspiré de l'épopée de Gilgamesh, premier grand poème allégorique de l'histoire de l'humanité (vers 2000 av. J.-C.), offrant un voyage entre mythe et mémoire, à la découverte des racines de l'expérience humaine. Le labyrinthe est nouveau visitable après une longue période de fermeture pour travaux (sur réservation).
Le «Cono di Luce», « Cone de lumière » (1998), créé pour le Campus de l'Université de Bologne, l’artiste propose une exploration du concept de lumière et d'obscurité, avec un fort symbolisme d'ouverture et de découverte.
Le «Cube de Scarabée » (1973), placé dans le jardin du Museum of Modern Art de New York, reflète quant à lui le dialogue entre peinture et sculpture, alors que « Le Grand Livre » (1991), une série de pages en bronze présentée au Musée de Saint-Etienne en France, Arnaldo Pomodoro reflète l'importance de la connaissance et de la mémoire.
C’est un « Disque Solaire » qui trône à Moscou devant le Palais de jeunesse de la capitale russe, un don du gouvernement italien à l’Union soviétique dans la période de dégel après la guerre froide.
La Fondation Arnaldo Pomodoro continuera désormais à œuvrer, assurant la conservation et la valorisation d’un patrimoine pour l’humanité.
