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Couac diplomatique après un contrôle douanier français en Italie

Bardonecchia migrante nigérianeBardonecchia migrante nigériane
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 1 avril 2018, mis à jour le 3 avril 2018

La presse et les politiques italiens s’insurgent contre la France suite à un contrôle douanier mené par la police française du côté italien de la frontière, prenant des allures de clash diplomatique.

En quelques heures, la crise frontalière s’est transformée en crise diplomatique. L’histoire a commencé le 30 mars dernier lorsque cinq douaniers français à bord du TGV Paris-Milan ont suspecté un voyageur de nationalité nigériane et résident italien, de transport de stupéfiants. Ce dernier avait un billet valide pour Milan, en vue de se rendre ensuite à Naples. Obtenant son autorisation écrite pour effectuer un test d’urine, ils descendent à la gare de Bardonecchia (Piémont) où ils utilisent un local de la gare.
« Une irruption qui a été vécue comme une invasion du territoire », souligne la Repubblica. Selon la version italienne en effet, les douaniers sont entrés armés, après avoir frappé à la porte, dans un local mis à disposition de l’ONG Rainbow4Africa qui soigne et assiste les migrants, et demandé « brutalement d’accéder aux toilettes » afin d’effectuer le test. Ce dernier s’étant révélé négatif, les douaniers sont repartis.

A travers un communiqué de presse envoyé samedi 31 mars dans l’après-midi, le gouvernement français se défend en invoquant un accord de coopération datant de 1990.
L’Italie rétorque que ces locaux profitaient désormais à l’ONG humanitaire et n’étaient donc plus accessibles aux douaniers français sans autorisation préalable, comme expliqué dans un échange de mails datant de ces dernières semaines, entre la société des chemins de fer et les responsables des douanes françaises.

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L’affaire est immédiatement remontée au gouvernement et le ministère des Affaires étrangères italien a convoqué le lendemain l’ambassadeur de France en Italie, Christian Masset. Face à un classe politique qui dénonce « une violation inacceptable de la souveraineté de l’Italie », l’ambassadeur français à Rome soutient la version des faits française, insistant sur l’accord de coopération.

Ultimatum de Rome à Paris

Une position qui n’a pas manqué d’attiser la colère des politiques italiens qui s’attendaient à « des excuses officielles ». Le plus dur de tous, Matteo Salvini, leader de la Ligue du Nord, demande au ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni « d’éloigner les diplomates français ». Le chef du Mouvement 5 étoiles Luigi Di Maio s’est montré quant à lui plus institutionnel réclamant « une clarification » de la situation, alors que l’ancien président du Conseil Enrico Letta parle d’une « énième erreur sur la question des migrants ». Ajoutant : « Puis en Europe on s’étonne des résultats électoraux de l’Italie ».
Le ministère des Affaires étrangères italien parle quant à lui d’un « acte grave et inacceptable qui remet en cause le fonctionnement de la collaboration frontalière entre les deux pays, jusqu’ici excellente ». Et le ministère de l’Intérieur a annoncé samedi soir suspendre les accords entre les deux pays, interdisant ainsi aux agents de la police française des frontières d’accéder à l’Italie même pour un contrôle urgent d’un suspect.

Presse italienne furibonde

Dimanche 1er avril, la France fait la Une de tous les quotidiens italiens. Et les réactions sont unanimes. La Stampa titre « Les Français violent les frontières italiennes », Il Giornale accuse Emmanuel Macron de « jouer les caïds », le Corriere della Sera va jusqu’à juger qu’il s’agit de « directives du gouvernement sur le contrôle des migrants ». La Repubblica quant à elle, critique la presse française qui « a ignoré les polémiques en ne publiant un premier article (de l’AFP) que le samedi soir à 20h, alors même que l’ambassadeur de France à Rome avait déjà été convoqué ».

Se voulant pacifique, le gouvernement français se dit « à la disposition des autorités italiennes afin de clarifier le cadre juridique et opérationnel dans lequel les douaniers français peuvent intervenir sur le sol italien ». Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, également chargé des Douanes, devrait se rendre à Rome dans les prochains jours.
En attendant, le parquet de Turin a ouvert une enquête contre X pour « abus de pouvoir », violence privée » et « violation de domicile ».

 

MAR
Publié le 1 avril 2018, mis à jour le 3 avril 2018

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