Avec les Guieu et les Wytenhove, la famille Kaufman est l'une des plus vieilles familles françaises de Milan. Rencontre avec Odette, l'une des doyennes de la communauté française, arrivée en 1947, à une époque où la campagne commençait aux bastioni
(photo LPJ)
Odette Kaufman, 88 ans, est arrivée en Lombardie en 1947, après avoir épousé le fils d'un Alsacien dont la famille était installée depuis 1910 en Italie, pour implanter la filiale de DMC qui produit du coton à broder. A son arrivée dans la capitale lombarde, jeune maman, elle ne parlait pas un mot d'italien. C'est donc tout naturellement qu'elle s'est précipitée à la colonie française -aujourd'hui rebaptisée Communauté française de Milan et de Lombardie. Si elle a tâché d'apprendre la langue, beaucoup de ses amies de l'époque ne s'y sont jamais mises. "Les Français étaient terribles, toujours à vouloir rester entre eux", se souvient-elle, "mais il faut dire que s'intégrer dans la société milanaise est très difficile".
La communauté était petite, mais soudée. Les Guieu, les Wytenhove et les Kaufman se sont longtemps fréquentés et sont devenus intimes, au gré des cocktails et des dîners, des pique-niques en famille. Puis les amis d'Odette sont rentrés vivre en France, bien que beaucoup de leurs enfants ont fait des mariages mixtes et sont restés dans la région, tous comme les siens.
"Milan n'est plus vivable"
Aujourd'hui Odette Kaufman se souvient avec nostalgie de la ville qu'elle a connue quand elle a quitté son Poitou natal. Même si de sa propre volonté elle n'aurait pas choisi d'y vivre. Il y avait peu de voitures et beaucoup moins de béton. A l'extérieur des bastioni, on était déjà presque à la campagne. Son mari a passé son enfance dans un appartement non loin de l'actuel corso Buenos Aires, et son immeuble était entouré de fermes -on peut y voir encore aujourd'hui des façades de fermes conservées. "Tous les matins, une paysanne faisait tous les étages avec sa chèvre pour distribuer le lait", raconte-t elle, amusée. Difficile d'imaginer Milan en version bucolique ! "Autrefois Milan était vivable, ce n'est plus le cas, et même si tous mes amis sont morts ou rentrés en France, je reste car c'est ici que j'ai mes enfants".
Cette amatrice de Celentano et de la région des lacs sait à quoi s'en tenir en Italie. Elle émet volontiers quelques reproches, notamment au sujet de la ponctualité plus qu'approximative des Italiens !
Marie MALZAC. (www.lepetitjournal.com - Milan) mardi 25 mars 2008
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