Coup de théâtre, ou plutôt coup d’Etat, lundi, en Birmanie. L’armée, menée par leur chef, Min Aung Hlaing, a renversé le gouvernement démocratiquement élu en 2015 et dirigé par Win Myint. Depuis, Aung San Suu Kyi, présidente officieuse, dort en prison. Un échec pour la région, une des plus pauvres au monde, mais aussi pour les pays occidentaux. Ancienne colonie du Royaume-Uni, Naypyidaw garde un lien étroit avec Londres.
Quelques heures après la prise de pouvoir des militaires, les premières critiques internationales commencent à pleuvoir. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, réclame la libération des « dirigeants civils arrêtés », dont Aung San Suu Kyi, tandis que la France, l’Espagne et les Etats-Unis condamnent fermement l’initiative des troupes de Min Aung Hlaing. Ce dernier se permet néanmoins de réfuter tout reproche, estimant que cette issue demeurait « inévitable pour le pays ».
Entre le Royaume-Uni et la Birmanie, une relation tumultueuse
Ancienne province britannique, la Birmanie reste marquée par les différentes guerres ayant éclaté sur son territoire. A la suite de son départ du Commonwealth en 1948, près de onze années après l’avoir rejoint, la région devient le théâtre d’insurrections soutenues par le Parti communiste chinois. Si la démocratie parlementaire en place depuis le mois de janvier 1948 résiste péniblement aux assauts, le coup d’Etat militaire de 1962 plonge le pays dans la dictature.
Arrestations et incarcérations rythment alors le quotidien des opposants, dont celui de la médiatique Aung San Suu Kyi. Lauréate du Prix Sakharov en 1990, puis du Prix Nobel de la Paix en 1991, elle parvient, avec son parti politique, à remporter les élections législatives de 2015. A la tête du gouvernement civil depuis, elle tombe progressivement en disgrâce pour son silence envers le génocide rohingya. En 2018, le chef de la diplomatie britannique de l’époque, Jeremy Hunt, assure alors que « justice sera rendue » à l’ethnie musulmane.
Mais, malgré les menaces, le Royaume continue d’apporter son aide au pays. Dans le cadre du programme SDG (Sustainable Development Goals) de l’Organisation des Nations unies, près de 87,5 millions de livres ont été attribuées au développement de la Birmanie en 2018. Parmi cette somme, 14 % étaient consacrés à la gestion politique du territoire et à sa sécurité. Un an plus tard, le budget alloué à Naypyidaw atteignait les 88 millions de livres.
De Hong Kong à Myanmar, une diplomatie britannique à bout de souffle
L’arrestation de l’opposant russe, Alexeï Navalny, le travail forcé des Ouïghours au Xinjiang, la répression chinoise à Hong Kong : les mois se suivent et se ressemblent pour le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. Toutes les semaines ou presque, le chef de la diplomatie condamne les pratiques antidémocratiques d’Etats étrangers, trop souvent en vain. Malgré les liens historiques qui l’unissent parfois aux différents pays (Hong Kong, Birmanie), le Royaume-Uni ne parvient pas à faire entendre sa position. Alexeï Navalny a passé sa première nuit en prison mardi, les Ouïghours sont toujours persécutés, et Pékin ne reconnaîtra plus le BNO (British National Overseas), document indispensable aux Hongkongais pour solliciter la nationalité britannique.
Ces échecs, ajoutés à l’incapacité de David Frost, responsable des négociations sur le Brexit, de décrocher un accord favorable au Royaume-Uni -la City s’estime notamment lésée-, met à mal la diplomatie britannique.
Cette perte d’influence n’est toutefois pas une caractéristique unique de la Grande-Bretagne. La majorité des pays occidentaux, tels que les Etats-Unis en Iran ou la France en Turquie, voient leur politique de plus en plus contestée. Face à ce constat, la Chine, apparaît comme un acteur de poids sur la scène diplomatique internationale, notamment sur le continent africain. Pékin finance désormais de nombreux projets destinés à étendre son leadership, à l’image de la ligne ferroviaire entre Nairobi et le port de Mombasa au Kenya. Un changement de rapport de forces qui devrait se confirmer dans les années à venir. Selon la Banque mondiale, la Chine pourrait devenir la première puissance économique mondiale d’ici à 2030, étendant, de fait, son influence sur le globe.
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