Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Notre playlist Paris-London : vers les années 2000 et au-delà

playlist paris londres années 2000playlist paris londres années 2000
Robin Worral - Unsplash
Écrit par Stéphane Germain
Publié le 13 février 2021, mis à jour le 13 février 2021

Notre playlist Paris-London : vers les années 2000 et au-delà LePetitJournal.com propose cette semaine, à défaut de pouvoir aller choper des acouphènes à un concert, une playlist par jour. Embarquez pour un aller-retour entre Paris et Londres dans cette série voyageant des sixties à nos jours. Après les années 60, 70, 80 et 90, atterrissage en douceur (ou non) parmi nos artistes contemporains.

 

French Affair - My Heart Goes Boom, 2000

 

La di da da la la la la la la”, et vous voilà dans les années 2000. Qui plus est en beauté avec l’ancienne mannequin Barbara Alcindor et son My Heart Goes Boom, véritable hymne du passage au deuxième millénaire. La franco-américaine cartonne alors dans toutes les boîtes d’Europe avec ce single entêtant (difficile de se défaire du refrain pendant une bonne semaine). Le titre sera même parvenu à s’introduire dans les classements européens quelques semaines seulement après sa sortie.

Difficile de trouver plus années 2000 que ce mix techno-clubbing, avec ses couplets mêlant français et anglais chantés d’une voix chaude et tentatrice. Mais le succès de French Affair sera de courte durée, bien que quelques autres titres tels que Sexy ou Do What You Want aient atteint les clubs français et européens dans les années qui suivirent.

 

M.I.A. - Talk, 2016

 

Avance rapide jusqu’aux années 2010 avec Talk, single de la rappeuse britannique d’origine Sri-Lankaise M.I.A. Beaucoup connaissent M.I.A. pour ses tubes planétaires que sont Paper Planes, Border et Bad Girls. Et pourtant, la musicienne est une femme engagée, militante, au parcours de vie chaotique.

M.I.A., Mathangi Arulpragasam de son vrai nom, fuit le Sri Lanka dans sa jeunesse. Elle y fuit la guerre civile où son père est une figure du mouvement des Tigres de la révolution, considéré comme terroriste par le gouvernement du pays. Son premier disque, Arular, constitue d’ailleurs un hommage à son père, Arul Pragasam. Arrivée en Angleterre avec sa mère et son petit frère, elle y vivra dans la pauvreté des HLM londoniens et souffrira du racisme ambiant.

Artiste engagée, jamais ni dans les normes ni dans les tendances, M.I.A. se sert de son art comme d’une arme de dénonciation massive. Elle est souvent critiquée pour ses prises de positions affirmées et son refus de se conformer à l’image attendue d’une pop-star américaine du milieu des années 2010. Talk, morceau produit par le DJ Skrillex, est un doigt d’honneur assumé brandi au visage de ses détracteurs.

 

Daft Punk - Something About Us, 2001

 

Difficile d’évoquer les années 2000 en France sans passer par l’incontournable duo frenchy d’envergure internationale. On ne les présente plus, les génies derrière Around The World, Technologic, Lose Yourself To Dance ou plus récemment Get Lucky semblent bien décidés à ne plus jamais descendre de leur trône, légitime au possible.

Something About Us fait partie de ces morceaux moins connus du grand public à première vue, mais pas moins somptueux pour autant. Mélange de gratitude, de résignation, de mélancolie et d’amour débordant, le titre fait partie des bijoux de l’album Discovery. Titre doux-amer, Something About Us procure des sentiments mitigés et se métamorphose selon l’état psychique dans lequel il est entendu. Planant d’espoir amoureux ou vertigineux de désillusion, le seul bémol de ce morceau est qu’il a une fin.

 

KOKOROKO- Abusey Junction, 2019

 

Si la fameuse expression “un peu de douceur dans ce monde de brutes” avait une bande originale, Abusey Junction en serait l’effigie. L’octuor britannique KOKOROKO fait partie de cette jeune scène jazz anglaise pleine de promesses qui consacre une génération multiculturelle, talentueuse et concernée par l’état du monde.

Abusey Junction est un de ces morceaux qui marquent profondément les esprits tant ils sont puissants d’émotion. Révélé sur la compilation We Out Here du label Browndwood Recordings, il propulse la carrière des musicien.nes de KOKOROKO. Pour notre plus grand plaisir.

Au son des cuivres ronds, des percussions réconfortantes et mené par les cordes sensibles de la guitare d’Oscar Jerome, Abusey Junction est un morceau littéralement somptueux. Ses sept minutes font l’effet du soulagement qui vient après les larmes, de la fluidité des instants de plénitude et des étreintes des soirs d’été.

 

Papooz - Pacific Telephone, 2019

 

Les deux parisiens et amis du duo Papooz, Ulysse Cottin et Armand Penicaut, sont de véritables tournesols. Passant leurs étés au Cap Ferret entourés de leur bande d’amis, ils en gardent un amour pour l’eau salée et les soirées étirées de la dernière quinzaine d’août. C’est donc tout naturellement que la plupart de leurs albums sont du soleil en bouteille, et qu’ils font du bien là où ça fait mal en ce mois de février 2021. “On a une bande au bord de l’eau. Le groupe s’est construit là-bas. Ce qui nous a quand même donné un esprit assez solaire même si on est des gars de Paris, sauf le batteur et le bassiste qui viennent de là-bas.” confient-ils aux Inrocks.

Beach Boys français ambiance années 70, le duo amène à ses compositions modernité et vitamine D sur des fonds de sonorités pop, parfois folk. Depuis Ann Wants To Dance, Papooz attend toujours son prochain grand succès mais continue de réchauffer nos oreilles en attendant des jours meilleurs. En les attendant, ces fameux jours, départ pour une galaxie lointaine avec le single spatial Pacific Telephone de leur album du même nom.

