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Brexit : les conséquences d’une relation « à l’australienne »

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Joy Csunyo - Unsplash
Écrit par Corentin Mittet-Magnan
Publié le 15 décembre 2020, mis à jour le 15 décembre 2020

C’est l’outil rhétorique favori de Boris Johnson depuis quelque temps lorsqu’il évoque les négociations sur le Brexit. Pour éviter de parler d’un no-deal le Premier ministre évoque la possibilité d’une relation « à l’australienne » entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne.

 

En juillet 2019, Boris Johnson succède à Theresa May et accède au poste de Premier Ministre du Royaume-Uni. Celle-ci avait annoncé sa démission quelques mois plus tôt après des échecs répétés dans la conclusion d’un accord avec l’UE sur le Brexit. Son successeur devait donc permettre d’en finir avec les interminables négociations. D’ailleurs, l’une des promesses de Boris Johnson, martelée tout le long de sa campagne, était de « get Brexit done », conclure le Brexit.

Presque un an et demi après son élection, force est de constater qu’un accord est loin d’être conclu. Le bilan de Boris Johnson en termes de report des délais est loin d’être meilleur que celui de Theresa May. Pire encore, même s’il refuse de prononcer le terme, un no-deal semble aujourd’hui plus que probable. Les pirouettes verbales ne cachent rien. Car, soyons clair, l’Australie n’ayant pas conclu d’accord de libre échange avec l’UE, une relation à l’australienne signifie un no deal. D’ailleurs, interrogé sur la différence entre un no-deal et une relation à l’australienne, le Secrétaire d’État aux Affaires Alok Sharma évoque avant tout « une question de sémantique ».

 

Des échanges dans les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC)

En cas de sortie sans accord, les futures relations commerciales entre Londres et l’Union seraient donc soumises aux règles de l’OMC, avec des conséquences multiples. La première d’entre elles étant l’imposition de taxes, jusqu’ici inexistantes grâce au libre échange garanti dans le marché commun européen. L’Union Européenne est d’ailleurs, de loin le premier partenaire commercial du Royaume-Uni. Ce sont 830 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels qui sont en jeu, rien à voir avec les 47,7 milliards (chiffres de 2017) annuels avec l’Australie.

L’application de ces taxes serait dramatique pour des secteurs comme la filière automobile ou l’élevage, qui exportent une grande partie de leur production. L’importation et l’exportation de composants automobile pourrait être taxée jusqu’à 10 % et les produits agricoles entre 30 et 40 %. D’après John Allan, patron de Tesco, les prix pourraient augmenter jusqu’à 5 % pour les produits frais. Au Royaume-Uni, seulement 57 % des légumes et 16 % des fruits consommés sont produits sur place.

Une augmentation importante des prix aurait un impact désastreux sur les ménages britanniques déjà touchée par les conséquences de la crise du Covid-19 mais également sur l’économie britannique dans son ensemble. Celle-ci pourrait perdre deux points de croissance supplémentaires.

 

Mise en garde

D’ailleurs, l’ancien Premier ministre britannique Malcom Turnbull a appelé Boris Johnson à être vigilant sur ces souhaits. Selon lui, une relation à l’australienne : « ça sera plutôt décevant ». Il ajoute également que « de très grandes barrières » limitent le commerce avec l’Europe, à tel point que « les Australiens ne voient [leur] relation commerciale avec l’UE comme satisfaisante ».

 

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