2020 a tout balayé sur son passage, y compris le cinéma qui connaît sa plus grave crise depuis son invention par les frères Lumière en 1895. L’industrie toute entière s’en retrouve menacée par le coronavirus. La rédaction fait le bilan d’une année difficile pour le septième art et s’interroge sur l’avenir de nos salles sombres. Première partie.
Retour en arrière. “Flashback” en langage cinématographique. Nous sommes en début d’année 2020, le coronavirus nous semble encore n’être qu’un problème réservé à la Chine et nous pouvons librement nous rendre au cinéma. Au délà de faire travailler votre imagination, cette période nous semble maintenant si loin dans le passé, mais aussi dans le futur. Vous allez devoir remuer vos méninges pour vous souvenir des films sortis en début d’année, pourtant ils étaient très bons, mais nous semble sortis d’un autre temps.
Les premiers mois de 2020 ont en effet été riches en longs métrages de qualité. Dans 1917 Sam Mendes nous a bluffé avec son plan séquence de deux heures. Jojo Rabbit de Taika Waititi nous a ramené sur un ton décalé en pleine Seconde guerre mondiale. Leigh Whannell nous a plongés dans l’horreur des violences conjugales avec Invisible Man. Dark Waters et La Voie de la justice, alias Just Mercy en anglais, nous ont raconté l’histoire vraie de combats pour la défense de l’environnement et contre le racisme. Toutefois, ça c’était avant que le réalisateur Covid-19 ne vienne bouleverser nos vies, avec notamment pour cible l’industrie toute entière du cinéma.
Ouverture et fermeture : les va-et-vient des salles de cinéma
Quand la première vague du coronavirus a commencé à devenir hors de contrôle à l’échelle planétaire, les pays, comme le Royaume-Uni et la France, ont décidé de confiner, plus ou moins strictement, leurs populations afin de freiner la propagation de la maladie. Peine perdue, les vagues et restrictions se suivent et se ressemblent, avec l’ouverture puis la fermeture suivie de la réouverture puis de la nouvelle fermeture des salles de cinéma. Nous, spectateurs et l’ensemble de l’industrie cinématographique, nous retrouvons vite perdus au milieu des restrictions et de leurs changements répétés.
Malgré cela, les salles de cinéma ont tout essayé pour rester ouvertes. De multiples réponses aux mesures de distanciation sociale demandées par les gouvernements ont tenté d’être trouvées et appliquées. L’obligation de porter un masque pendant les séances, une place d’écart entre les spectateurs, l’arrêt de la vente de boissons et snacks : les exploitants ont tenté de composer avec l’affligeante conjoncture. Des actions souvent coûteuses et mises en place en vain, les gouvernements décidant toujours au final de fermer les salles de cinéma du jour au lendemain, sans communiquer de données précises quant aux risques potentiels que représentent ces établissements.
La crise n’épargne personne dans le monde du cinéma, sauf Tenet ?
Toute l’industrie du cinéma est touchée par cette crise : les gérants de salles, les réalisateurs, producteurs, acteurs, mais aussi les YouTubeurs et critiques. Ces derniers ont dû réinventer leur contenu pour continuer de produire via des vidéos ou articles directement adressés auprès de leurs abonnés et lecteurs malgré l’absence de nouveaux films à l’affiche, qui couvraient l’immense majorité de leur travail. Revue sur des séries, long métrages disponibles sur les plateformes de streaming, retour sur des œuvres sorties avant le coronavirus : les nouveaux formats se sont multipliés sur YouTube et dans la presse. Une bonne occasion de se familiariser avec des nouveaux films.
Mais au milieu de ce chaos, nous sommes quand même parvenus à nous mettre quelque chose sous la dent cet été avec Tenet. Comme un ovni au-dessus de la mêlée, le dernier film de Christopher Nolan est finalement sorti sur grand écran. Même si la complexité du long métrage a poussé beaucoup de spectateurs à devoir le voir plusieurs fois pour comprendre tous les tenants et aboutissants, Christopher Nolan a déclaré dans une interview au Los Angeles Times : “J’ai peur que les studios n’en tirent de mauvaises conclusions. Au lieu de se concentrer là où le film avait bien marché et sur la façon dont cela pouvait générer des revenus dont ils avaient tant besoin, ils se sont focalisés sur le fait que les résultats n’étaient pas à la hauteur des attentes d’avant le Covid. En tenant les salles de cinéma pour responsables de toutes les pertes liées à la pandémie”.
Une année sans Marvel : une aubaine pour le cinéma indépendant ?
En effet, Tenet est le seul blockbuster à s'être risqué à une sortie en salles au milieu de la pandémie. Cette année 2020 a ainsi été marquée par l’absence de films Marvel sur grand écran. Après le tant attendu et préparé Avengers : Endgame en 2019, la société de production n’a finalement sorti aucun film de sa franchise cette année. Une légère aubaine pour le cinéma indépendant, mais surtout un pont d’or pour les plateformes de streaming.
Pendant les rares périodes de l’année 2020 durant lesquelles les cinémas ont été autorisés à ouvrir, la plupart des films à l’affiche étaient des longs métrages indépendants. L’opportunité pour eux de conquérir un nouveau public par l’intermédiaire de ces amoureux de salles sombres, qui par passion ou pour les soutenir, se sont laissés tenter par ces films. Le drame britannique Rocks, Drunk le long métrage danois déjà récompensé plusieurs fois, Été 85 le film français touchant, ont su faire battre nos cœurs cette année. Toutefois, les plateformes de streaming semblent être les grandes gagnantes de cette situation. Suite de cette chronique demain dans la deuxième et dernière partie de notre analyse.
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