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L’Italie, enfin proche de mettre en place une nouvelle loi électorale

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La Chambre des députés a approuvé la réforme électorale italienne / Flickr
Écrit par Emmanuelle Révillion
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 16 octobre 2017

Après des années de débat, la Chambre des députés a voté en faveur d’une réforme du système électoral. Si elle obtient l’aval du Sénat, elle pourrait mettre fin à l’actuelle instabilité politique.

 

Enfin, après plus d’une dizaine d’années de projets présentés en vain, la nouvelle loi électorale a passé l’étape de la Chambre des députés jeudi dernier. Le gouvernement avait, cette fois-ci, voulu éviter tous risques de rejet en engageant sa responsabilité avec l’utilisation du vote de confiance. Une stratégie payante : c’est avec une majorité confortable - 375 votes pour et 275 contre -, que le texte peut maintenant être transmis au Sénat.

 

Surnommée « Rosatellum bis » ou encore « Rosatellum 2.0 », cette nouvelle loi n’en est pas à sa première formulation. Une précédente version avait déjà été présentée par son auteur, Ettore Rosato, président du groupe parlementaire du Parti démocrate de la Chambre, en juin dernier. Cette dernière avait, dans un premier temps, réussi à mettre d’accord les 4 principaux partis : le PD, Forza Italia, la Ligue du Nord mais aussi le Mouvement 5 étoiles. Une entente qui n’avait durée que quelques jours pour finalement s’effondrer. Cet échec faisait suite à celui de Matteo Renzi avec sa réforme électorale « Italicum », enterrée par les électeurs lors du référendum constitutionnel en décembre dernier.

 

Un rejet qui a conduit au système électoral actuel, un système des plus instables. Avec une Assemblée Nationale élue au scrutin majoritaire et un Sénat élu à la proportionnelle, ce dernier rend difficile, voir impossible, le fait que les deux Chambres soient de la même majorité. C’est cette absurdité que le nouveau texte souhaite résoudre en homogénéisant le processus. Il prévoit ainsi qu’un tiers des parlementaires seront désignés au scrutin uninominal majoritaire et que les deux tiers restant seront choisis selon un système de liste à la proportionnelle. Et cela dans les deux instances. Il précise également que pour pouvoir entrer au Parlement, les coalitions devront obtenir 10% des voix contre 3% pour un parti seul.

 

Un système obligeant les coalitions

 

Initialement proposée par le Parti démocrate, la nouvelle loi est soutenue par les partis traditionnels comme la Ligue du Nord ou encore Forza Italia, mais reçoit une vive opposition du Mouvement 5 étoiles. Une réaction qui peut sembler de prime abord paradoxale. En effet, selon l’agence de presse italienne AGI (Agenzia Gionalistica Italiana), le parti antisystème se retrouverait en tête des intentions de vote lors des prochaines élections, qui devraient se dérouler d’ici le mois de mai prochain, avec 27,2% des voix, presque à égalité avec le PD qui obtiendrait quant à lui 27,8% des voix.

 

Toutefois, si ce nouveau mode de scrutin est approuvé par le Sénat, il rendrait difficile, voir impossible, qu’un parti puisse gouverner seul en obtenant la majorité des voix. La formation de coalitions devrait alors devenir la norme. Une idée qui ne plait pas au Mouvement 5 étoiles qui a toujours refusé de s’allier à d’autres formations politiques. Beppe Grillo a d’ailleurs qualifié jeudi dernier, sur son blog, les défendeurs du texte de « magouilleurs qui ne veulent pas perdre leur pouvoir », en citant expressément Matteo Renzi, Silvio Berlusconi et Matteo Salvini.

 

Le M5S n’est pas le seul à contester la réforme : les petits partis du centre et de la gauche n’y sont pas non plus favorables. Le seuil minimum de 3% des voix, demandé pour pouvoir entrer au Parlement, leur ferait en effet perdre un grand nombre d’élus et ne leur permettrait d’exister que par le système d’alliance.

 

Le Parti démocrate ne devrait quant à lui pas rechigner à l’idée de construire une coalition, notamment avec le petit parti démocrate-chrétien Alternative Populaire. Néanmoins, selon le quotidien La Repubblica, cette alliance serait loin d’être suffisante pour obtenir la majorité absolue de 316 sièges, nécessaire pour gouverner. C’est pourquoi le PD aurait aussi besoin du soutien de Forza Italia, aujourd’hui considéré comme le seul mouvement de centre-droit qui pourrait accepter de se joindre à lui.

Si elle est votée par le Sénat, la loi nouvelle loi électorale sera mise en œuvre avant les législatives qui auront lieu début 2018.

Emmanuelle Révillion
Publié le 16 octobre 2017, mis à jour le 16 octobre 2017

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