Le Britannique Karim Khan a été élu, vendredi 12 février, procureur général de la Cour pénale internationale. Une première pour le Royaume-Uni, alors que le pays souffre d’une perte d’influence grandissante à l’échelle mondiale.
Le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, ne s’est d’ailleurs pas trompé en félicitant l’avocat, quelques heures après sa victoire. « La grande expérience de Karim en matière de droit international est un atout essentiel pour que nous puissions réclamer des comptes aux responsables de crimes odieux », a-t-il déclaré dans un message publié sur Twitter.
L’élection de Karim Khan synonyme de victoire pour Londres
Choisi face à trois autres candidats européens, Karim Khan succède à la Gambienne Fatou Bensouda, en ayant recueilli 72 des 122 voix exprimées lors du deuxième tour du scrutin. L’élection de ce Britannique de 50 ans, brillant avocat reconnu par ses pairs, à la tête de la seule institution habilitée à juger les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, marque ainsi le retour au premier plan du Royaume-Uni sur la scène internationale après son départ de l’Union européenne.
Mais au-delà de cette victoire diplomatique, le choix des 123 membres de la Cour pénale internationale témoigne de la bonne santé des cursus britanniques. Passé par le prestigieux King’s College de Londres, Karim Khan commence sa carrière comme avocat général au Royaume-Uni. Il exporte ensuite ses talents de juriste à l’étranger, et devient conseiller juridique au bureau des procureurs des tribunaux des Nations unies pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda.
Un goût pour les juridictions internationales que l’homme de loi cultive en traduisant en justice les assassins de l'ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri, en 2005. Fort de ces expériences, il est décrit par la lauréate du prix Nobel de la paix 2018, Nadia Murad, comme « un féroce défenseur de la justice […] qui continuera, sans aucun doute, à soutenir les communautés marginalisées ».
Quel rôle pour Karim Khan à la Cour pénale internationale ?
Désormais dirigeant de la plus haute juridiction pénale internationale, Karim Khan aura pour mission, tout au long des neuf prochaines années, de redonner de la légitimité à une institution sans cesse remise en cause et par conséquent mise à mal.
Souvent accusée de prendre essentiellement en charge des affaires de pays africains, la CPI fait également l’objet de critiques de la part des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine ou d’Israël, des Etats qui n’adhèrent pas à la juridiction. L’an dernier, l’administration de Donald Trump avait d’ailleurs pris des sanctions contre Fatou Bensouda, en raison d’investigations sur les crimes de guerre américains présumés en Afghanistan.
Le nouveau procureur général devra également se prononcer sur l’ouverture d’une enquête particulièrement controversée concernant le conflit israélo-palestinien de 2014 à Gaza. Si Washington et Tel-Aviv ont exprimé des réserves quant à cette dernière, les juges de la CPI ont déclaré, il y a quelques jours, la compétence de la Cour pour les faits survenus dans les territoires palestiniens occupés par les colons. Une décision inconcevable pour Israël, qui accuse l’institution de « violer le droit des pays démocratiques à se défendre ». Un programme somme toute chargé pour Karim Khan, qui succèdera officiellement à Fatou Bensouda le 16 juin prochain.
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