Édition internationale

CULTURE ET TÉLÉVISION – Le petit écran italien en question

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 17 février 2014

Le paysage audiovisuel italien sort de vingt ans d'emprise berlusconienne. Que ce soit Mediaset qui a imposé sa touche ou la RAI qui a suivi le mouvement, la culture semble avoir été reléguée au néant et remplacée par les vélines, ces créatures parfaites, exhibées sur les plateaux télé. Et pourtant, l'offre culturelle à la télévision n'a jamais été aussi riche en Italie. Elle ne souffre que d'une trop petite exposition et d'un intérêt pas forcément à la hauteur de sa qualité.

Audimat vs culture

Le 29 novembre dernier, la Fondazione del Corriere della Sera organisait un congrès international sur un thème soumis à la réflexion durant toute une journée. Deux mots jetés en pâture puisque considérés comme en perdition. Le premier est le mot télévision qui a perdu son rôle de centralité médiatique d'antan au profit du mot réseau. Le deuxième est le mot culture qui, dans le champ télévisuel a été substitué par le mot très ambigu de qualité. Et comme les temps ont changé et que la télévision n'est plus un monopole d'état, le congrès ne pouvait que se faire au pluriel en s'intitulant Televisioni e culture (Télévisions et cultures).

Aujourd'hui, la télévision a besoin de s'ancrer dans un territoire tout en gardant les yeux ouverts sur le monde. C'est un peu ce que cherche à faire Milan, non sans mal avec l'Expo 2015. Milan pourrait donc être le lieu idéal pour remettre de l'ordre dans le fonctionnement du petit écran. C'est en substance ce qui s'est dégagé du congrès, qui rappelons-le avait lieu dans l'antre du symbole du journalisme milanais. Mais le constat est sans appel, la RAI, la télévision publique composée de treize chaînes reste prisonnière de la politique et les chaînes privées de la publicité. 

Toujours plus tournée vers l'audimat, la télévision publique italienne a donc du mal à placer la culture au centre de ses préoccupations même si tous les dirigeants qui se sont succédés indiquent qu'il s'agit de la mission première du service public. Au pouvoir pendant presque 20 ans, Silvio Berlusconi a, qu'on le veuille ou non radicalement modifié le paysage audiovisuel italien en imposant sa marque. Publique ou privée, la télévision a été le terrain de jeu favori du Cavaliere qui a remplacé la culture par le divertissement, d'abord sur les chaînes de son groupe Mediaset mais aussi, par effet boule de neige sur la RAI.

La télévision, ennemie de la culture ? 

A en croire les critiques et les commentateurs, la télévision aurait éloigné les téléspectateurs de la réflexion, de l'approfondissement et aurait limité dangereusement les contenus culturels. Mais la vérité est toute autre : il n'y a jamais eu autant de programmes culturels sur le petit écran italien ! Le problème est que l'audience est basse. La multiplication des chaînes fait que la concurrence s'est accrue mais l'effet positif réside dans le fait que des chaînes se sont aussi spécialisées dans la culture et en font leur ligne directrice. C'est le cas de RaiStoria, chaîne du service public ou encore de Sky Arte, canal privé.

Où est donc le problème ? Pourquoi ne retient-on que les programmes qui ont droit à la vindicte populaire et sont qualifiés de "spazzatura" (poubelle) ? Parce que ce sont justement ces programmes qui sont les plus suivis. Et pourtant, une offre différente existe bel et bien. Une offre dont on parle peu, qui fait peu de bruit dans la jungle audiovisuelle. Prenons l'exemple de Rai 5. Son directeur des programmes, Pasquale D'Alessandro la définit comme "la première chaîne en clair dédiée aux performing arts". Sur cette chaîne du service publique, trois soirées sont ainsi dédiées uniquement au théâtre, une soirée au cinéma d'auteur et aux documentaires et une autre à l'opéra, aux ballets et aux concerts.

Restons sur le service publique et intéressons-nous à Rai 1. Des programmes comme Dopotutto non è brutto avec Francesco Bonami et Geppi Cucciari ou encore Petrolio de Duilio Giammaria valent le détour. La première chaîne en terme d'audience ose et se doit d'expérimenter. Comment ne pas citer RaiEducational qui produit, entre autres Tv Talk sur Rai 3 ou Il tempo e la storia sur RaiStoria. Et même de nouvelles chaînes font leur apparition dans le paysage audiovisuel. C'est le cas de Effe tv, la chaîne de la Feltrinelli, dirigée par Riccardo Chiattelli qui a vu le jour en mai 2013. Son offre culturelle est riche et diversifiée du R-News, le journal télévisé de Repubblica TV à ZerZeroZero.tv qui diffuse les documentaires de Roberto Saviano (journaliste et auteur de Gommora, ndlr) en passant par Un mondo al verde, le programme d'approfondissement qui revient sur les documentaires dédiés à l'économie verte et les décortique.

Aurélien Bureau (Lepetitjournal.com de Milan) ? mardi 18 février 2014

Crédits photos : capture d'écran youtube et RaiStoria

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Publié le 17 février 2014, mis à jour le 17 février 2014
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