Édition internationale

De Montréal à Ottawa, le RIMF tisse les fils d’une Francophonie vivante

La semaine dernière, ont eu lieu les Rencontres d'automne et l’Assemblée Générale du Réseau international des Maisons des Francophonies (RIMF). Co-organisées par Bertrand de Pétigny et Marcel Morin, coprésident Amériques du RIMF, c’est une première en présentiel depuis quatre ans. L’occasion pour certains délégués de se revoir, et pour beaucoup, de se rencontrer. Du cocktail de bienvenue à l’Union Française, à la réception donnée à l’Hôtel de Ville de Montréal, en passant par la visite de la Maison de la Francophonie à Ottawa, trois jours intenses marqués par une seule et même envie, renforcer les liens entre les différentes Maisons de la Francophonie réparties sur quatre continents.

Christian Philip, Michel Robillard, Eliane NsomChristian Philip, Michel Robillard, Eliane Nsom
Les co-fondateurs du Réseau International des Maisons des Francophonies (RIMF) Christian Philip et Michel Robitaille et Eliane Nsom co-présidente Afrique - Photos Augustin Eychenne
Écrit par Augustin Eychenne
Publié le 21 septembre 2025, mis à jour le 25 septembre 2025

 

 

 

La Francophonie prend ses quartiers à Montréal et Ottawa


 

Il ne fallait pas meilleur endroit que l’Union Française de Montréal (UFM), lieu d’entraide, de rencontre et de partage pour donner le coup d’envoi de ces journées de la Francophonie. Un cocktail de bienvenue y a été préparé, sous le regard bienveillant de Yan Niesing, président de l’UFM.

Une fois les invités bien installés, Marcel Morin, directeur général de la Maison de la Francophonie d’Ottawa, a pris la parole en premier « remerciant chaleureusement Yan de nous faire confiance, et de nous accueillir dans ce magnifique écrin qu’est l’Union Française ».



 

Une diversité de pays et de cultures

Un par un, les différents présidents et présidentes des Maisons de la Francophonie sont venus se présenter au micro. Christian Philip, cofondateur du RIMF et président de la Maison de la Francophonie de Lyon, s’est courageusement lancé en premier. S’en est suivi Eliane Nsom, co-présidente Afrique du RIMF et présidente de la Maison de Yaoundé au Cameroun. La plus courageuse s’appelle Lucie Nauka, et ses 28 heures de vol depuis Port Vila, venue représenter le Vanuatu, où s’est ouverte la dernière née des Maisons, en juin dernier.

Les délégués de Marseille, Haïti et Hong Kong ont aussi répondu présent, quasiment tous les continents ont été mis à l’honneur. Sans oublier ceux qui font vivre la Francophonie au Québec, Benoît Kieffer (Francophonie Sans Frontière) ou Markendy Simon (CSF Montréal). 

Dans une atmosphère conviviale, presque amicale, poignées de main et éclats de rire ont marqué cette première soirée.



 

Carole Myre
Carole Myre a accueilli les délégués avec une présentation touchante. Photo Augustin Eychenne 

 

 

Maison d’Ottawa : une maison en milieu francophone minoritaire

Après un trajet en bus, durant lequel les représentants ont pu continuer à faire connaissance, la délégation internationale s’est installée, le temps de quelques heures, à la Maison de la Francophonie d’Ottawa, le siège du RIMF.

Dans un gymnase propre et moderne, aménagé pour l’occasion, l’après-midi a débuté par une intervention poignante de Carole Myre, directrice d’école dans le secondaire. Si elle a raconté l’histoire de la Francophonie en Ontario française avec passion, c’est son parcours personnel, souvent complexe, qui a bouleversé. « D'habitude j’essaie de ne pas pleurer, mais aujourd'hui je n’y arrive pas », confie-t-elle les larmes aux yeux. Une prise de parole qui a ému, accompagnée de chaleureux applaudissements.


 

Deux des espaces de la Maison d'Ottawa
Garderie et, à droite, le comptoir alimentaire - Photos Augustin Eychenne

 

Les délégués ont assisté à une visite de la Maison d’Ottawa, supervisée par le maître des lieux, Marcel Morin. Entre la garderie pour les enfants, et les salles de classe pour les lycéens, cet édifice met en lumière l’éducation et le savoir.

 

Michel Robitaille à la guitare

 

Une visite notamment marquée par la prestation musicale impromptue, à la guitare, de Michel Robitaille. Tout le monde a repris en chœur le titre de Gilbert Bécaud, « Quand il est mort le poète ». Une fibre artistique chez le cofondateur du RIMF que certains ne soupçonnaient pas, et qui a donné un performance improvisée, amusante et légère.

Un moment en contraste avec la cérémonie diplomatique qui a suivi. De Mark Sutcliffe, Maire d’Ottawa, à Edith Dumont, Lieutenante-Gouverneure de l’Ontario, en passant par Peter Hominuk, Directeur de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario, toutes les plus grandes personnalités ontariennes se sont exprimées, et ont participé à cette soirée.

 

Edith Dumont et Mark Sutcliffe.
Edith Dumont et Mark Sutcliffe. Photos Augustin Eychenne

 

Une journée entre culture et diplomatie


 

Makhena Rankin Guérin
Makhena Rankin Guérin, en pleine danse de cerceaux. Photo Augustin Eychenne

 

La soirée s’est achevée sur une touche plus poétique. A commencer par une danse de cerceaux de Makhena Rankin Guérin, membre de la Première Nation Abitibiwinni. « Je suis très attachée à mes racines autochtones algonquiennes. Les Algonquins sont un peuple qui vivent au sein du Québec et de l’Ontario, cette danse, c’est pour leur rendre hommage », explique-t-elle. Accompagnée par une musique intense et rythmée, Makhena a livré une représentation de presque dix minutes, haletante et captivante. Sans fausses notes, elle a conquis les nombreuses personnes présentes dans le gymnase.

