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Dans le Nord de l’Italie, la sécheresse menace la vallée du Pô

fleuve Pô en sécheressefleuve Pô en sécheresse
Un char allemand datant de 1945 affleure avec la baisse du niveau du Pô. Photo : musée de la Seconde Guerre mondiale du fleuve Pô sur Facebook.
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 19 juin 2022, mis à jour le 19 juin 2022

Le plus grand fleuve d’Italie est en proie au pire épisode de sécheresse enregistré depuis 70 ans dans le nord de la Péninsule. Une situation très inquiétante pour la biodiversité et l’agriculture.

Début juin, l’Observatoire sur la sécheresse a tiré la sonnette d’alarme : selon les endroits, le niveau du Pô se situe entre 30% et 70% plus bas que la moyenne de saison. En cause, l’anticyclone subtropical qui bloque, depuis janvier, les courants atmosphériques censés apporter de la pluie et de la neige sur le haut de la botte italienne. En créant des conditions climatiques estivales dès la fin de l’hiver, cette anomalie météorologique a des effets dramatiques sur le fleuve et sa région.

La plaine du Pô : première victime de cet intense épisode de sécheresse

Cela fait plus de cent jours que certaines terres traversées par le Pô n’ont pas vu une seule goutte de pluie, et la situation va en s’aggravant. Si les glaciers et les sources d’altitude ont permis de limiter les dégâts au mois de mai, ils risquent de ne pas faire le poids face à la chaleur estivale, qui fait aussi disparaître la neige dans les Alpes lombardes et piémontaises. La baisse du niveau du Pô et la désertification de sa plaine est vouée à s’aggraver avec l’été et devrait avoir, dans un avenir immédiat, des conséquences très graves pour la biodiversité régionale. Ce phénomène s’accompagne aussi d’une augmentation du risque d’incendies, d’une infiltration d’eau salée dans les nappes phréatiques et une inefficacité des installations hydroélectriques. Le secteur le plus menacé est sans aucun doute celui de l’agriculture : sa demande en eau ne pouvant pas être satisfaite en l’état des réserves, une diminution de 40% de la production fruitière et de 50% des cultures de maïs et de soja sont attendues dans la région.

Des mesures drastiques pour limiter les dégâts

D’après Meuccio Berselli, secrétaire général de l’Autorité départementale du Fleuve Pô, dans une dizaine de communes piémontaises et lombardes « des camions-citernes sont déjà en action pour fournir de l’eau, car les réservoirs locaux dépendent de sources qui ne sont plus ». Certaines entreprises adhérentes à l’association Utilitalia, qui réunit les gérants des aqueducs, demandent par ailleurs l’interruption de la provision nocturne d’eau potable dans 125 communes du Piémont et de la province de Bergame. Des opérations de rationnement en eau des organisations et entreprises sont également en cours, tandis que des installations ont déjà été mises en place pour récupérer de l’eau dans des aquifères situés plus en profondeur.

La région Emilie-Romagne est ainsi prête à demander au gouvernement l’état d’urgence nationale, comme l’a déclaré Irene Priolo, adjoint régionale à l’environnement et Protection civile.

La baisse du niveau du Pô fait ressurgir des trésors du passé

Si cet épisode de sécheresse s’annonce délétère pour la biodiversité et l’économie régionale, il s’est avéré très intéressant d’un point de vue archéologique et paléontologique. En effet, en se recroquevillant dans son lit, le Pô a fait ressurgir des fragments de son histoire. Vers Gualtieri, en Émilie-Romagne, un bateau commercial de 15 mètres de long ayant coulé sous les bombardements nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, a refait surface. Quelques kilomètres plus loin, un char d’assaut a aussi été repêché : les troupes allemandes l’auraient poussé dans le fleuve, le 23 avril 1945, pour éviter qu'il ne tombe entre les mains des Américains. Mais certaines trouvailles remontent à bien plus longtemps, comme les restes d’une maison en brique d’un village médiéval détruit par de fortes inondations en 1808 ou une mâchoire fossilisée de l’espèce de loups qui peuplait la plaine du Pô à l’Antiquité.


Luz Escoubes

 

lepetitjournal.com Milan
Publié le 19 juin 2022, mis à jour le 19 juin 2022

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