Entrepreneure à contre-courant, Anne-France Kennedy remporte cette année le Trophée Entrepreneur des Français des Français du Royaume-Uni, sponsorisé par Edhec Business School. Avec sa plateforme KlimateNet, elle ambitionne de créer des connexions fortes entre ceux qui veulent sauver la planète, façon “LinkedIn du climat”. Rencontre avec une entrepreneure convaincue qu’on peut mêler business et engagement pour la planète, avec autant de passion que de pragmatisme.
De la tech au climat : un parcours en quête de sens
Anne-France Kennedy arrive à Londres en 1998 pour des raisons personnelles, mais elle y découvre une vocation. Après une expérience dans l’écosystème des start-ups, où elle assiste à la montée en puissance de géants comme Shazam, elle réalise que la course au profit sans autre objectif ne l’intéresse pas. « J’ai toujours aimé créer de la valeur, mais j’ai besoin de sens, de faire un truc qui change les choses », explique-t-elle.
En 2003, elle lance sa première entreprise : une marque de jouets écologiques, bien avant que le green soit à la mode. Depuis, elle enchaîne les projets, tous portés par cette envie de combiner business et impact social ou environnemental.
KlimateNet : un réseau mondial pour accélérer la transition écologique
KlimateNet est son dernier projet, et probablement le plus ambitieux. « L’idée de KlimateNet est née d’une observation simple : si les gens peuvent se rencontrer sur une appli pour l’amour, pourquoi pas pour sauver la planète ? » Avec son co-fondateur Sandeep Krishnappa, Anne-France crée en 2021 cette plateforme de mise en relation pour les professionnels du climat, qu’ils soient dans l’agriculture, l’énergie, le transport ou l’industrie. L’objectif est clair : briser les silos entre secteurs et encourager les collaborations internationales sur des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L’idée, c’est que ceux qui veulent agir pour la planète se retrouvent, créent ensemble et passent rapidement à l’action
Mais KlimateNet n’est pas qu’un réseau social de plus. Anne-France et son équipe l’ont conçue comme un « LinkedIn du climat », une plateforme dédiée où chaque membre peut non seulement rencontrer d’autres professionnels, mais aussi lancer ou soutenir des projets très concrets. KlimateNet est aujourd’hui disponible dans 60 pays et ambitionne de devenir le point de référence pour les acteurs de la transition écologique.
Ce qui rend KlimateNet unique, c’est son modèle décentralisé. Contrairement aux plateformes classiques, l’application ne repose pas sur une stratégie de publicité ou de recrutement massif d’utilisateurs. « Ici, ce sont les membres qui créent la valeur et alimentent le réseau », explique Anne-France. Les utilisateurs eux-mêmes génèrent du contenu, créent des contacts et participent activement à la croissance de la plateforme. « On a voulu éviter la centralisation à outrance. En fait, KlimateNet grandit grâce à la passion et aux contributions de ses membres, ce qui rend notre impact beaucoup plus organique. »
Pour atteindre un autre niveau de croissance, KlimateNet est en pleine levée de fonds de 1,8 million d’euros. L’objectif est de renforcer cette communauté mondiale et d’apporter les moyens nécessaires pour multiplier les projets. « On a besoin d’investissements pour permettre à KlimateNet de se développer, mais on croit fermement en notre modèle collaboratif. Ce sont les utilisateurs qui porteront la plateforme. », explique-t-elle.
Il y a des initiatives incroyables qui voient le jour partout dans le monde, mais beaucoup de barrières pour les faire financer ou accompagner
KlimateNet ou le “Linkedin du climat” : Créer des connexions fortes et lancer des projets concrets
L’un des grands atouts de KlimateNet est sa capacité à connecter des porteurs de projets concrets avec des investisseurs et des experts, en particulier dans des domaines comme la régénération des mangroves, les énergies renouvelables ou la reforestation. « Quand on parle de projets climatiques, il y a des initiatives incroyables qui voient le jour partout dans le monde, mais beaucoup de barrières pour les faire financer ou accompagner », explique Anne-France.
KlimateNet veut rapprocher les investisseurs du Global North des innovateurs du Global South, pour que ces initiatives aient les moyens de se réaliser
Pour elle, ce rapprochement est essentiel : « Ce qui manque, ce sont des liens de confiance. Avec KlimateNet, on veut que les porteurs de projets et les investisseurs se rencontrent, se connaissent et aient la certitude que leur partenariat servira à des actions concrètes et durables. »
En favorisant ces connexions, KlimateNet espère renforcer des initiatives locales et solidifier un réseau mondial pour le climat.
La transmission comme vecteur de motivation : inspirer pour mieux changer
Mère de quatre enfants, Anne-France a su concilier vie de famille et ambitions entrepreneuriales : « L’entrepreneuriat, c’est aussi la liberté de jongler entre boulot et vie perso, même si ça veut dire des journées à rallonge. » Pour elle, pouvoir gérer son emploi du temps est essentiel, un choix qu’elle n’aurait pas eu dans une entreprise classique. « On bosse beaucoup, mais au moins, on est là pour les moments importants ! »
Avec son expérience, Anne-France s’investit aussi dans le mentorat, notamment avec la French Tech London. Elle encourage les jeunes à oser sans attendre d’être parfaits : « Ne vous dites jamais que vous n’êtes pas assez qualifiés. Si vous avez une idée, foncez. On peut tout apprendre sur le terrain. Ce qui compte, c’est l’envie et la curiosité. »
Anne-France Kennedy prouve avec KlimateNet qu’on peut allier business et engagement pour le climat. Elle ouvre une voie inspirante pour tous ceux qui rêvent de changer le monde, un projet à la fois.