 

Studio Electrophonique - I Don’t Think I Love You Anymore, 2019

 

Le jeune génie à la bouille d’enfant derrière Studio Electrophonique, James Leesley, n’en est pas à son coup d’essai : membre des High Hazels jusqu’à leur séparation (Misbehave, Banging On My Door), le jeune anglais se lance désormais en solo avec l’album Buxton Palace Hotel, dont la réussite fait l’unanimité.

Avec des sonorités aux airs de pop lente et désabusée, Leesley s’inspire des grands du milieu du siècle dernier. Les six titres de l’album rappellent parfois les monuments que sont Elliott Smith ou les Velvet Underground. Quoiqu’il en soit, c’est du très bon.

Avec I Don’t Think I Love You Anymore, le britannique au cœur tendre confesse ses sentiments les plus profonds sur un air d’une désinvolture touchante tant elle semble avoir été douloureuse à accepter. Sur ce single particulièrement, on croirait même parfois entendre, là, quelque part, un quelque chose de Lou Reed.

 

Crystal Murray - August Knows, 2020

 

En 2019, la cofondatrice du collectif d’artistes féminines Gucci Gang, se lance dans une carrière musicale en solo dont le départ fait feu. Révélée avec son single After Ten, la jeune Crystal Murray alors âgée de 17 ans seulement fait sensation avec sa voix jazzy et ses sonorités soul revisitées. Ses influences musicales sont multiples, mais puisent principalement parmi les chanteuses afro-américaines old school telles que Betty Davis, “sinon, au-delà des chanteuses afro-américaines, il y a également des gens comme Björk, Tame Impala, Flavien Berger… je suis quand même une parisienne de ma génération !” précise-t-elle aux Inrocks.

La jeune artiste pleine de promesses a malheureusement été freinée dans son élan par la crise sanitaire, contrainte d’annuler sa première tournée. En attendant, consolons-nous via l’écoute de son dernier album en date, I Was Wrong, où figure son single August Knows. Clavier vintage sur une prod moderne, Crystal Murray y dépose sa voix éraillée comme si elle avait déjà parcouru les siècles.

 

Chelou - Halfway To Nowhere, 2016

 

Chelou à la scène, un peu moins à la vie, Adam Gray est un musicien britannique lié par des souvenirs de France. C’est de l’hexagone qu’il tient son nom “J’ai toujours eu une affinité avec cette langue, sans doute parce que j’ai passé la plupart de mes vacances aux alentours de Montpellier quand j’étais jeune. Il y a quelques années, un ami barman bilingue m’a expliqué que "chelou" était utilisé pour décrire des situations super bizarres, situations dans lesquelles j’avais toujours eu l’impression de me retrouver” confiera-t-il dans un entretien aux Inrocks.

Plutôt bercé dans un univers musical rock américain, Chelou refuse le passéisme et préfère naviguer en eaux troubles, se baladant de la pop à la folk acoustique. Le jeune britannique oscille entre gaieté optimiste et plongées introspectives dont la musique serait l’exutoire.

Avec Halfway To Nowhere, s’offre à nous un morceau réflexif doux comme une brise qu’il nous propose dans son album éponyme. Le clip est à ne pas rater non plus. Il a été réalisé par l’artiste londonienne Polly Nor, connue pour son univers fait de doubles diaboliques, de féminités tortueuses et d’intérieurs bordéliques, comme réifiées nos tempêtes intérieures.

 

Vitalic - La Mort Sur Le Dancefloor, 2012 

 

En 2012, Vitalic nous balance Stamina, un titre avec une électro sous haute tension qui ne redescend pour ainsi dire jamais. Le succès est immédiat et reste encore aujourd’hui le morceau le plus retenu de son album Rave Age. Pourtant, Vitalic est un habitué des dancefloors poisseux depuis un moment déjà. Le DJ enfant des années 90, des raves et des boucles acid, passé par le disco-métal (oui, oui) puis par l’EDM s’associe avec Rebeka Warrior (Sexy Sushi) dans un titre électro-fantomatique.

Le duo y célèbre une fête macabre sur le dancefloor, comme pour matérialiser la fête à tout prix, la fête jusqu’au petit matin, la fête jusqu’à la mort. Interrogés sur leurs collaborations par Vice, le duo refuse un élitisme pompeux “underground, c’est pas un label qualité, je ne l’ai jamais pris comme ça” et rechigne à être cloisonné dans une espèce de modernité à tout prix : “tout ce que je fais est rétrofuturiste”, affirme le DJ.

 

Yellow Days - Gap In The Clouds, 2016

 

Ses vingt ans à peine dépassés, Yellow Days a pourtant la voix de celui qui en a vécu trente de plus. Sur ses morceaux mélancoliques, George Van den Broek éraille sa voix plaintive et douce comme le miel. “Sa musique est tout ce que les artistes de Good Years ne font pas : non électronique, hors du temps, loin des modes” écrit Libération au sujet du jeune anglais.

En 2016, le britannique originaire d’une petite ville du sud de l’île sortait son album Harmless Melodies. Y figure Gap In The Clouds, un véritable hymne à l’amour moderne, cri du cœur d’un adolescent pris dans ses tumultes sentimentaux. Sonorités lancinantes sur un beat contemporain, texte déchirant qui culmine sur un “Oh...that smile” en suspension, Gap In The Clouds raconte la torpeur amoureuse et la défonce à l’adrénaline qui l’accompagne.

Yellow Days, “a beautiful mind between those eyes” (un si bel esprit entre ces yeux), ça oui.

 

Pour ne rien perdre de l’actu londonienne, abonnez-vous à notre newsletter en deux clics !