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Le bilinguisme : dès l’âge de 5 ans au Lycée Winston Churchill

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Laure Berr, directrice de l’école primaire
Écrit par Lycée International Winston Churchill
Publié le 2 septembre 2019, mis à jour le 18 février 2021

Dès la grande section maternelle, les élèves bénéficient d’un apprentissage bilingue français - anglais au lycée International de Londres Winston Churchill. 10 questions à Laure Berr, directrice de l’école primaire, qui nous explique en quoi le bilinguisme est un atout indéniable pour les enfants et comment fonctionne l’école primaire.

Quel est votre parcours ?

D’abord professeur des écoles à Nancy, je suis ensuite partie enseigner à l’étranger. J’ai eu un parcours très international avec notamment des missions en Suède, en Irlande aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. Je travaille au Lycée Winston Churchill depuis son ouverture en septembre 2015. La première année en qualité d’enseignante et coordinatrice en charge du programme bilingue, puis depuis deux ans au poste de directrice de l’école primaire.

Le bilinguisme fait-il partie des piliers fondamentaux de l’enseignement au Lycée Churchill ?

Oui, c’est vraiment le point fort du programme à l’école primaire, au même titre que la bienveillance déployée par toutes nos équipes pour favoriser l’épanouissement des enfants. Dès leur arrivée à l’école en grande section maternelle, les élèves bénéficient d’un apprentissage en français et en anglais au quotidien sur des demi-journées. Chaque classe a donc deux professeurs, francophone et anglophone, et les matières sont enseignées dans les deux langues. Nous déclinons bien sûr le programme français, mais nous l’enrichissons avec ce qui se fait de mieux dans le monde en empruntant des méthodes aux modèles britannique, américain, canadien… Pour les mathématiques, les élèves auront par exemple travaillé des techniques opératoires britanniques et françaises et même goûté aux maths de Singapour. Les différents domaines en mathématiques sont par exemple divisés entre les années en français et en anglais de manière à ce que les élèves acquièrent le vocabulaire et les techniques dans les deux langues. Un atout qui leur permet à l’entrée de la sixième de se diriger vers notre filière EIP ou notre filière menant vers le bac Français. Je suis passionnée par le bilinguisme et suis toujours enjouée de faire découvrir notre programme.

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On parle beaucoup ici de la personnalisation de l’apprentissage…

Si nous développons un maximum l’autonomie et la prise d’initiative, nous travaillons aussi sur l’individualisation des parcours d’apprentissage. Les élèves ont des plans de travail différenciés qui leur permettent de se challenger. Nous sommes fiers d’accueillir un public de plus en plus international et nous offrons, pour les élèves non francophones ou anglophones jusqu’à 4 heures de cours plus intensifs par semaine pour vite les mettre en confiance et leur donner l’amour de la langue. Cela se fait en petits groupes de 5 à 7 enfants pendant les temps de littérature. Les progrès sont fulgurants. Ce fut le cas pour Simran et Alya qui ne parlaient pas un mot de français en arrivant à l’école en grande section maternelle et qui 15 mois après en ont une bonne maîtrise. La preuve par l’image.

C’est la même chose pour les enfants non-anglophones. Nous leur donnons confiance en eux, et surtout l’envie d’apprendre. Nous leur montrons également le témoignage de Jules qui en une année de CE2 est devenu capable de rejoindre le groupe classe en anglais en étant tout à fait à l’aise. Cette courte vidéo a été tournée juste un an après son arrivée dans l’établissement.

Cette personnalisation est rendue possible car vous connaissez parfaitement vos élèves…

Oui le travail en petits groupes dont je parlais précédemment est valable dans un système d’apprentissage de la langue comme dans la différenciation de l’enseignement. Nous connaissons effectivement très bien nos élèves. Dès le début de l’année et les premières évaluations, nous sommes capables de dire si un enfant a besoin d’un petit coup de pouce dans un domaine ou s’il a besoin d’être challengé dans un autre. Cela se fait au sein même de la classe car nos professeurs sont des spécialistes de la différentiation et ils opèrent grâce à des stratégies pédagogiques pour combler les lacunes ou encourager les enfants qui excellent dans une matière. L’idée est de faire en sorte que nos élèves s’épanouissent. Nous leur proposons aussi de travailler sur un projet pour lequel il porte un intérêt fort. Nous avons par exemple un élève de CE2 très intéressé par l’astronomie. Il travaille sur la présentation du système solaire et des distances des planètes entre elles. Il présentera son travail à ses camarades de classe.

Est-ce un avantage d’apprendre l’anglais dès 5 ans ?

Oui, on profite un maximum de la plasticité cérébrale des élèves dès le plus jeune âge. Nos élèves, dès la Grande Section profitent d’un environnement multiculturel (40 nationalités différentes) où l’immersion dans la langue et la culture favorisent les interactions, l’émulation et permettent des progrès fulgurants. Cette mixité est aussi un avantage pour l’ouverture d’esprit, la tolérance, l’acceptation de la différence. On le voit aussi dans la cour de récréation, tout le monde côtoie tout le monde. Nous nous engageons aussi à promouvoir ces cultures différentes en permettant à des enfants et à leurs familles de venir expliquer aux autres enfants de la classe d’où ils viennent, avec des vidéos, des photos, des costumes, des objets typiques et des spécialités culinaires. Nous avons décidé de mettre un accent plus fort sur la valorisation des cultures dès septembre prochain.

Vous parliez tout à l’heure de bienveillance et de prise d’initiatives, vous pouvez développer ?

