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Royaume-Uni et Erasmus : “Ce n'est qu'un au revoir”

Fin Programme Erasmus Royaume UniFin Programme Erasmus Royaume Uni
Victoria Heath-Unsplash
Écrit par Marie Lagache
Publié le 4 janvier 2021, mis à jour le 4 janvier 2021

Après 33 ans d’échanges universitaires, le Royaume-Uni a décidé de quitter le programme Erasmus. Une mauvaise nouvelle pour les jeunes Européens, mais aussi Britanniques, qui souhaitent étudier à l’étranger.

Fini L'Auberge espagnole pour les étudiants britanniques. Le 24 décembre 2020, Boris Johnson a annoncé que le Royaume-Uni ne participera plus au programme Erasmus, le dispositif européen d’échanges entre les universités. Un coup de tonnerre pour de nombreux jeunes, aussi bien anglais que français, et un coup de massue pour l’image de l’Europe de manière générale. La pandémie de coronavirus avait déjà mis à mal les possibilités d’étudier à l’étranger, mais le coup de grâce fut porté par le Brexit.

Le Premier ministre britannique a justifié sa décision par le coût jugé trop important du programme pour son pays. Laure Coudret-Laut, la directrice de l'Agence Erasmus+ France, a déclaré le lendemain de l’annonce au micro de franceinfo “très peu” comprendre cet argument. L’ancien négociateur de l’Union européenne pour l’accord post-Brexit, Michel Barnier, aussi interrogé le 29 décembre 2020 par franceinfo, estime quant à lui que cette décision “est un échec, mais un échec pour les Britanniques”.

Une décision qui va coûter cher aux Européens

Cette annonce ne demeure pour autant pas si surprenante. Le Royaume-Uni a expliqué à de nombreuses reprises ces derniers mois, notamment lors de l’ouverture des demandes de visas pour étudier sur le territoire britannique après le Brexit, que les étudiants européens seraient traités de la même manière que les autres jeunes étrangers. Boris Johnson avait cependant annoncé en début d’année 2020 que le programme ne serait pas menacé.

Le Royaume-Uni figurait parmi les destinations préférées des jeunes européens grâce à ses nombreuses universités prestigieuses très onéreuses. Sans la bourse Erasmus, les étudiants français ou encore espagnols devront payer des frais plus importants, plus de 10 000 livres sterling l’année, et passer par une demande de visa s' ils désirent étudier de l’autre côté de la Manche. Les jeunes britanniques, moins nombreux mais représentant tout de même 55 000 départs en 2019, perdent quant à eux toute possibilité de découvrir les établissements italiens ou encore belges grâce à Erasmus.

Michel Barnier a expliqué que le Royaume-Uni souhaite "bâtir un programme concurrent dans un ou deux ou trois ans”. Ce dernier devrait être nommé “Alain Turing”, en hommage à un mathématicien britannique, mais son fonctionnement n’a pas été encore précisé. Des accords bilatéraux pourraient aussi être signés individuellement entre des universités anglaises et européennes, mais les étudiants Erasmus risquent plutôt de se tourner vers d’autres destinations anglophones, comme l’Irlande.

Erasmus : un symbole de la citoyenneté européenne

Adam Tickell, le vice-chancelier de l'université du Sussex en Angleterre, s’est déclaré triste à la BBC de la perte d’un “programme Erasmus qui a transformé les vies de milliers de jeunes”. Le collectif Universities UK, regroupant 140 établissements à travers le pays, demande dans un communiqué au gouvernement britannique de “clarifier rapidement les points de cette alternative nationale au programme Erasmus”.

Le Royaume-Uni pourra néanmoins difficilement offrir à lui seul des opportunités à la hauteur d’Erasmus. Véritable symbole de réussite pour l’Europe, le programme a permis à plusieurs millions de jeunes d’étudier ou de travailler à l’étranger avec une bourse, à des milliers de couples bi-nationaux de se former, à des centaines de “bébés Erasmus” de naître, et a ainsi grandement participé à la construction d’une citoyenneté européenne. Une page se tourne donc bel et bien.

 

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