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Crise migratoire : Depuis Lampedusa, l’annonce du plan de l’UE pour aider l’Italie

Face à l’afflux de plus de 10.000 migrants en quelques jours à Lampedusa, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est rendue sur l’île italienne dimanche, sur invitation de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. Un plan d’action en 10 points a été annoncé.

Giorgia Meloni devant des bateaux de migrants à LampedusaGiorgia Meloni devant des bateaux de migrants à Lampedusa
Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen en visite à Lampedusa, le 17 septembre 2023 | Palazzo Chigi CC BY-NC-SA 3.0 IT
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 17 septembre 2023, mis à jour le 19 septembre 2023

Lampedusa : que s’est-il passé sur l’île italienne ces derniers jours ?

Lampedusa est en situation d’urgence depuis mercredi 13 septembre. La petite île italienne, située à moins de 150 km des côtes tunisiennes, est l’une des principales portes d’entrée vers l’Europe. Les bonnes conditions météo ont poussé en mer les candidats à l'exil : plus de 11.000 personnes en provenance d'Afrique du Nord ont débarqué sur l’île depuis lundi dernier, selon le ministère de l'Intérieur italien, soit l’équivalent de la population locale sur cette île. Un "record absolu". Le centre d'accueil de l'île, géré par la Croix-Rouge italienne (CRI), construit pour héberger moins de 400 personnes, est complètement saturé.
Le nombre de migrants débarqués en Italie a bondi en 2023. Le gouvernement italien recense près de 124.000 arrivées depuis janvier, contre 65.500 au cours de la même période en 2022.

 

Un appel à la solidarité européenne

Dans un message vidéo diffusé vendredi 15 septembre, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a qualifié la pression migratoire d'« insoutenable », exhortant l'Union Européenne à réagir. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est aussitôt rendu à Lampedusa ce dimanche, répondant à l’invitation de Giorgia Meloni à visiter le centre d’accueil de l’île.

Emmanuel Macron a quant à lui défendu vendredi, un « devoir de solidarité européenne » avec l’Italie, confrontée à l’afflux de migrants à Lampedusa. Le président de la République a également annoncé qu’un travail était en cours entre les deux gouvernements.
Berlin a néanmoins suspendu l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie en raison d’une « forte pression migratoire », accusant Rome de ne pas respecter les accords européens de Dublin, texte fondateur de la politique migratoire légale en Europe.

 


Le plan d’action de l’UE en 10 points

A l’issue de sa visite à Lampedusa dimanche 17 septembre, la présidente de la Commission européenne a illustré les nouvelles mesures que Bruxelles entend prendre pour soutenir Rome dans la gestion de la crise migratoire.
« Il ne s’agit pas d’un geste de solidarité envers l’Italie, mais d’un geste de responsabilité envers l’Europe », a déclaré Giorgia Meloni en introduction de la conférence de presse.
« Nous sommes ici pour une réponse coordonnée. La crise des migrants est provoquée par les trafiquants », a déclaré Ursula von der Leyen pour introduire le plan d'intervention de Bruxelles en 10 points.

 

L’aide de Frontex et des autres agences de l’UE
La première ligne d'action consiste à aider l'Italie à travers Frontex, l'agence pour l'asile, ainsi que d'autres entités européennes, à faire face à la crise en accueillant, enregistrant et en identifiant les migrants arrivant sur l'île de Lampedusa.

Transferts de Migrants
Bruxelles s'engage à intensifier ses efforts pour transférer les migrants de Lampedusa vers d'autres destinations, exhortant également les pays de l'UE à activer le mécanisme de solidarité volontaire pour les accueillir sur leurs territoires nationaux.

Rapatriements
Frontex apportera également son aide dans les opérations de rapatriement des migrants vers leur pays d'origine. A cette fin, l'intensification des relations avec ces pays est également attendue

Lutte contre les trafiquants
"Nous déciderons qui arrive en Europe et non les trafiquants", a déclaré Ursula von der Leyen lors de la conférence de presse conjointe avec la Première ministre Meloni qui a clôturé sa visite à Lampedusa. L’objectif est donc de renforcer la lutte contre les passeurs, notamment en renforçant la législation et en collaborant davantage avec les pays d’origine et de transit.

Nouvelles missions navales possibles
Frontex va intensifier la surveillance aérienne et navale. Cependant, il ne peut être exclu - comme l'a demandé Rome - que soient lancées de nouvelles missions navales sur le modèle de Sophia, la première opération militaire européenne de sécurité maritime en Méditerranée centrale, lancée en 2015.

Saisies et destruction des bateaux des passeurs
Une autre façon de cibler les trafiquants consiste à intervenir dans leur chaîne logistique, par exemple en saisissant et en détruisant les bateaux utilisés pour le trafic d'êtres humains.

Plus de rapidité dans l'examen des demandes d'asile
L'Agence européenne pour l'asile travaillera aux côtés des autorités nationales pour examiner plus rapidement les demandes d’asile soumises par les migrants, en rejetant celles qui ne sont pas fondées et en renvoyant ceux qui les ont soumises dans leur pays d'origine.

Couloirs humanitaires
Pour démanteler le réseau de trafic, un renforcement des couloirs humanitaires est attendu, ce que Ursula von der Leyen a défini comme « la mesure la plus efficace pour contrer les mensonges des trafiquants et briser le cercle vicieux » créé au fil des années.

Collaboration avec l'ONU
Le projet de l’UE vise le renforcement de la coopération avec l'ONU et notamment la collaboration avec les agences qui s'occupent des migrants (HCR et OIM), afin de garantir leur protection même lors des retours assistés.

Travailler ensemble avec la Tunisie
Le dixième point consiste à accélérer la mise en œuvre du protocole d'accord signé en juillet dernier avec la Tunisie. L’accord vise à tenter de réduire le flot des migrants arrivant des côtes tunisiennes, en échange d’une aide financière à ce pays nord-africain confronté à de graves difficultés économiques.

 

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