Pour terminer, une démonstration aussi originale que surprenante de la chanteuse de gorge inuite, Qattuu, en duo avec Jessy Lindsay, interprète franco-ontarienne. Si le chant de gorge peut faire rire les premières minutes, il devient vite intriguant, voire fascinant.

 

 

Priscilla Ananian
Priscilla Ananian et, à droite, Chloé Fricout et Bonira Chan

 

L’UQAM s’engage pour la Francophonie

C’est dans les locaux de l’UQAM, Université du Québec à Montréal, au cœur du Quartier Latin, lieu emblématique de la francophonie montréalaise, qu’a débuté la troisième journée de ces Rencontres d'automne. La délégation internationale a participé à une séance orchestrée par la dynamique Noémie Dansereau-Lavoie, ex-commissaire à la langue française de la Ville de Montréal.

Priscilla Ananian, vice-rectrice associée à la relance du Quartier Latin, a accueilli les participants en précisant qu’il était important de « valoriser la langue française par le biais de nos activités, comme la participation à des événements interuniversitaires tels que le concours d’éloquence « Délie ta langue! », et nos activités en francisation ».

 

 

Consule générale adjointe
Camille Pauly

 

La Consule générale adjointe de France à Québec, Camille Pauly, a aussi pris la parole pour aborder l’avenir du français au Québec et au Canada. « A l’ère des grandes plateformes numériques et de l’IA, les défis pour l’espace francophone sont immenses, et nous devons maintenir le cap, plus que jamais », a-t-elle exprimé avec détermination.

 

Seynabou Amy Ka et Aurélie Arnaud
Seynabou Amy Ka et Aurélie Arnaud. Photo Augustin Eychenne

 

Ville de Montréal a été mise en lumière par les interventions d’Aurélie Arnaud, directrice du Bureau de la langue française, et de Seynabou Amy Ka, conseillère en relations internationales. Toutes deux ont rappelé, chacune à leur manière, l’importance pour Montréal de conjuguer action locale et rayonnement international dans la promotion de la Francophonie.


 

Benoît Dubreuil et Hervé Prince.
Benoît Dubreuil et Hervé Prince. Photos Augustin Eychenne

 

Une matinée pendant laquelle plusieurs figures de la Francophonie sont intervenues, Benoît Dubreuil, Commissaire à la langue française du Québec, Aude Aprahamian, Directrice du bureau de Québec de la FCFA, ou encore Hervé Prince, Directeur de l’Observatoire de la Francophonie économique, qui n’a pas mâché ses mots en appelant à un réveil face aux défis économiques et sociaux que la Francophonie doit relever pour rester un acteur mondial influent. Des interventions qui ont suscité certaines questions et débats de la part des délégués.

L'implication de la délégation du Cambodge, menée par Bonira Chan, Directeur du Département de la Francophonie du ministère cambodgien aux Affaires étrangères, n’est pas un simple hasard. Elle était présente pour comprendre l’objectif des Maisons de la Francophonie afin d’en établir une au Cambodge d’ici le prochain Sommet, en novembre 2026, « pour tous vous accueillir l’année prochaine », a confié Bonira Chan, le sourire aux lèvres.

En début d’après-midi, l’un des moments les plus importants de la journée s’est produit. Dans une salle silencieuse et attentive, a pris place le passage de flambeau entre la France, pays hôte du Sommet de la Francophonie en 2024, et le Cambodge, pays hôte du futur Sommet, avec la remise symbolique du drapeau de la Francophonie. Deux nations portées par Chloé Fricout, Attachée culturelle du Consulat général de France à Québec, et Bonira Chan.

Sept projets ont été présentés, et ont conclu un après-midi déjà bien chargé. Du Volcage de Corentin Gendry, à l’application québécoise Classavatar, facilitant la gestion des classes pour les enseignants, présidée par Isabelle Lemieux, tous ont pour ambition d’être internationalisés et repris par les Maisons qui le désirent.

 

Montréal ouvre ses portes à la Francophonie citoyenne

 

 

Ericka Alneus entouré de Christian Philip et Michel Robitaille les co-fondateurs du RIMF
Ericka Alneus entouré de Christian Philip et Michel Robitaille les co-fondateurs du RIMF - Photo 
Ville de Montréal / Marie-Ève Trahan-André.


 

Montréal : un vecteur de la Francophonie

En début de soirée, les membres de l’Assemblée générale du RIMF ont été reçus officiellement à l’Hôtel de Ville, où Ericka Alneus, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, a ouvert la rencontre en rendant hommage à la langue française.

Christian Philip a ensuite exprimé « l’envie de rendre la Francophonie accessible à tous les citoyens », avant que les invités ne poursuivent la soirée autour d’un buffet cambodgien préparé à l’Alliance Française de Montréal — clin d’œil savoureux au XXe Sommet de la Francophonie qui se tiendra l’an prochain à Siem Reap.

Et si, comme l’a rappelé Michel Robitaille, c’est bien à Montréal qu’est née l’idée du RIMF, la métropole québécoise n’a toujours pas sa propre Maison de la Francophonie. La question reste posée : pour bientôt ?

 

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