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Carnet de Bord-Humanitaire : les défis de la solidarité internationale

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Écrit par Aurélie Billecard
Publié le 8 octobre 2020, mis à jour le 18 février 2021

Le Carnet de Bord - Humanitaire est une chaîne YouTube traitant des sujets sur la solidarité internationale. Ce secteur présente de nombreux défis et critiques à surmonter : le fondateur de la chaîne nous les décrypte. 

 

Quand avez-vous découvert votre passion pour l’humanitaire ?

Assez jeune, j’ai toujours eu un intérêt pour la dimension internationale. Lorsqu’il est venu le moment de faire un choix dans mon orientation, j’ai vite compris que l’humanitaire combinait tout ce qui me passionnait : le voyage, les enjeux internationaux, et la découverte d’autres cultures.

Pourquoi vous êtes-vous lancé sur YouTube ?

J’ai créé Carnet de Bord - Humanitaire à partir d’un double constat. D’abord, en tant que professionnel de l’humanitaire, j’ai pu observer et comprendre que le public non initié à l’humanitaire n’est pas bien informé voire pas du tout, sur tout ce qui compose ce secteur et sur la solidarité internationale. J’ai également compris qu’une grande partie du public voit ce secteur comme source de fantasme et d’idées reçues. Par conséquent, j’ai trouvé qu’un média, une plateforme, pouvait être un bon outil, pour promouvoir et décrypter le monde de la solidarité internationale.

Le domaine de l’humanitaire s’est professionnalisé depuis plusieurs décennies

Quelles mauvaises perceptions l’humanitaire peut-il avoir ?

L’humanitaire pourrait avoir différentes mauvaises perceptions. Déjà, beaucoup s’étonnent qu’il y ait des professionnels de l’humanitaire : des personnes payées pour en faire. Cela suscite de la surprise voire du dédain, de penser qu’on aide pour se faire payer. Cependant, le domaine de l’humanitaire s’est professionnalisé depuis plusieurs décennies, et nécessite des personnes formées à la question de la gestion de sécurité, de la gestion de l’équipe, sur des questions techniques (en termes programmatiques), ou en gestion des ressources humaines par exemple. 

 

La deuxième mauvaise perception récurrente est sur l’utilisation des fonds, soit sur sa « mauvaise utilisation », ou sur son manque de transparence, gravitant autour de son utilisation. Les organisations humanitaires publient chaque année un rapport sur leurs activités et sur l’utilisation des fonds, certifié par un commissaire au compte. Mais, ce qu’il faudrait faire, une fois le projet terminé, est de justifier les comptes à l’euro près. Alors que, pour le public qui fait des dons, il n’y a pas de justification à l’euro près. Ça crée de la méfiance et de la défiance, et certains en profitent pour construire des critiques plus ou moins justes, ou erronées. 

Le plus grand défi du monde humanitaire est la question du financement

Vous évoquez dans vos vidéos le « volontourisme ». Quels en sont les dangers ?

Les dangers du volontourisme sont multiples. Un bénévole étranger est forcément mieux formé ou est plus apte à faire quelque chose que les communautés locales peuvent réaliser. Le volontourisme est quand une jeune personne se rapproche d’une association, en échange d’une cotisant plus ou moins élevée (entre 500 et 1 500€), et viennent aider sur place. Ces personnes paient pour être bénévoles, et réalisent quelque chose qui pourrait être fait par les communautés locales. 

 

Quels sont les plus grands défis du monde de l’humanitaire aujourd’hui avec les questions politiques et sociales ?

Le plus grand défi du monde humanitaire est la question du financement. La pandémie a été telle, qu’elle a a sévèrement impacté l’économie mondiale. Ça s’est répercuté sur les financements humanitaires. Le monde solidaire est en grande partie financé par les fonds publics (les États, les Nations Unies). Avec le ralentissement économique, on s’attend tous à une baisse drastique des financements publics. Les dons privés connaissent eux aussi une baisse.

 

Quels sont les sujets de vos prochaines vidéos ?

Je travaille sur une vidéo qui parlera des risques auxquels sont confrontés le personnel de l’humanitaire. J’évoquerai donc les risques sécuritaires (meurtres à l’encontre de bénévoles), et les risques de la santé physique et mentale. 

Une autre vidéo est en préparation, et se portera sur la question de savoir si l’humanitaire emploie ou non trop de travailleurs internationaux. Dans le courant de Black Lives Matter, de nombreuses voix se sont  élevées dans le monde humanitaire, notamment par des travailleurs nationaux, qui se sont exprimés sur les différences de salaires avec les travailleurs internationaux. Tous ces questionnements ont des réponses, et je m’y attarderai dans une prochaine vidéo.