Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Carte postale de Californie avec le premier album électro d’Antoine Chambe

Antoine Chambe - Nicolas BurlotAntoine Chambe - Nicolas Burlot
Antoine Chambe - Nicolas Burlot
Écrit par Jean Reversat
Publié le 4 juillet 2022

Le producteur et DJ lyonnais, Antoine Chambe, compose une musique chargée d’optimisme. Elle séduit des millions d’auditeurs à travers le monde et revient encore plus chaude cet été sur la scène électro française ! Certains titres ne sont pas sans rappeler les œuvres magnétiques de The Weeknd, Busy P, Kavinsky et Duke Dumont.

 

Prenez vos bagages et partez cet été sur la côte ouest des États-Unis. Le commandant de bord, Antoine Chambe et son album Riverside, vous souhaitent la bienvenue. Avec ses douze titres, il se prépare à vous faire ressentir toute la ‘Californian-vibe’. Il fera même escale dans l’Hexagone en juillet et en août, au cours de sa grande tournée tricolore.

La rédaction, qui avait aussi envie de voyager, a interrogé Antoine Chambe sur sa carrière musicale et les dessous de son nouvel album.

 

Antoine, vous considérez-vous plutôt DJ ou un compositeur ?

Antoine Chambe : Je me considère avant tout comme un compositeur. Seulement, j’ai été amené à jouer mes morceaux sur scène et pour le faire, j’ai dû apprendre à mixer. Maintenant, oui, je suis DJ.

 

Comment est né votre goût pour la musique ?

J’ai toujours été un gamin avec pas mal d’énergie. Je la canalisais en écoutant beaucoup de musique et en faisant du sport. Puis vers mes 15 ans, je me suis blessé et ma jambe est restée immobilisée pendant quelques mois. Du coup, mes parents m’ont offert ma première guitare pour que je puisse m’occuper. Ça a été le coup de foudre instantané. Même après mon rétablissement, j’ai continué à jouer dans des groupes de rock. Aujourd’hui, je suis plus orienté sur l'électro, ce qui ne m’empêche pas de produire des mélodies ‘rock’.

 

À quel moment s’est opéré ce virage vers l’électro ?

Cela s’est fait pendant mes études supérieures, lorsque je suis parti à Lille pour intégrer l’école d’ingénieur HEI. Là-bas, j’ai rencontré deux gars qui perçaient dans la musique électro : Tez Cadey et AxMod. Grâce à notre passion musicale commune, nous avons vite fait connaissance. Ils m’ont montré comment produire de la musique avec un ordinateur. J’ai commencé à composer et à la vendre à d’autres artistes pour payer ma vie étudiante. AxMod a ensuite envoyé l’un de mes morceaux - Feels so Good - à l’une de ses connaissances. Maintenant que je le réécoute, ce morceau de tropical house a pris un sacré coup de vieux. A l'époque, il a néanmoins bien fonctionné, notamment grâce à la visibilité d’AxMod, ce qui m’a ouvert les portes de la production en live.

 

Lorsque vous avez commencé les représentations live, comment vous sentiez-vous ?

Honnêtement, j’étais assez stressé par la scène. À la base, je n’avais même pas la volonté de me mettre en avant. Mes expériences, les challenges personnels et mes études me suffisaient largement.

En réalité, ça s’est fait naturellement lorsque la musique a pris de l’ampleur dans ma vie. Là, j’ai dû faire un choix : la musique ou l’école d’ingénieur. Comme vous pouvez le constater, j’ai choisi la musique, tout en intégrant parallèlement une école de commerce et de marketing. Je n’abandonnais donc pas les études, mais bénéficiais d’horaires plus souples et de l’opportunité de monter ma propre structure.

 

Vous avez donc créé votre label ?

Exactement, ce label s’appelle Riptide. D’abord, c’était une association qui est devenue une société en 2017. Encore une fois, ce sont mes études qui m’ont guidées car j’ai notamment acquis les compétences pour m’occuper du droit de mes morceaux et prendre également en charge des artistes qui m’intéressaient.

 

À ce moment-là, vous étiez dans la période de création du single « Dream of Me » ?

Oui, nous étions en plein été 2017. Durant cette période, les labels ne sortent pas beaucoup de morceaux parce que l’industrie tourne au ralenti ; par exemple, la presse et les plateformes sont en vacances. Pour avoir de la visibilité c’est donc plus difficile.

Mais à l’époque, je ne savais pas tout ça. J’ai sorti deux morceaux : le premier intitulé Dream of Me avec le label anglais Casual Jam, et le deuxième, Andalusia, aux côtés d’un label italien. Contre toute attente, ils ont reçu une très belle visibilité avec une certification disque d’or pour Andalusia et la première place mondiale sur Soundcloud pour Dream of Me. Ça a explosé en un été et franchement je ne m’y attendais pas. J’ai même été invité en Croatie pour jouer ces morceaux ! Aujourd’hui encore, ils continuent d’être écoutés. Je reçois par exemple de nombreux messages, retours et identifications sur les réseaux sociaux, ce qui en soi est assez sympa.

