Depuis bientôt dix mois, la vie londonienne, comme celle d’une bonne partie de la planète, est rythmée par les évolutions de l’épidémie de Covid-19. Mais, c’est loin d’être la première à chambouler le quotidien de la capitale.
La longue histoire de la ville de Londres est marquée par de nombreuses épreuves: guerres, incendies et maladies. On ne vous apprendra rien en évoquant ici le Covid-19, qui, bien qu’il n’est pas le virus le plus mortel ayant frappé la ville, laissera forcément une marque indélébile dans l’histoire de Londres à cause de l’ampleur de ses conséquences sur le système de santé et l’économie.
Londres fut le théâtre de trois autres grandes épidémies. D’abord la peste, puis le choléra, et enfin la grippe espagnole. La rédaction revient sur ces grandes épidémies, leurs origines, leurs conséquences et la façon dont Londres les a combattues.
De 1348 à 1665, les ravages de la peste
La peste bubonique est présente en Europe tout au long du Moyen-Age. Importée d’Asie centrale, probablement par des puces présentes sur les rats, elle fait des ravages à travers le continent. Elle apparaît à Londres pour la première fois en 1348 et demeure responsable de la mort de près de 40 % de la population londonienne de l’époque. Sa présence restera constante jusqu’à la dernière grande épidémie à Londres en 1665. Le premier décès fut recensé au mois d’avril mais la maladie se répandit très vite, et dès la mi-juin 267 personnes étaient décédées. Les autorités mirent alors en application les Royal Plague Orders, série de mesures établies en 1578 pour répondre à une précédente épidémie. Les théâtres sont fermés et les malades sont enfermés chez eux. Très vite, les plus fortunés quittent la ville tout comme la famille royale. Les témoignages de l’époque décrivent une ville avec les rues vides et les magasins fermés. Au pic de l’épidémie au mois de septembre, plus de 8000 personnes décèdent sur la même semaine. Les contaminations reculent peu à peu grâce à l’isolement des malades et la population entame un retour massif à Londres au mois de décembre. Au total, entre 75 000 et 100 000 personnes sont mortes dans ce qui fut la dernière grande épidémie de peste du pays.
En 1854, l’épidémie de choléra pousse les autorités à faire de grands travaux
Entre 1846 et 1860, ou 1837 et 1863 selon les sources, le monde est touché par la troisième pandémie de choléra de son histoire. Partie du sous-continent indien, la maladie arrive en 1848 dans les îles britanniques, tuant des dizaines de milliers de personnes. En 1854, une deuxième vague épidémique touche Londres et notamment le quartier de Soho, à l’époque surpeuplé et insalubre. Rien n’est prévu pour l’évacuation des eaux usées et il n’existe pas de véritables sources d’eau propre. Seules quelques pompes distribuent de l’eau sale dans certaines rues. Hors, c’est précisément par l’eau que se propage la maladie. Les autorités et les scientifiques étaient alors convaincus que la maladie se répandait par l’air et notamment par les odeurs. Le physicien John Snow (non, pas celui auquel vous pensez), avance alors une théorie évoquant la contamination par l’eau. Grâce à un travail minutieux auprès des habitants du quartier, notamment ceux de Broad street, épicentre de l’épidémie, il parvient à identifier la pompe distribuant l’eau contaminée. Un mémorial sous la forme d’une pompe à eau est aujourd’hui présent à Braodwick street. 616 personnes sont mortes du choléra dans le quartier cette année-là. Les plans du système d’évacuation et d’approvisionnement en eau seront entièrement revus.
1918, fin de la guerre mais début de l’épidémie de grippe espagnole
Pour la communauté scientifique, la grippe espagnole de 1918 est la première pandémie de l’histoire récente. Les premiers cas sont apparus aux États-Unis mais c’est la transparence dans la gestion de la maladie en Espagne qui lui donne ce nom. La maladie arrive en Angleterre à la fin de la guerre. Les soldats britanniques de retour des tranchées du nord de la France répandent la maladie à travers le pays lors des voyages en train et en bateau pour rentrer chez eux. La maladie débarque à Londres en 1919, en contaminant près de la moitié de la population de la ville. Les recommandations des autorités sanitaires étaient alors sensiblement les mêmes qu’aujourd’hui : éviter les rassemblements et les contacts physiques, se laver assidûment les mains et fermer les écoles. Au total, 228 000 personnes mourront de la grippe espagnole au Royaume-Uni.