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Avortement : Les cimetières à fœtus face à la justice italienne

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Écrit par Chloris Ploegaerts
Publié le 5 octobre 2020, mis à jour le 6 octobre 2020

Le témoignage d’une jeune femme à Rome relance la polémique autour de l’enterrement des fœtus avortés. Ces tombes, généralement creusées sans le consentement des patientes, sont le fait d’organisations religieuses qui profitent d’un cadre légal favorable.

C’est une découverte macabre qui a remis au jour une pratique anti-avortement courante en Italie. Après une interruption volontaire de grossesse, Marta Loi a appris l’existence d’une tombe à son nom mentionnant la date de son avortement au cimetière Flaminio à Rome, où son fœtus mort-né a été enterré. La jeune femme précise s’être pourtant opposée à cette sépulture dans un formulaire rempli après son IVG.

Son histoire, devenue virale sur les réseaux sociaux depuis le 28 septembre, n’a pas manqué de faire réagir. L’association Donna Differenza a déposé plainte auprès du procureur de Rome, qui a ouvert une enquête. Pour l’avocate de l’organisation, il s’agit d’une violation de la vie privée et donc de l’article 21 de la loi sur l’avortement, qui interdit de révéler publiquement l’identité des femmes ayant eu recours à l’IVG ainsi que de communiquer les détails de l’intervention médicale. Le collectif entreprend de rassembler les nombreux témoignages de victimes et a demandé à rencontrer le ministre de la Santé, Roberto Speranza.

Des « jardins des anges » actifs depuis 1999

Ces cimetières à fœtus se sont développés il y a plus de vingt ans, à l’initiative de groupes catholiques pro-vie. Le premier dénommé « jardin des anges » ouvre ses portes dans le Piémont en 1999, sur la base d’un accord entre l’association Difendere la vita con Maria (Advm) et plusieurs communes et centres hospitaliers de la région. Depuis, l’organisation s’est implantée à travers le pays a creusé 200 000 tombes.

En matière de sépulture, la loi italienne distingue plusieurs cas de figure, selon le stade de la grossesse et le type d’avortement pratiqué. Les fœtus morts-nés et ceux âgés de 20 à 28 semaines doivent être enterrés, n’étant pas considérés comme des « déchets sanitaires » voués à être détruits. Dans certaines régions comme la Lombardie, la Campanie et les Marches, ce délai a été abaissé.

Un cadre légal contourné

Mais en théorie, la législation inclut une autre condition fondamentale : la liberté de choix de la patiente. Si aucune demande de sépulture n’a été faite dans les 24 heures suivant l’avortement, celle-ci n’a plus lieu d’être. Les mouvements anti-IVG parviennent cependant à organiser des funérailles religieuses, grâce à leur entente avec certaines villes et hôpitaux qui leur délèguent ce droit.

L’enquête sur le cas de Marta Loi doit établir comment le nom de cette dernière s’est retrouvé inscrit sur une croix, en remontant la chaîne de responsabilité de l’agence régionale de santé, du service municipal en charge des cimetières et de l’hôpital où s’est déroulé l’avortement.

Chloris
Publié le 5 octobre 2020, mis à jour le 6 octobre 2020

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