 

« Dream of Me » a été enregistré à Londres, c’est bien ça ?

Ça s’est fait en deux temps : je l’ai créé dans ma chambre étudiante à Lille, mais le label Casual Jam, rattaché à la chaîne Youtube MrRevillz, s’y est intéressé. Ils m’ont demandé d’améliorer techniquement le morceau. N’ayant pas les compétences pour le faire, ils m’ont proposé de collaborer avec John Davis au studio Métropolis. J’ai eu la chance de travailler la finalisation du morceau avec lui, une vraie légende du mastering qui a laissé sa signature sur de nombreux tubes de The Killers, Gorillaz, The XX, Dua Lipa, Led Zeppelin, U2… Dream of Me est par conséquent le premier morceau qui a eu une dimension professionnelle au niveau technique, voire même du marketing. J’avais effectué un nouveau ‘step’ en avant grâce à Ashley Revils, le gérant de Casual Jam.

 

Antoine Chambe et Jimmy Burney - Nicolas Burlot
Antoine Chambe et Jimmy Burney - Nicolas Burlot

 

Cumulant à eux deux 430 millions d’écoutes, Easy Come et Andalusia – qu’on adore – ont aussi marqué un tournant pour vous. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Andalusia a eu un succès plus général, avec différentes versions, remixées ou pas. Géographiquement, c’est en Europe de l’Est qu’il a le plus marché et, aussi paradoxal que ça puisse l’être, en Russie et en Ukraine. Andalusia a eu également du succès chez nous et en Asie.

Easy Come a plus été un raz-de-marée. Pour l’anecdote j’étais en studio avec mon chef de projet et directeur artistique. En discutant, il est allé sur la plateforme Believe, où apparaissent l’audience des morceaux en direct, et s’est aperçu que le titre cumulait un million d’écoutes par jour. Je vous assure, c’est un chiffre complètement fou. Même la plateforme n’y comprenait rien, par ce qu’en soi ces statistiques dépassaient celles d’énormes artistes comme PNL et Jul. En fait, ce n’était pas un problème de comptage. La situation coïncidait avec la publication, décalée, des résultats du morceau en Chine. Là-bas, Easy Come avait explosé. Grâce à cela, il vient d’être certifié quintuple disque de diamant. Ce qui est amusant, c’est qu’au même moment, le titre de Tez Cadey, Seve, a lui aussi cartonné en Chine. Nous étions deux amis d’école aux premières places des charts chinois, drôle d’histoire.

 

Nous avons parlé de singles, mais Riverside, qui vient de sortir, c’est votre premier album ?

Affirmatif. Les artistes produisent souvent des singles et des EP, parce qu’il devient de plus en plus difficile de créer un album qui séduise dans sa globalité. Avec le digital, les utilisateurs vont plutôt sélectionner les titres qui leur plaisent et les ajouter dans leurs playlists. Sortir un album requiert une minutieuse construction et pour cela il faut un contexte propice : de la visibilité et une finition impeccable. Personnellement, je suis très attaché au format, notamment lorsqu’il est converti en vinyle (ce qui devrait se produire prochainement).

 

Pour l’album, vous avez voyagé en Californie ?

Tout à fait, j’ai pu vivre six mois en Californie, dans la ville de Riverside, d’où le nom de l’album vous l’avez compris. Je suivais des cours du soir pour étudier l’événementiel et la journée j’allais enregistrer de la musique avec des artistes locaux. C’est là où j’ai construit la base de mon album.

J’ai toujours beaucoup d’attrait pour les États-Unis. Deux choses m’ont particulièrement marquées. Venice Beach (Californie), avec à la fois son soleil couchant qui crée des lumières absolument magnifiques et également une mixité culturelle qui pousse les gens à se mélanger. Je ressens une ambiance ‘feel good’, unique en son genre. Ensuite, le voyage, avec mes amis, pendant trois semaines à travers la Californie, l’Arizona et l’Utah. J’y ai vu des paysages à couper le souffle.

 

C’est donc un album basé sur ce que vous ressentez à travers les expériences de votre vie d’artiste ?

Pour être honnête, je pensais que les artistes qui prenaient des vacances, sous couvert d’une quête d’inspiration, souhaitaient prendre du bon temps. Et puis, j’ai regardé une interview de Justice, où le groupe expliquait la conception de leur premier album. A la première écoute, vous remarquerez qu’il est brut, voire violent au niveau des rythmiques. Tout cela découle du fait que l’enregistrement s’est déroulé dans une cave, avec un niveau insuffisant d’oxygène. J’ai pris conscience qu’il y a énormément de sensations perceptibles dans l’environnement où l’on se trouve. Elles influencent alors votre musique. Par exemple, mes nouveaux morceaux sont plus dansants depuis que je suis revenu à Lyon.

