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Sandrine Trassy: un livre pour expliquer la Guerre civile aux enfants

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lepetitjournal.com
Écrit par Camille Guil
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 4 juillet 2018

Comment mieux expliquer l'Histoire douloureuse d'un pays qu'à travers des livres pour enfants ? C'est ce qu'a fait Sandrine Trassy avec "Madeleine et la Samaritaine". Arrivée à Madrid il y a six ans, l'auteure a commencé à écrire des romans pour enfants pour leur expliquer la période douloureuse de la Guerre civile espagnole, méconnue -ou mal connue- des Français. Bilan : le livre est un succès, la suite est rédigée et deux autres sont en préparation.

 

Après avoir vécu à Paris et Toulouse et beaucoup voyagé dans le monde, aux Etats-Unis, en Indonésie et dans toute l'Europe, c'est en raison d'une mobilité professionnelle que Sandrine Trassy et sa famille posent leur valises à Madrid. Arrivés en milieu d'année, ils décident de scolariser leurs enfants au Lycée français : "C'était une sécurité pour nous, qu'ils puissent poursuivre un cursus normal". "Le Lycée français a vite symbolisé pour les enfants l'accueil, et la diversité, d'un point de vue culturel", explique-t-elle. Aucun membre de la famille ne parlait espagnol avant d'arriver, leur seul rapport avec la langue de Cervantés étant la salsa qu'ils écoutaient chez eux. Mais malgré cette difficulté, les enfants ont été, au bout de quelques mois, très bien intégrés. Un exploit pour Sandrine, pour qui "arriver à l'étranger et voir que les enfants sont heureux et se sentent bien rapidement, c'est tout ce que l'on peut souhaiter".

 


Transmettre l'Histoire aux enfants

 

C'est dans ce contexte qu'est né son premier livre. S'intéresser à ce que ses enfants étudiaient sur l'Espagne a fait écho à sa propre enfance, à la fin des années 70, et ce qu'il s'était passé à cette période, en Espagne. "Il y a un passage de l'Histoire de l'Espagne que l'on ne connait quasiment pas en France : la Guerre civile", estime-t-elle. C'est de là qu'a émergé l'idée de transmettre cette partie de l'Histoire aux enfants, à travers un livre qui pourrait faire écho au monde d'aujourd'hui. "En parlant avec des amis espagnols qui parlaient parfaitement le français, car beaucoup d'Espagnols sont allés vivre en France à cette période là, ils m'ont décrit les conditions dans lesquelles ils avaient migré, ce qui rappelle les conditions des migrants aujourd'hui", explique Sandrine.

C'est un parallèle intéressant, entre une Guerre civile, un exode, une migration avec les enfants et la richesse d'avoir accès à des cultures différentes, et c'est précisément de quoi traite l'histoire de "Madeleine et la Samaritaine - La photo volée". Basée sur le passé des grands-parents, l'histoire est celle des enfants qui doivent mener l'enquête pour connaître le passé de leurs ancêtres. Ils découvrent à cette occasion les événements de la Guerre civile espagnole. Pour Sandrine c'est un succès : lors des interventions qu'elle fait en classe et notamment au Lycée français pour présenter son livre, les enfants manifestent tous un grand intérêt ! Et la grande nouvelle pour Sandrine c'est que son livre vient d'être sélectionné pour le Prix littérature jeunesse Chronos 2019, dans la catégorie "Sixième, Cinquième". Le prix Chronos privilégie les livres qui mettent en relation les générations, ici les grands-parents et les petits enfants.

 


Une suite... et bien plus encore !

 

madeleine et la samaritaine
Avant son premier livre, Sandrine écrivait pour elle, mais très peu. Avec ses études c'est devenu compliqué. "Je racontais des histoires à mes enfants en randonnée pour les divertir et leur donner du courage ! L'idée d'écrire est venue comme ça", éclaire-t-elle. Elle a ainsi commencé en 2014, et ne s'est plus arrêtée. La suite de "Madeleine et la Samaritaine" est prête : "J'ai reçu la couverture hier !" s'enthousiasme t-elle. Et pour les plus curieux, "ce sera en continuité de la précédente histoire, abordant un autre aspect sur les faits qui ont eu lieu, avec encore plus de révélations".

Lorsqu'on lui demande si elle a d'autre livres en tête, Sandrine s'illumine. "Des histoires ? Oui j'en ai plein la tête !" Un troisième livre est déjà écrit, qui s'adresse aux plus grands, sur le même thème que le documentaire "Demain" de Cyril Dion, une surprise pour l'écrivaine qui avait fini le livre avant la sortie du film. Il s'agit d'une utopie, ou bien d'une dystopsie, selon notre point de vue, sur la situation de la Terre en 2350. Selon elle, c'est un sujet auquel il sauf sensibiliser le monde entier et aussi les enfants. Elle ajoute : "On est libre de faire ce que l'on veut et ce qu'on veut ne peut être que bien si on le fait intelligemment".

Un quatrième livre est en cours d'écriture, une aventure qui se passe en Inde. Pour préparer cet ouvrage, Sandrine a lu des romans et vu des documentaires sur ce pays plein de contradictions, dont elle entend parler par ses amis indiens mais où elle n'est pas encore prête à aller, dit-elle.

 


L'écriture, une passion à plein temps

 

Faire passer l'écriture au premier plan ? "Impossible", répond Sandrine, qui travaille dans une grande firme d'aéronautique. "D'un point de vue économique, un écrivain ne peut pas vivre de ses livres. Le monde du livre se nourrit de l'histoire des auteurs, mais le livre est un support qui lui même est fait par beaucoup d'intermédiaires". Elle explique qu'elle apprend aux enfants comment se passe l'édition d'un livre mais aussi la répartition des droits : sur un livre à 17€, l'illustratrice et l'auteur gagnent 5% chacune, ce qui représente 0,85€ par livre. Sandrine n'a donc pas le choix, elle ne peut pas s'y consacrer et donc continuera à combiner travail et écriture.

"L'écriture c'est le soir, au calme et le week-end. Il faut se laisser le temps de partir, parce qu'une fois qu'on est parti dans l'écriture, la tête s'en va dans le livre, on est plongé dans l'histoire, avec les personnages qu'on fait vivre". Une forme de liberté pour Sandrine qui détaille : "Dans le travail on doit rendre des comptes à ses collègues, à des clients, à ses supérieurs, mais dans l'écriture on ne doit des comptes à personnes, on fait ce que l'on veut, quand on veut et c'est donc par essence un moment de détente où on ne peut compter que sur soi et sa discipline". L'écrivaine conclut : "La publication ce n'est pas pour l'argent qu'on le fait mais par désir de transmettre et d'échanger avec les gens".


"Madeleine et la Samaritaine - La photo volée" 

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