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Confinement: à chaque pays son interprétation de «services essentiels»

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Écrit par Sandra Camey
Publié le 12 avril 2020, mis à jour le 18 février 2021

Durant ce confinement, chaque pays a instauré ses propres règles concernant les services essentiels qui doivent rester ouverts ou non, la sécurité des citoyens devant primer avant tout. Mais ces « essentiels » soulignent nos différences culturelles et les réalités de nos propres pays, même si ces services peuvent parfois sembler obsolètes.


Les services essentiels sont faits pour assurer la sécurité et la bonne gestion de notre pays et de notre quotidien en temps de confinement. Mais leurs interprétations divergent en fonction des pays.
 

Des armes à feux pour combattre le virus

Apparemment pour les Américains, il faut combattre le virus l’oeil dans le viseur. C’est du moins c’est ce que pense l’administration de Trump, qui a considéré les magasins d’armes à feu comme des entreprises « essentielles ».

Les ventes d’armes ont doublé au mois de mars aux Etats-Unis. C’est une vague de nouveaux acheteurs qui s'empressent aujourd’hui dans ces armureries. Selon les acheteurs interrogés par le LA Times, c’est une forme de prudence dans le cas d’un éventuel effondrement de l’ordre social provoqué par la pandémie.
 

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Le virus sur le chemin de la foi

Au Brésil, malgré la tentative des États et de nombreuses villes d’interdire les assemblées religieuses, le président Jair Bolsonaro les a exemptées en les considérant comme services essentiels. Ainsi, les messes de plus de 10.000 personnes organisées dans les grandes églises évangéliques du Brésil ne sont pas suspendues car « l’antidote contre le virus, c’est la foi ».

Même climat pour la Tanzanie où le président John Magufuli a déclaré que « dans l'intérêt de notre foi et pour nous en tant que gouvernement, nous n'avons pas fermé les églises et les mosquées ». Pourtant la Tanzanie a déjà pris des mesures contre le coronavirus comme la fermeture des écoles et l’interdiction des événements publics.

Paradoxalement, le pape célèbre la messe sans fidèle et la diffuse en streaming sur le site du Vatican, invitant les autres églises à tenir la messe de Pâques sans rassembler leurs congrégations.

Dans le monde musulman des contradictions sont aussi à noter. En Indonésie, les mosquées restent ouvertes, comme au Pakistan même si certaines provinces ont décidé un couvre feu complet entre midi et 15 heures, l’heure à laquelle les fidèles se réunissent pour prier. Les mosquées turques sont, quant à elles, fermées le vendredi, jour qui rassemblent le plus de musulmans.

L’Arabie Saoudite, qui possède deux des lieux les plus Saint de l’Islam a fermé temporairement toutes les mosquées dont la Grande mosquée de la Mecque. La Omra, le « petit pèlerinage », est suspendue. Personne ne sait encore si, le Hajj, plus grand rassemblement religieux au monde est maintenu. Mais le royaume a demandé à tous les musulmans du monde entier de stopper pour le moment leurs préparatifs pour ce pèlerinage.
 

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En Israël, les Juifs ultra-orthodoxes sont les mauvais élèves du pays et violent les restrictions gouvernementales en laissant les écoles religieuses ouvertes et célébrant des mariages de plus de 150 personnes, alors qu’elles sont les communautés les plus touchées par le virus du pays. Un collège de 10 fidèles aurait continué à prier au mur des lamentations trois fois par jour alors que de nouvelles mesures d’interdiction, comme les rassemblements de plus de 2 personnes, ont été décidées en Israël.

Les sikhs d’Inde peuvent encore se rendre dans leurs lieux de culte, les Gurudwaras dont le Temple d’or, qui attire à lui seul en moyenne plus de 100.000 visiteurs par jour, ne seront pas fermés. « Pourquoi fermerions-nous des sanctuaires qui guérissent le gens » a déclaré Kulwinder Singh Ramdas, porte-parole du SGPC. Mais le port du masque N95 y est obligatoire et le nombre de pèlerin limité.
 

Du répit pour les animaux ?

Pour le Canada, le Japon et la Norvège, les chasses commerciales de phoques et de baleines demeurent une activité essentielle malgré le risque de contamination parmi les équipages et leurs familles. Paradoxalement, les inspecteurs du bien-être animal ne sont pas autorisés à bord, comme la coutume le voudrait, pour réduire le risque d’infection au Covid-19. Des inquiétudes ont été exprimées quant aux raisons pour lesquelles ces précautions n’ont pas été appliquées pour protéger les membres des équipages.

Le gouverneur du Texas Greg Abbott a décrété le 31 mars que la chasse et la pêche restent des « activités essentiels ». Ce qui a de quoi rendre jaloux les chasseurs français, dont l’activité est interdite depuis le 19 mars après la mise en vigueur des déplacements limités au strict nécessaire.  Notons que quelques irréductibles départements gaulois résistent encore et toujours aux règles de confinement en multipliant les chasse dérogatoires.

En Afrique du Sud, la lutte contre le braconnage et la protection des espèces animales sont considérés comme services essentiels. « On ne peut pas faire sans. Si les braconniers apprenaient qu’on n’avait pas de sécurité, ce serait terrible. Donc on protège nos animaux 365 jours par an et 24h/24, même durant le confinement » nous confirme Françoise Malby-Anthony, co-fondatrice de la réserve animalière Thula Thula en Afrique du Sud.
 

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L’apéro, en danger ?

Véritable tradition pour les Français, l’apéro même en confinement, ne doit pas s’arrêter. Espérons que cela soit possible puisqu’un fort manque de main d’oeuvre se fait ressentir depuis le début du confinement auprès des viticulteurs français.

Pour les Français habitant New-York, cette institution pourra perdurer puisque les magasins d’alcool y sont considérés comme essentiels et pour la première fois, vous pourrez être livrés directement à votre domicile.

Mauvaise nouvelle en revanche pour une partie de la population néo-zélandaise, le gouvernement a fermé les magasins d’alcool à moins qu’ils ne se trouvent dans les régions de Invercargill, Waitakere, Portage et Mataura. Pour ceux ne disposant pas de magasins ouverts, les ventes en ligne ont été un véritable salut, jusqu’à pousser les magasins comme Glengarry et Whisky and More à suspendre les commandes en ligne, victime de leurs succès.

L’ironie du sort a fait que la société mexicaine Grupo Modelo, plus grand brasseur du Mexique qui produit notamment la fameuse bière Corona, a déclaré l’arrêt de la fabrication de bières et de leurs exportations dès le dimanche 5 avril à la suite de la suspension des activités non essentielles au Mexique.
 

Le chocolat, « service essentiel » !

Voilà qui devrait en faire plus d’un heureux ! C’est en Nouvelle-Zélande et dans la province de l’Ontario au Canada, que le lapin de Pâques est considéré comme « service essentiel ». Le Premier ministre de l’Ontario Doug Ford rappelle les règles : « le lapin de Pâques doit assurer sa mission en accords avec les précédents décrets, à savoir qu'il ne doit pas délivrer de sucreries dans les parcs, les aires de jeux et les installations de loisirs extérieures ».

La Première ministre de Nouvelle-Zélande reconnaît comme essentiels ces personnages de notre enfance, en effet « le lapin de Pâques ainsi que la petite souris sont des travailleurs qui fournissent des services essentiels et, à ce titre, continuent d'opérer, même pendant le lockdown ».
 


Alors préparez dès à présent votre chasse aux oeufs spécial confinement : cachettes, jeux de pistes et gourmandises seront aux rendez vous !