Quoi qu’il en soit, je ne suis pas quelqu’un qui a envie de faire de la musique politisée. Je ne m’en sens pas légitime. Dans cet album, j'ai essayé de réunir tous mes goûts musicaux avec du disco, de la pop et de l'électro afin de créer une ambiance californienne douce et mélodique. Un bon moment à partager entre amis, de l’apéro, jusqu’en fin de soirée.

 

Quel est le titre de l’album que vous recommanderiez en premier ?

Dangerous. Paradoxalement, c’est le premier morceau de l’album, mais aussi celui qui est sorti en dernier. J’ai procédé ainsi volontairement, car je souhaitais le garder pour l’ouverture. C’est un morceau réalisé avec Lucas Cozy, un artiste qui n’est plus très actif, mais qui a accepté de collaborer avec moi pour l’occasion. À mes yeux, c’est une grande fierté.

 

Antoine Chambe et Lucas Cozy - Nicolas Burlot
Antoine Chambe et Lucas Cozy - Nivolas Burlot 

 

Quel est votre morceau préféré ?

C’est dur à dire … J’ai vraiment un coup de cœur pour Forget About It et sa belle histoire. Lorsque nous avons terminé l’album, le label Riptide a signé avec Tomode, un duo suédois très talentueux. À une journée de la remise du projet, je leur ai demandé, sur un coup de tête, s’ils ne pouvaient pas peaufiner Forget About It avec leurs voix. Dans l’heure qui suivait, ils m’ont renvoyé une piste audio que j’ai trouvé juste magnifique. Je ne l’ai même pas retouchée.

Je pense aussi à Midnight. C’est un titre que j’ai construit en revenant d’une soirée. L’idée m’est venue alors que nous étions en train de traverser Hollywood Boulevard. La rue était remplie des décors du film Ready Player One et de nombreuses lumières étaient projetées dans tous les sens. J’ai réellement eu la sensation d’être seul au monde. Par conséquent, le morceau n’a pas de structure, pas de refrain et seulement la voix d’une actrice que j’ai rencontré en Californie. Comme cela peut parfois nous arriver en soirée, dans un accès de faiblesse, elle laisse un message vocal à son ex-petit ami. Du coup, Midnight conserve un côté naturel et plus profond. C’est moins ‘feel good’, par rapport aux autres titres.

 

Vous avez également réalisé une collaboration avec votre sœur Juliette ?

Ma sœur a longtemps chanté dans une chorale, la Cigale, à Lyon. Elle a pu notamment y travailler avec la chanteuse Pomme. Juliette a donc un vrai talent pour le chant, tout en sachant composer. Alors, pour moi, c’était inconcevable de ne pas enregistrer un titre de l’album sans elle. Mais je ne voulais pas qu’on pense que la collaboration avec Juliette était essentiellement symbolique. Il fallait que ce morceau ait la même qualité que le reste de l’album.

Je souhaitais également qu’elle participe à l’écriture et à la composition, ce qui n’a pas été facile. Vous savez quand on compose à plusieurs, nos personnalités ressortent et cela oriente la création. Juliette est plus pragmatique, techniquement parlant, et moi plus créatif. Finalement, cela a fonctionné. Nous sommes allés chez un ami ingénieur du son qui possède un studio intimiste, pour que ma sœur se sente à l’aise. Je suis très heureux de l’avoir fait en famille jusqu’au bout. Et puis, le morceau (Imagine) plaît au grand public. Il faut dire que les chœurs qu’elle a chantés, en prenant plusieurs tonalités de voix, sont exceptionnels.

 

Avez-vous des dates de représentations live programmées ?

Cet été sera principalement axé sur la France. Les choses sérieuses commencent le 15 juillet, jusqu’au 18 août. Nous allons avoir une cinquantaine de concerts dans l’Hexagone, principalement en bord de mer. Je jouerai également au festival d’Arcachon le 28 août. Pour le moment, la deuxième partie des dates n’est pas parue. Elle le sera sous peu.

 

 

Avant de se quitter, pourriez-vous nous donner une définition, en quelques mots, de votre musique ?

Je pense que chacun doit faire son interprétation de la musique. Personnellement, je rattache la mienne à des souvenirs heureux, joyeux et détendus. Il n’y a pas de stress, c’est simplement la joie de vivre sous le soleil. D’ailleurs, j’adore passer du temps avec mes amis et rencontrer de nouvelles personnes. Je pense que ça se ressent. Ma musique porte donc avant tout un message positif.

 

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions