

Alors qu’on pensait sa construction actée il y a de cela quelques semaines, le gouvernement vient d'enterrer une fois pour toutes le projet de la Tulipe Tower, un building de 305m conçu par Foster + Partners.
La décision a été annoncée par Christopher Pincher, le Ministre du logement et des communautés : le chantier de construction de la Tulip Tower est officiellement abandonné. La tour, vouée à devenir une attraction touristique conçue par Foster + Partners, aurait dû être implantée au 20 Bury Street, dans le quartier financier de Londres. Une décision surprise qui met fin à une longue saga de rebondissements et de décisions contradictoires sur le sort de ce projet très controversé depuis ses prémices.
Une tour qui aurait été « visuellement intrusive » et « non durable »
Les ministres ont motivé leur décision en évoquant d’une part l’impact qu’aurait eu le bâtiment sur la Tour de Londres et de l’autre son « concept hautement non durable consistant à utiliser de grandes quantités de béton armé pour les fondations et les cages d’ascenseurs. » Selon eux, l’immeuble n’aurait été rien d’autre qu’un « fouillis d'idées architecturales » sans concept clair.
Dans un rapport d’enquête, David Nicholson, un inspecteur en urbanisme, rapporte que « les propositions de la Tulip frôlaient les extrêmes. » À l’époque, il avait noté des « détails soignés et une présentation exquise tout à fait exceptionnels » mais un « objectif, une forme, des matériaux et un emplacement » donnant lieu à « une conception qui causerait un préjudice considérable à l'importance de la Tour de Londres, et un préjudice supplémentaire à d'autres biens patrimoniaux », d’autant que la Tulip Tower n’aurait pas non plus été neutre en carbone. Aussi, l'aéroport de London City s’était inquiété de l'impact sur son système radar.
L’abandon du projet a été salué par Historic England, une des autorités britanniques responsable des sites protégés, qui a estimé que le bâtiment aurait été « visuellement intrusif » et « hautement incongru. » Son directeur général, Duncan Wilson, avait pour sa part assuré que ce nouveau building aurait « nui à l'expérience de visite de millions de touristes et de Londoniens. »
La Tulip Tower serait devenue la plus haute de la City, et la seconde plus haute de la capitale. Architecturalement, la tour aurait dû comprendre un dôme de verre de 12 étages, trônant au sommet d’un pilier de béton, avec des points d'observation ouverts au public, des bars et des restaurants.
Un projet trop « brouillon » qui n’a pas su séduire le gouvernement
Christopher Pincher a pris cette décision au nom du secrétaire d'État Michael Gove, et suit les recommandations émises par David Nicholson de rejeter le projet suite à une enquête publique tenue en novembre dernier. Initialement, la validation du projet, prévue pour septembre, aurait dû être le chef de Robert Jenrick, le prédécesseur de Gove, démis de ses fonctions lors du remaniement.
Nicholson a également estimé que « les gains qu'une nouvelle attraction touristique apporterait à l'économie, au tourisme et à l'éducation seraient relativement modestes par rapport à la ville dans son ensemble et à d'autres dispositions proches », rendant ainsi le bâtiment peu fructueux aux yeux des comptables du gouvernement.
Une décision finale qui clôt des années de controverses
Prévue pour être construite juste à côté du Gherkin, les plans de la Tulip de Foster + Partners, ont été soumis en 2018 par le groupe Safra Group. Initialement approuvé par la City of London Corporation au printemps 2019, le projet avait été mis en suspens par Sadiq Khan, le maire de Londres. Ce dernier a rejeté le projet quelques mois plus tard au nom du « préjudice qu’il pourrait causer à la ligne d'horizon de Londres. » Selon lui le gratte-ciel n’aurait apporté qu'un « bénéfice public très limité » à cause de la « qualité insuffisante » de son design.
Le promoteur chargé du projet s’est exprimé jeudi quant à la décision du gouvernement se désolant ainsi : « Nous sommes déçus par la décision du gouvernement britannique de refuser le permis de construire du Tulip. Ce projet représentait une occasion unique de réaffirmer la réputation de leader mondial de Londres en matière d'architecture, de culture, d'éducation et de tourisme. »
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