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A Gibraltar, l’autre Brexit

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Willi Frommenwiler - Unsplash
Écrit par Corentin Mittet-Magnan
Publié le 5 janvier 2021, mis à jour le 6 janvier 2021

La petite enclave britannique du sud de la péninsule ibérique a toujours été source de tensions entre Londres et Madrid, mais les deux capitales sont parvenues à un accord à la veille de la date butoir.

 

C’est un tout petit territoire de seulement 6,8 km 2 et 34 000 habitants, mais, depuis 1713 il donne au Royaume-Uni un avantage stratégique majeur. Au cœur de l'Andalousie, l'enclave de Gibraltar procure aux Britanniques un accès précieux au possible aux eaux de la Méditerranée et de l’Atlantique. Bien qu’il soit entièrement sous contrôle de Londres, l’Espagne revendique depuis toujours sa souveraineté sur le territoire et le Brexit n’avait pas manqué de jeter un peu plus d’huile sur le feu. A tel point que les négociations sur les relations entre ce petit territoire et l’Union Européenne avaient été retirées des travaux effectués à Bruxelles, afin de laisser Londres et Madrid s’en occuper par eux-mêmes. Un accord a pu finalement être trouvé in extremis à la veille de 2021.

 

Une intégration finalement renforcée

Les habitants de Gibraltar ne voulaient pas quitter l’Union Européenne, et ils l’ont clairement fait savoir lors du référendum de 2016 en votant à 96 % contre le retrait de l’UE. Au final, si le Royaume-Uni a bien quitté l’Union, Gibraltar se retrouve paradoxalement encore plus intégré à l’UE qu’auparavant.

En effet, l’accord conclu entre Londres et Madrid, qui ne représente en réalité qu’un pré-accord probablement revu dans quatre ans, prévoit que l’enclave intègre dans les six mois l’espace Schengen. Gibraltar deviendra donc le seul territoire britannique intégré à l’espace européen de libre circulation des personnes. Une excellente nouvelle pour les 15 000 travailleurs et les 2000 camions qui traversent quotidiennement la frontière depuis l’Espagne. Les voyageurs arrivants de territoires extérieurs à l’espace Schengen, dont le Royaume-Uni notamment, devront par contre présenter un passeport. De quoi plaire aux brexiters anglais qui passent leurs vacances au soleil sur le Rocher.

De plus, le territoire devra se conformer aux règles de l’UE concernant le dumping social ou les normes de respect de l’environnement.

 

Un accord qui soulage mais qui ne règle pas tout

La conclusion d’un accord entre Londres et l’UE le 24 décembre dernier avait mis en lumière la difficulté d’en trouver un concernant Gibraltar et laissait craindre la possibilité d’un Brexit dur sur l’une des plus petites frontières du monde (tout juste plus d’un kilomètre). Le rétablissement d’une véritable frontière avec l’application d’un droit de douane aurait eu des conséquences considérables pour les deux parties. D’abord pour Gibraltar qui importe la quasi-totalité de ses produits alimentaires et profite des 10 millions de touristes qui entrent sur le territoire la plupart du temps pour moins de 24h et en provenance d’Espagne. L’autre côté de la frontière profite également de la bonne santé économique du territoire avec des entreprises qui recrutent un nombre important de travailleurs en Espagne.

Malgré l’accord, Madrid n’abandonne pas sur le fond sa volonté de retrouver la pleine souveraineté sur le territoire. Un article du traité de 1713 cédant le territoire à la couronne britannique prévoit d’ailleurs que l’Espagne serait prioritaire le jour où le Royaume-Uni voudrait s’en séparer.

Il faut néanmoins espérer que cet accord, et notamment l’étalement de son application sur plusieurs années, permettra aux deux parties de s’engager dans une relation de confiance permettant de ne pas revoir des scènes de tensions lors desquelles l’Espagne avait resserré les règles de passage de la frontière, utilisant l’isolement de Gibraltar comme moyen de pression.

 

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