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CINEMA- Quand "Festival" rime avec "Business"

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 4 septembre 2013

Venise, Ischia, Turin, Milan, Rome ont un point commun : elles raffolent toutes de cinéma. Chacune leur tour, ces grandes et petites villes de la Péninsule investissent toujours plus dans le marché des festivals cinématographiques. Des sommes parfois exorbitantes qui rappellent que faire l'avènement du 7ème Art est aussi un véritable business.

Une affaire de gros sous sur le tapis rouge

Derrière l'effusion de stars et de paillettes, l'industrie du cinéma est désormais bien rôdée. Cette année, l'organisation du Festival de Venise a été facturée plus de 12 millions d'euros. Heureusement, dans l'antique cité marchande, le commerce de la culture n'effraye personne. Un retour sur investissement évalué à 36 millions d'euros est d'ores et déjà attendu sur le Lungomare Marconi. Un juste bénéfice dont se félicite Paolo Baratta, Président de la Biennale de Venise : "Il est vrai que nous tirons beaucoup de bénéfices de la ville mais nous le lui rendons bien" a-t-il déclaré au Sole24ore le jour de l'ouverture des festivités.

Le Festival Internazionale del film di Roma, qui projettera ses bobines du 8 au 17 novembre, a quant à lui évalué son budget à 11 millions d'euros pour l'année 2013. Aussi bien doté que son grand frère vénitien, Rome juge pourtant son pactole insuffisant. Paolo Ferrari, Président de la Fondazione Cinema per Roma et Marco Müller, Directeur artistique de l'évènement, espèrent une contribution de 2 millions d'euros de la part du Ministère pour les Biens et les Activités Culturels (Mibac). Un tourment financier que vit aussi la 31ème édition du Torino Festival Film qui se déroulera du 22 au 30 novembre. En effet, la difficulté des organisateurs à trouver des sponsors laisse planer le doute sur la survie de cette manifestation culturelle dans les années à venir.

Certes, dans la jungle des festivals personne ne vit d'Amour et d'eau fraîche. Cependant capitaux et intérêts économiques ne sont pas les seuls ingrédients d'un événement de qualité. En 2004, l'Associazione Festival Italiani di Cinema (Afic) a mis en place les 10 commandements de l'Afic_Lab. Fonctionnant comme un label, ce petit laboratoire a déjà identifié 30 festivals italiens dignes d'être qualifiés comme tel pour leur éthique professionnelle et culturelle. Le Torino Film Festival et la Mostra di Pesaro font partie des heureux élus. Une reconnaissance dont ils peuvent enfin jouir loin de l'ombre des géants vénitiens et romains qui eux n'ont pas été accrédités.

Festival, un levier pour l'export

La Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica, ainée des festivals de cinéma, naît en 1932 sur la terrasse de l'Hôtel Excelsior à Venise. Grande première italienne mais aussi mondiale, l'idée du Conte Giovanni Volpi di Misurata d'organiser un tel événement est à l'époque inédite. Aujourd'hui, alors que s'est ouverte la 70ème édition de l'historique manifestation, la Fondazione Cineconomy a déjà recensé plus de 280 festivals identiques dans la Botte.

Le pays qui a enfanté le mouvement du Neorealismo l'a bien compris : grâce à la visibilité mondiale qu'offre un festival, ce dernier est un puissant levier à l'exportation des productions. Entre 2006 et 2010, l'Associazione Nazionale Industria Cinematograficha Multimedia (ANICA) a évalué la valeur du marché de l'export italien à 50 millions d'euros. Pendant la même période, selon un rapport de la Fondazione Cineconomy, publié en 2011, près de 60% de la production cinématographique de la Péninsule a traversé les Alpes, soit plus de 370 films sortis en France.

Malgré cette apparente bonne santé, la comparaison du marché cinématographique italien avec sa cousine francophone laisse perplexe. Selon une étude réalisée et présentée en 2012 par l'Observatoire Européen de l'Audiovisuel (EAO) en 2011, les salles de cinéma de la Péninsule ont enregistré seulement 111 millions d'entrées contre 216 millions en France. Pour enfoncer le clou, la même étude signale que les deux pays pratiquent les mêmes prix d'entrée dans les salles obscures des cinémas. Loin de pointer du doigt les Italiens, "un popolo di artisti, di poeti, di eroi", à présent, c'est peut-être du côté de l'hécatombe des petits cinémas qu'il faudrait chercher.

Sous les feux de la rampe, le business des festivals ne serait-il pas l'arbre qui cache la forêt ?

Sophie Lei - (www.lepetitjournal.com de Rome) - mardi 3 septembre 2013

Crédits photos : www.labiennale.org

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Publié le 2 septembre 2013, mis à jour le 4 septembre 2013

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