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Face à la menace chinoise, le RU ouvre ses portes aux Hongkongais

Visa Royaume-Uni Hong KongVisa Royaume-Uni Hong Kong
Free to use sounds - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 1 février 2021, mis à jour le 4 février 2021

Le Royaume-Uni propose, depuis dimanche, des visas plus longs à plusieurs millions de Hongkongais voulant échapper à la persécution des autorités chinoises. Pékin a déjà déclaré qu’il ne reconnaîtra plus le BNO (British National Overseas), document indispensable pour obtenir le précieux sésame de sa majesté.

 

Déjà délivré pour donner une plus grande liberté de voyage aux Hongkongais au moment du transfert de souveraineté à la Chine en 1997, ce laissez-passer, désormais renforcé, permet « d’honorer les profonds liens historiques et amicaux avec le peuple de Hong Kong », selon le Premier ministre britannique, Boris Johnson. Un élargissement du programme justifié par la nécessaire « défense de la liberté et de l’autonomie », a-t-il ajouté.

Les Hong-Kongais détenteurs du BNO pourront ainsi demander un visa leur permettant de vivre et de travailler au Royaume-Uni pendant cinq ans, et à terme, de demander la nationalité britannique. Ils n'avaient jusqu'ici le droit de visiter le Royaume-Uni que pour six mois, et sans pouvoir y travailler. Environ 350 000 personnes possèdent un tel passeport, et près de 2,5 millions y sont encore éligibles. La demande de visa, d’un prix de 250 livres, ainsi que l’accès au service de santé publique, d’une valeur de 3 120 livres par adulte, restent à la charge des bénéficiaires du BNO.

 

Un élargissement en réponse à la répression du régime

Promesse de Boris Johnson, la délivrance d’un tel visa fait suite à la promulgation, par Pékin, de la loi sur la sécurité nationale sanctionnant « la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères ». Critiquée par l’Onu, cette nouvelle législation « réduit les libertés et érode considérablement l’autonomie hongkongaise », selon une tribune publiée dans le « Times », signée récemment par Boris Johnson.

Face à la vive opposition des militants hongkongais à la loi, Pékin a rapidement pris des mesures punitives visant à étouffer la contestation. Perquisitions, arrestations et incarcérations rythment désormais le quotidien des contradicteurs du président chinois, Xi Jinping. Une grande majorité des leaders du mouvement pro-démocratie dort désormais en prison, réduite au silence, à l’image du très médiatique Joshua Wong.

 

L’ombre des Etats-Unis plane au-dessus de Londres

Quatorze ans après la rétrocession à la Chine, la protection de l’ancienne colonie britannique reste un « devoir moral » pour le Royaume-Uni, selon Boris Johnson. Bien que sous souveraineté chinoise, son statut de « région administrative spéciale » lui confère des systèmes politique, législatif, juridique, économique et financier à part entière. Londres, en tant qu’ancien responsable politique de l’île, tient ainsi au respect du principe « un pays, deux systèmes » conclu avec Pékin.

La politique virulente de la Grande-Bretagne envers le Chine -à l’image du bannissement de l’opérateur téléphonique Huawei, de la condamnation du travail forcé des Ouïghours au Xinjiang, ou encore de la demande d’adhésion du pays au traité transpacifique- reste une stratégie relativement récente. Quelque peu isolé sur le plan international depuis son départ de l’Union européenne, le Royaume cherche à créer de nouveaux partenariats, notamment avec les Etats-Unis. Ces derniers, engagés dans une guerre commerciale avec Pékin, se montrent d’ailleurs sensibles au soutien de Londres. Quelques heures après la confirmation de l’élection du nouveau président américain, Joe Biden, Boris Johnson a été le premier dirigeant européen à recevoir un appel de la Maison Blanche.

Face à l’hostilité affichée par le gouvernement britannique, son homologue chinois se contente pour le moment de dénoncer l’ingérence du Royaume-Uni, sans pour autant évoquer d’éventuelles sanctions. Dimanche, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères en Chine, Zhao Lijian, a accusé le pays de « transformer un grand nombre de résidents de Hong Kong en citoyens britanniques de seconde zone ».

 

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