Il s’appelle Corentin, il vient de la Mayenne, et à 31 ans, il a déjà un parcours à faire pâlir bien des start-uppers. Après avoir fondé à Paris la société Néosport, qui fait découvrir des sports méconnus dans les écoles et les entreprises, il invente en France le Volcage, un sport de lancer d’anneaux dans un cône inspiré du frisbee et du spikeball. Désormais installé à Montréal, il poursuit son aventure en développant et en diffusant ce sport accessible, transportable et intergénérationnel, qui séduit écoles, distributeurs et médias. Mais derrière cette réussite, se cache un parcours de passion, de doutes et de convictions. Rencontre avec un créateur hors du commun.


Né en Mayenne, formé à Nantes, puis installé neuf ans à Paris, Corentin Gendry a toujours eu le sport dans la peau. « J’ai été éducateur sportif, j’animais des séances dans des écoles du 93, à Drancy, La Courneuve… puis j’ai voulu créer quelque chose qui me ressemble, qui ouvre à d’autres cultures. » C’est ainsi que naît Néosport, une société proposant aux entreprises et aux établissements scolaires des activités inspirées de jeux traditionnels du monde entier.
« Je voulais sortir du carcan foot-basket, proposer autre chose, décloisonner. »
Mais après neuf ans à Paris, l’envie d’ailleurs le tenaille. NeoSport fonctionne bien, l’équipe est en place, les écoles partenaires sont fidèles : Corentin peut envisager de s’éloigner sans mettre son projet en péril. Il choisit Montréal, où il rejoint son frère et ses amis. « Je connaissais la vibe, j’étais venu plusieurs fois. Et ici, on sent une vraie ouverture à l’expérimentation, surtout dans le sport. » Un projet de duplication de Néosport Canada est en marche… quand la pandémie frappe.
De l’immobilité est né le mouvement
Pendant le confinement, tout s’arrête. Plus de cours, plus d’activités, plus d’interactions. « J’envoyais des fiches d’exercices aux enfants, mais je sentais que je tournais en rond. C’est là que j’ai eu un déclic : et si, au lieu de piocher des sports ailleurs, j’en inventais un ? » Une feuille, un crayon, quelques idées, et une ambition : inventer un jeu simple, collectif, fun, qui tienne dans un sac à dos et s’installe partout.
Le prototype est artisanal : un tabouret retourné, un sac poubelle en guise de cible, et des amis motivés. « On a rigolé comme des gosses, mais j’ai senti qu’il se passait quelque chose. Le geste du lancer, la dynamique de groupe… ça tenait la route. » Corentin affine le concept, fait appel à un ami menuisier pour construire une version en bois, puis à une start-up parisienne pour concevoir une version démontable, solide, légère : le Volcage est né.
Un volcan prêt à entrer en éruption
C’est un cône orange en forme de dôme, un anneau qui vole, des règles simples, et un nom qui évoque la lave, l’élan, l’explosion : Volcage. Le terrain peut être une plage, une prairie ou une cour d’école. Le jeu se monte en deux minutes, et se joue à 3 contre 3, avec des variantes pour les enfants, les adultes, les personnes plus âgées ou même les tout-petits.
Une première production voit le jour grâce au financement participatif. TF1, France 3 et des enseignants de la Mayenne s’y intéressent. Puis un groupe belge, Megaform, signe un contrat d’exclusivité pour l’Europe. Au Canada, c’est CatSports, basé à Boucherville, qui prend la relève. « Je suis resté propriétaire intellectuel du sport. Je touche des royalties, mais je me concentre aujourd’hui sur la promotion, pas sur la distribution. »

Un sport accessible… dans tous les sens du terme
Pensé pour être nomade, intergénérationnel et simple à mettre en place, le Volcage a aussi été conçu pour rester abordable. « Je voulais qu’une école, une association ou même une famille puisse s’offrir un kit sans exploser son budget », explique Corentin. Vendu autour de 120 dollars canadiens, le kit complet tient dans un sac compact, se monte en deux minutes, et permet de jouer partout — sur l’herbe, le sable ou même en intérieur. Ce n’est pas un détail : dans bien des quartiers ou établissements à faibles ressources, le prix et la facilité logistique sont souvent les principaux obstacles à l’innovation sportive.
Entrepreneuriat francophone et pédagogie nomade
Aujourd’hui, Corentin jongle entre Néosport Canada, qu’il structure patiemment à l’image de sa sœur aînée française, et la promotion du Volcage. Il commence tout juste à s’implanter dans les écoles québécoises, grâce à un partenariat avec le RSEQ (Réseau du sport étudiant du Québec). Il prévoit aussi des événements, des compétitions, et rêve d’une version nocturne du Volcage avec des anneaux phosphorescents, voire d’un Volcage aquatique.
Pour accélérer cette phase, il a rejoint l’incubateur MontX, spécialisé dans les sports de plein air. « Ils m’aident à comprendre le marché nord-américain, à structurer mes actions, à ouvrir les bonnes portes. C’est un vrai appui stratégique. »
Le Volcage, un sport né francophone… destiné au monde ?
Ce qui frappe chez Corentin Gendry, c’est l’humilité tranquille avec laquelle il évoque ses défis. « Ce ne sont pas des problèmes, ce sont des étapes. » De la production éclatée dans trois fuseaux horaires aux ajustements techniques de l’anneau (trop léger, trop dur, pas assez stable…), il a tout affronté sans jamais renoncer.
Et demain ? Il rêve de créer un laboratoire de sport, pour inventer de nouvelles disciplines, les tester dans les écoles, et les diffuser à l’échelle internationale.
« Le Volcage n’est qu’un début. J’aimerais en créer d’autres, explorer d’autres gestes, d’autres formes de jeu collectif. »
Un jeu simple, une portée mondiale
Le Volcage n’est pas un gadget, ni une mode passagère : c’est un projet porté par un homme qui croit que le sport peut rassembler, ouvrir les horizons et faire parler une langue commune — celle du mouvement. Après l’Europe et le Québec, qui sera le prochain à se laisser prendre au jeu ? L’Asie ? L’Afrique ? Ou peut-être… votre quartier ?
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