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Keir Starmer s’attaque au NHS, la restructuration radicale promise par Downing Street

Symbole du système de santé britannique, le NHS est aujourd'hui au cœur des débats en raison de ses nombreux dysfonctionnements, aggravés depuis la pandémie de Covid-19. Face aux délais d’attente interminables et à la saturation des services d’urgence, le gouvernement de Keir Starmer a annoncé la mise en place d’une réforme majeure : l’intégration des fonctions du NHS England au Department of Health and Social Care, le ministère de la Santé publique britannique. Le Premier ministre britannique a fait part de son objectif de “réduire la bureaucratie” et d'améliorer l’efficacité des soins. Une décision qui suscite autant d’espoir que de controverses.

Starmer et NHSStarmer et NHS
Écrit par Hermine Pinoteau
Publié le 14 mars 2025

 

NHS : une institution symbolique mais controversée

 

Le National Health Service (NHS), le système de santé publique du Royaume-Uni, est au cœur des débats depuis la pandémie de Covid-19. De nombreux dysfonctionnements sont régulièrement pointés du doigt, notamment les délais nécessaires pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste ou encore l’engorgement des services d’urgence, qui, selon le Syndicat des urgentistes, ont entraîné entre “trois cents à cinq cents morts” par semaine en 2023. 

 

Dans un discours prononcé le 12 septembre 2024, Starmer a imputé la responsabilité de cet échec aux conservateurs, affirmant que leur gestion du NHS avait “conduit à des milliers de morts évitables, une réalité qui devrait toujours glacer le sang”. Une réforme du système était donc attendue et figurait parmi les promesses de toutes les campagnes électorales.

 

Downing Street veut réorganiser le système de santé britannique

 

Dans un discours sur la restructuration de l’État, prononcé au centre de santé Reckitt Benckiser à Hull, dans le Yorkshire, le jeudi 13 mars, Keir Starmer a annoncé l’intégration des fonctions du NHS England au sein du Department of Health and Social Care, le ministère de la Santé publique britannique. Selon lui, cette mesure vise à “réduire la bureaucratie” et à replacer “la gestion des soins de santé sous contrôle démocratique et au cœur du gouvernement".

 

Le Premier ministre britannique a précisé que même si cette restructuration ne concerne pour l’instant que l’Angleterre et non l’ensemble du Royaume-Uni, elle permettrait de libérer des fonds pour le personnel soignant, notamment les infirmières et les médecins, plutôt que de voir l’argent public “s'évaporer dans deux niveaux de bureaucratie". 

 

Starmer a également mis en avant les doublons entre le Department of Health and Social Care et le NHS England : "Le NHS a son équipe de communication et le département des soins de santé du gouvernement en a une également. Nous dédoublons des postes qui pourraient être assurés plus simplement". 

 

Par ailleurs, il a annoncé un recours accru à l’intelligence artificielle dans la gestion et les soins de santé, afin d’améliorer l’efficacité et la qualité des services.

 

 

 

 

Une décision politique controversée

 

Si les conséquences concrètes de cette réorganisation restent floues, elle suscite déjà des inquiétudes. Actuellement, le NHS England emploie environ 13.500 personnes, et la suppression de certains postes semble inévitable. 

 

Bien que Starmer affirme vouloir réduire le coût de la bureaucratie au profit des services de première ligne, les syndicats redoutent une politique d’économies ciblant la fonction publique. Interrogé sur le risque d’un retour à l’austérité, non seulement pour le NHS England mais aussi pour d’autres organismes publics, le Premier ministre s’est voulu rassurant : “Le problème de nos services publics vient de ce qui leur a été fait il y a une dizaine d’années. Nous ne suivons pas cette voie. Aucun de nos plans ne va dans cette direction”.

 

Malgré les réserves exprimées, l’opposition conservatrice n’a pas manifesté d’opposition explicite à cette mesure à la Chambre des Communes ce jeudi. De leur côté, les libéraux-démocrates ont reconnu qu’il était “indéniable que des changements majeurs sont nécessaires pour redresser le NHS après que les conservateurs l’ont laissé à genoux”.

 

Une stratégie du parti travailliste en vue des prochaines élections ?

 

En accélérant la restructuration de l’État pour améliorer l’accès aux soins des patients britanniques, le gouvernement travailliste pourrait chercher à marquer des points avant les prochaines élections. Certaines critiques y voient une “réforme symbolique de façade”, plus politique que structurelle.

 

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