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L’Italie, ébranlée par le danger grandissant des "baby gang"

BabyGang ItalieBabyGang Italie
Écrit par Azaïs Perronin
Publié le 22 janvier 2018, mis à jour le 22 janvier 2018

Depuis quelques mois, le phénomène de la criminalité organisée des « baby gang » s’intensifie. Des actes extrêmement violents sont signalés quotidiennement un peu partout dans la Péninsule.

A Naples, Modène, Turin, Milan : la violence quotidienne des baby gang terrorise l’Italie. Pas un jour ne se passe sans que la presse transalpine ne rapporte des faits d’une brutalité extrême, menés par des bandes d’enfants, des mineurs, principalement à Naples.
Le 12 novembre dernier, un jeune de 15 ans, encerclé par un gang de 10 mineurs, se fait poignarder – plusieurs fois -, par l’un d’entre eux. Il est arrivé la même chose le 18 décembre 2017 à Arturo, 17 ans, poignardé à la poitrine et à la gorge, dans une rue située en plein centre de Naples. Le 12 janvier, c’est Gaetano qui a été victime de coups de poings qui l’ont ravagé, alors qu’il attendait son bus.

A Milan, le 18 janvier dernier, des dommages considérables ont été relevés dans le métro. La raison ? Aucune apparente si ce n'est celle de causer le désordre. Les auteurs sont évalués à une quarantaine au total, mineurs pour la plupart.
Le phénomène est devenu courant, les méthodes opératoires, similaires. De jeunes délinquants, regroupés, choisissent une proie au hasard dans la rue et la brutalisent. La jeunesse. C'est précisément ce qui soulève l'indignation générale et l'incompréhension. Les agresseurs sont majoritairement âgés de 15 ans environ. Plus jeune encore est le gang Parrocchiella de Montesanto à Naples, dont les membres sont âgés de 9 à 12 ans. Eux poussent le vice et n'hésitent pas à s'afficher sur Facebook couteaux, pistolets et poings américains à la main.

Car la mise en scène fait aussi partie de leur mode opératoire. Certains jeunes vont même jusqu'à imiter des scènes de la série télévisée Gomorra. Cette dernière, plongeant le téléspectateur au cœur de la mafia napolitaine, causerait un dommage à la lutte contre la criminalité organisée pour certains magistrats anti-mafia. Face à ce phénomène, le premier ministre Marco Minniti a jugé nécessaire de se rendre à Naples aux côtés des familles. A cette occasion, il a annoncé le déploiement de cent unités pour contrôler les zones sensibles.

 

baby gang naples

 

Une jeunesse italienne en manque de repères

Des jeunes, mis au banc de la société, prennent la voie de la violence de rue. Qu'est-ce qui pousse ces enfants du pays à de telles violences ? Ces actes sont le reflet d'une société en crise, d'une jeunesse en perte de repères. Interrogé par le magazine Vita, un prêtre du quartier Sanità de Naples, a déploré cette société où « Nous ne pouvons même plus demander à nos enfants : qu'est-ce que tu aimerais faire quand tu seras grand ? ». Surtout dans un pays où le taux de chômage des moins de 25 ans culmine à 34.1% contre 17,2% dans l'Union européenne, selon un rapport de la Commission européenne de mars 2017.
La misère sociale, un climat familial difficile, une école qui ne parvient pas à pallier ce manque d'encadrement, les causes sont nombreuses. Le constat, dramatique. Le juge Nicola Quatrano n'hésite pas à rapprocher l'origine de ce phénomène de celui du terrorisme. Dans les motivations d’une décision de juin 2016 relative à 43 jeunes criminels du quartier Forcella à Naples, il juge le baby gang : « obsédé par la mort, comme les djihadistes ». Cette jeunesse atteindrait une telle perte d'idéaux qu'elle ne trouverait pour autre réponse à ses angoisses qu'une profonde expression de brutalité.

 

Publié le 22 janvier 2018, mis à jour le 22 janvier 2018

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