Édition internationale

Rachel Reeves a-t-elle menti sur le budget britannique ?

La présentation des budgets britanniques, pourtant censée être un moment de clarification économique, a été éclipsée par un raz-de-marée médiatique : Rachel Reeves, la Chancelière de l’Échiquier, est accusée d’avoir “menti” ou plutôt d'avoir induit le public et ses propres collègues en erreur, au sujet de l’état réel des finances publiques avant la série de hausses d’impôts annoncées.

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Le gouvernement avait-il réellement besoin de relever les impôts à hauteur de 30 milliards de livres ?
Écrit par Ewan Petris
Publié le 1 décembre 2025

Au cœur de la controverse sur les budgets, une question simple, mais primordiale : le gouvernement avait-il réellement besoin de relever les impôts à hauteur de 30 milliards de livres ? Rachel Reeves affirme que oui. Selon elle, la révision à la baisse de la productivité par l’Office for Budget Responsibility (OBR) a amputé les prévisions de recettes de 16 milliards de livres, créant ce qu’elle décrit comme un point de départ “bien pire que prévu” pour bâtir le budget. La chancelière avait même laissé entendre au mois de novembre qu'une hausse de l’impôt sur le revenu serait inévitable.

 

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La lettre qui change tout : l’OBR conteste la version de Rachel Reeves

 

Pourtant, plusieurs éléments publiés le dernier week-end de novembre semblent contredire cette version. Une lettre de l’OBR adressée à la commission du Trésor révèle que Rachel Reeves avait été informée dès septembre que les révisions des recettes fiscales compensaient “presque entièrement” la baisse de productivité. 

 

Ainsi, contrairement à ce qu’elle avait laissé entendre publiquement, l’État ne faisait pas face à un trou béant de 16 à 21 milliards de livres. Pire encore, le 31 octobre, l’OBR aurait indiqué à la chancelière qu’elle respectait toutes ses règles budgétaires… et disposait même d’une marge de 4 milliards de livres ! Pour ses détracteurs, la conclusion est simple : les hausses d’impôts relèvent d’un choix politique et non d’un impératif économique.

 

Des accusations et des tensions au sein du gouvernement

 

Cette ‘divergence’ a évidemment relancé le débat sur la transparence du gouvernement. Nigel Farage (Reform UK) a officiellement déposé une plainte auprès du conseiller à l’éthique du Premier ministre, accusant Rachel Reeves d’avoir construit une “narration délibérément trompeuse” pour justifier des hausses d’impôts ciblant principalement les travailleurs. 

 

Des membres du Cabinet eux-mêmes auraient confié s’être sentis induits en erreur, décrivant le budget comme “un désastre du début à la fin”. Kemi Badenoch (Parti conservateur) est allée jusqu’à réclamer la démission de la Chancelière, accusée de faire payer aux contribuables le financement du système de protection sociale.


 

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Starmer monte au front pour défendre sa Chancelière

 

Face à la polémique grandissante, Keir Starmer est monté au créneau pour défendre son gouvernement. Le Premier ministre nie toute tentative de manipulation : “Il n’y a eu aucun mensonge”, répète-t-il, soulignant que les chiffres qu’on lui avait transmis affichaient bien une baisse du cadre budgétaire. 

 

Selon lui, s'attarder sur cette controverse détourne l’attention du véritable contenu du budget : lutte contre la crise du coût de la vie, protection des services publics et réduction de la dette. Il reconnaît toutefois que, à un moment, l’exécutif a envisagé de rompre le manifeste pour augmenter l’impôt sur le revenu, avant de trouver “une alternative”.

 

Rachel Reeves : “Bien sûr que non, je n’ai pas menti”

 

Interrogée frontalement en direct à la télévision et accusée d’avoir menti au pays, Rachel Reeves rejette toutes les accusations. “Bien sûr que non”, répond-elle lorsqu’on lui demande si elle a menti. Elle maintient que la révision de productivité imposée par l’OBR a réellement eu un impact significatif sur les recettes futures, et qu’elle a été “honnête et franche” sur la nécessité de demander un “petit effort supplémentaire” aux travailleurs. Le président de l’OBR, Richard Hughes, affirme lui que la hausse des salaires et de l’inflation a dans les faits “compensé” le choc de productivité.

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