Les principaux partis italiens se sont enfin mis d'accord pour une réforme de la loi électorale établissant un scrutin proportionnel à l'allemande, revisité à la sauce italienne. Son adoption d'ici le mois de juillet pourrait aboutir à un scrutin législatif en octobre.
Cela fait plus de 10 ans que les partis politiques cherchent à modifier le mode de scrutin en Italie. En vain. La semaine dernière, les quatre principaux partis - le Parti Démocrate (PD) de Matteo Renzi, Forza Italia (FI) de Silvio Berlusconi, la Ligue du Nord de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo -, se sont entendus sur une réforme inspirée du système allemand : un système proportionnel avec un seuil minimal de 5 % des suffrages exprimés pour permettre à un parti de rentrer au Parlement.
Aujourd'hui, du fait d'une série d'amendements aux lois existantes, l'Assemblée nationale est élue au scrutin majoritaire alors que le Sénat est élu à la proportionnelle. En décembre dernier, Matteo Renzi avait tenté de réformer la loi électorale avec Italicum qui imitait le système français majoritaire à deux tours dans le but d'assurer une stabilité politique. Il avait alors été largement été rejeté par les électeurs lors du référendum constitutionnel, poussant ainsi l'ancien président du Conseil à démissionner.
Scénario d'instabilité
Le modèle allemand est aujourd'hui préféré par les grands partis politiques italiens. La commission des affaires constitutionnelles de l'Assemblée nationale a planché tout le week-end sur les 780 amendements de la nouvelle loi inspirée de la proportionnelle allemande, revisitée à la sauce italienne. En clair, la nouvelle loi pourrait être à 60 % proportionnelle et à 40 % majoritaire. 232 sièges seront ainsi pourvus au scrutin uninominal à un tour à la chambre des députés, 112 au Sénat, le reste selon une représentation proportionnelle, soit 398 sièges à l'Assemblée nationale et 203 au Sénat, uniquement pour les partis ayant dépassé le seuil des 5 %.
Avec ce scénario, le PD, Forza Italia, la Ligue du Nord et le M5S se retrouveraient comme principaux acteurs à l'Assemblée. Pour autant, selon les projections, aucun parti ni aucune coalition ne remporterait plus de 50 % des sièges. Les petits partis quant à eux, notamment centristes, et essentiels aux coalitions gouvernementales ces dernières années, perdraient leurs quelques élus du fait du seuil des 5 %. Ce qui rendra la formation d'un gouvernement difficile. Voire impossible.
Le plus pressé d'anticiper le scrutin - initialement prévu au printemps 2018 - au mois d'octobre, est Matteo Renzi qui n'a toujours pas digérer sa cinglante défaite en octobre. Egalement très favorable à un scrutin après l'été afin de profiter de son ascension permanente dans les sondages, le Mouvement 5 étoiles espère de son côté arriver au pouvoir.
Reste que de nombreuses voix s'élèvent contre des élections anticipées : le ministre des affaires étrangères Adriano Alfano, Mario Monti, Enrico Letta, syndicats ou encore marchés financiers. Tous craignent des élections à répétition dans un moment où il faudra être en mesure de signer la loi de finances (avant le 31 décembre 2017), où le pays a plus que jamais besoin de stabilité. Tout comme l'Union européenne.