Lorsque les enfants ne sont pas heureux de venir à l’école, il est très difficile voire impossible de faire naître des apprentissages et de les faire progresser. Dès leur arrivée à l’école, nous nous faisons un devoir - et même une joie - de bien les accueillir, d’être à leur écoute et d’être là pour eux, tout simplement. La porte de mon bureau est toujours ouverte et les enfants viennent me voir quand ils le souhaitent. Ils ne se privent pas d’ailleurs de venir me présenter de nombreux projets et nous mettons tout en oeuvre pour les réaliser (dans la mesure du possible). Au primaire, les élèves sont très volontaires. Nous avons par exemple une quinzaine d’élèves (sur 204 au total au primaire) qui ont été formés durant trois semaines pour endosser le rôle de « super copain ». Lorsqu’ils voient un camarade à l’écart, seul, ils vont tout de suite aller lui parler, lui demander si ça va et s’il veut se joindre à eux pour un jeu. Même chose en cas de conflit. Ils interviennent immédiatement pour trouver la meilleure solution. Ils sont très investis et reconnaissables grâce à leur petit gilet « playground buddy ».

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Les enfants s’engagent aussi pour l’environnement ?

C’est exact. L’année dernière nous avons vu la naissance d’un « Green committee ». Cinq élèves sont arrivés dans mon bureau en affirmant vouloir ne plus voir de plastique dans la cour. Nous les avons invités à créer un comité spécial avec l’élection d’un président et d’un vice-président et à déterminer des actions. Ils ont d’abord demandé l’installation de poubelles de recyclage dans la cour, puis ils mènent maintenant campagne pour utiliser des moteurs de recherches écologiques… C’est magnifique parce que cela vient d’eux et pas des adultes. Dans un autre registre, deux petites filles sont venues récemment me trouver pour me dire que elles aussi, comme toutes les filles, ont le droit de jouer au football dans la cour. Elles sont en train de préparer une assemblée pour expliquer qu’elles ont les mêmes droits que les garçons. Et enfin, autre initiative tout aussi louable, celle d’élèves de CP et CE1 qui ont manifesté le souhait de pouvoir aider les élèves de grande section de maternelle à lire. Cela a été mis en place dès le mois de février. Ils sont heureux d’aller à la bibliothèque à midi et d’emmener les plus petits avec eux. Si cela ce n’est pas déjà être “un grand”, je ne sais pas ce que c’est ! (sourire)

La bienveillance, c’est aussi parfois venir à bout de certains blocages… dans la douceur ?

C’est exactement cela. Certains enfants peuvent avoir des blocages lors de l’apprentissage de la lecture. Ils n’osent pas lire à haute voix de peur d’un jugement ou tout simplement n’osent pas. Nous avons sorti de notre manche une solution miracle : Yakouba. C’est notre “dogtor” et également ma chienne. Lorsque je vivais à San Francisco, Yakouba a fait du volontariat et rempli de nombreuses missions dans des hôpitaux pour enfants de la ville. Une fois arrivés ici, nous avons pensé qu’elle pourrait aussi être d’un précieux secours pour certains élèves de l’école. Aussi les enfants ne lisent pas pour leur professeur, mais racontent une histoire à Yakouba, couchée devant eux. Ils oublient complètement que nous sommes là et lisent en toute confiance. Nous travaillons sur le succès et nous valorisons la moindre petite phrase prononcée sans écorchure. Yakouba est heureuse: si elle dort c’est que l’histoire est magnifique et si elle se réveille c’est qu’elle est vraiment excitée par l’histoire qui vient d’être lue (sourire).

Si vous portez une grande attention à vos élèves, vous n’oubliez pas les professeurs…

Effectivement. Le bien-être des enfants passe aussi par le bien-être des enseignants. Ici les professeurs peuvent bénéficier gratuitement de cours de langue s’ils veulent approfondir leurs connaissances en anglais ou en français. C’est important pour bien comprendre le langage et la culture de l’autre. Surtout pour les enseignants qui se relaient pour animer la même classe car ils sont amenés à travailler en étroite collaboration et nous avons à cœur de développer leur curiosité pédagogique pour qu’ils arrivent chacun à comprendre comment fonctionne l’autre. Nous avons parlé tout à l’heure du bilinguisme en mathématiques, cela s’applique également en littérature où il n’y a pas de rupture entre les deux apprentissages. Bien au contraire. Les deux enseignants travaillent sur une même thématique. En ce moment c’est la mythologie, les contes et les légendes en CE2. Les livres étudiés ne seront pas les mêmes en français et en anglais, mais portent sur le même sujet. Les élèves auront ensuite à travailler un récit avec une production d’écrit. La structure du récit va être la même, mais forcément les introductions en français et en anglais vont varier car les méthodes sont différentes.

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Cette philosophie participe à la dynamique de l’école. Les professeurs font vraiment un travail formidable et sont passionnés par l’éducation et n’ont à coeur que le bien-être et les progrès des élèves. Ils ne comptent pas leurs heures et ont juste le progrès de leurs élèves en ligne de mire. Les inspecteurs de l’Ofsted ont bien remarqué l’incroyable travail mené depuis l’ouverture de l’école. Le primaire est à présent labellisé « good » pour l’éducation et « outstanding » pour le bien-être des enfants. Notre programme est encore amené à évoluer pour s’ajuster encore plus aux profils et besoins de nos élèves.

Les parents sont également acteurs de cette réussite ?

Nous travaillons en effet énormément avec les familles. Des parents viennent pendant la pause du déjeuner pour animer des cours de yoga, des ateliers de jeux de société ou emmener les enfants à la webliothèque ou encore pour faire du jardinage. Plus qu’une école, c’est une vraie communauté qui est née.

 

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