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La police britannique épinglée pour son utilisation des drones

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Josh Sorenson - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 16 février 2021

Les forces de police britanniques utilisent de plus en plus de drones pour suivre les manifestations, selon un rapport publié lundi par l’association UK Drone Watch. Celles en soutien au mouvement Black Lives Matter auraient fait l’objet d’une surveillance accrue.

 

L’étude, menée entre janvier et octobre 2020, s’appuie sur les déclarations d’une dizaine de commissariats en Angleterre. Une majorité des postes de police ont néanmoins refusé de répondre aux sollicitations des enquêteurs, et aucun détail concernant l’utilisation des images enregistrées n’a été divulgué.

 

Les manifestations politiques particulièrement visées

Parmi les 38 marches de protestations surveillées par la police figurent notamment des manifestations pour les droits des animaux, contre le racisme ou encore contre les mesures de restrictions sanitaires. Un chiffre préoccupant, affirme Jonathan Cole, le principal instigateur des recherches, qui s’inquiète « qu'un certain nombre de forces de police estiment qu'il est désormais légitime d'utiliser des drones pour surveiller et filmer des manifestations publiques parfaitement légales ».

Mais le rapport pointe également une surutilisation des drones dans les rassemblements Black Lives Matter. Dans le détail, 15 de ces manifestations ont donné lieu à une surveillance par ces petits avions de reconnaissance sans pilote. Les forces de police de Cleveland, Gloucestershire, Staffordshire, Surrey et West Midlands ont notamment avoué s’être servis de ces engins. « Une utilisation disproportionnée particulièrement choquante », selon Jonathan Cole.

 

Les drones : une menace pour les libertés ?

Les conclusions de l’étude interviennent alors qu’un sondage, commandé par UK Drone Watch à l’institut Yonder, révèle une profonde inquiétude des Britanniques quant à l’emploi des drones par la police. Près de 60 % des habitants du royaume se disent préoccupés par les conséquences que pourraient engendrer une utilisation massive de ces appareils télécommandés sur la vie privée de leur utilisation massive.

Des critiques balayées d’un revers de main par le National Police Chiefs 'Council (NPCC), en charge de l’utilisation des drones. Dans une interview donnée au Guardian, le numéro deux de l’institution, Steve Barry, garantit que « la police a recours à ces engins pour assurer la sécurité de tous. Leur utilisation est réglementée et régie par les directives du commissaire à la surveillance et du commissaire à l'information ». Une vision partagée par le gouvernement de Boris Johnson, qui souhaite étendre leur usage dans le cadre d’une modernisation de la politique sur l’espace aérien.

 

En France, une surveillance aérienne qui s’intensifie

De l’autre côté de la Manche, les autorités expérimentent également cette nouvelle technologie aérienne. Utilisée dès le début du confinement à Paris, Nice et Marseille pour inciter les citoyens à rester chez eux, elle avait fait naître de vives tensions entre les forces de police et les associations de protection des libertés. La Ligue des droits de l’homme et la Quadrature du Net avaient notamment saisi le tribunal administratif de Paris, en réclamant que la préfecture de police « cesse de capter des images par drones, de les enregistrer, de les transmettre ou de les exploiter ». Une requête rejetée une première fois par la justice, puis finalement acceptée lors de l’appel devant le Conseil d’Etat.

La décision, confirmée le 22 décembre par ce même Conseil d’Etat, ordonne au préfet de police de Paris, Didier Lallement, « de cesser, sans délai, de procéder aux mesures de surveillance par drone des rassemblements de personnes sur la voie publique ». Selon l’administration, une surveillance policière grâce à cette technologie ne peut être envisagée « sans l’intervention préalable d’un texte ».

En ce sens, le gouvernement souhaite légiférer rapidement pour rendre légale l’utilisation des drones en manifestations. L’article 22 de la loi « sécurité globale », adopté en première lecture à l’Assemblée nationale au mois de décembre, autorise désormais les dépositaires de l’ordre public à faire usage de ce moyen pour observer les marches de protestation. Le texte sera examiné par le Sénat à partir du 16 mars 2021.

 

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