Conséquence directe du Brexit, le Royaume-Uni a renoncé aux échanges Erasmus entrepris jusque-là avec l’Union Européenne auxquels il participait depuis 1987. Cependant, le gouvernement entend lancer un nouveau programme pour permettre aux étudiants britanniques de se rendre à l’étranger.
Des milliers d’élèves britanniques pourront étudier ou travailler à l’étranger à partir de septembre 2021 avec le nouveau « Turing Scheme » nommé en hommage au célèbre mathématicien britannique et décrypteur de la machine nazi Enigma Alan Turing. Il a pour but de prodiguer une bourse aux étudiants afin qu'ils puissent effectuer des échanges à l'étranger dans le monde entier et non plus prioritairement avec les pays de l’Union Européenne comme ce fut le cas avec le programme Erasmus. Pour l’année universitaire 2021/22, son budget total s’élève à 110 millions de livres sterling. Jusqu'à 35 000 étudiants britanniques « de tous revenus et à travers tout le pays pourront bénéficier de fantastiques possibilités d’éducation dans le pays de leur choix » a déclaré le Premier Minsitre.
Le Secrétaire d’État à l’Éducation, Gavin Williamson, a expliqué que « l’accent mis par le programme Turing sur la mobilité sociale et le rapport qualité-prix » va ouvrir davantage de possibilités pour tous les étudiants britanniques en comparaison du programme de l’Union Européenne, en particulier ceux issus de milieux défavorisés. Dans le cadre des échanges Erasmus, les étudiants britanniques les plus privilégiés avaient 1,7 fois plus de chances de partir à l’étranger.
Un programme en réalité moins avantageux qu’Erasmus ?
Avec le plan européen, tous les élèves recevaient jusqu’à 1 315 livres (1 520 euros) pour couvrir leurs frais de voyage avec les pays partenaires de l’Union Européenne. Mais dans le cadre de Turing, une telle aide n’est prévue que pour les étudiants issus de milieux défavorisés qui se verront financer leurs frais de voyage, visas, passeports et assurances de voyage. Ces mêmes étudiants recevront également un maximum de £490 par mois pour couvrir leurs frais de subsistance, un montant moins important que les bourses proposées lors des échanges Erasmus. Ce nouveau plan serait donc en réalité moins généreux pour les étudiants britanniques désireux de se rendre à l’étranger.
Les frais de scolarité non pris en charge par ce programme constituent le changement le plus controversé au Royaume-Uni. Avec Erasmus, tous ces frais étaient systématiquement pris en charge. Le gouvernement britannique s'attend cependant à ce que les universités concluent des accords entre elles pour supprimer les frais de scolarité, mais rien n’est moins sûr pour autant. Du côté européen, ce qui fait râler est le fait que ce nouveau programme ne comprend aucune réciprocité pour les étudiants européens. Actuellement ils sont près de 150 000 à s’inscrire dans les universités britanniques chaque année, aucune disposition en leur faveur n’est prévue. Étudier au Royaume-Uni sera donc désormais bien plus cher et compliqué.
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